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Au Tchad, le Parlement se rajeunit et se féminise

3 février 2025

Au Tchad, une loi impose notamment le respect de la parité hommes-femmes sur les listes électorales et a permis l'arrivée de nombreuses députées au Parlement.

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La ministre Amina Priscille Longoh
Le MPS au pouvoir a gagné plus de sièges au Parlement que les autres partis politiquesImage : Facebook.com/Amina Priscille Longoh

Mais Yamingué Bétinbaye, analyste politique et chercheur senior au Centre de recherche en anthropologie et sciences humaines de N'Djaména, estime qu'il faut faire la différence entre les femmes qui ont été élues sur la base de la parité et les jeunes qui ont rejoint le parti au pouvoir pour être élus députés. Lisez, ci-dessous, notre entretien. 

DW : Au Tchad, les résultats définitifs des élections législatives laissent entrevoir un  rajeunissement de l'Assemblée nationale, avec de plus en plus de députés jeunes et de plus en plus de femmes. C’est inédit non ?

Yamingué Betinbaye : Sur la forme, les résultats présagent plutôt une Assemblée nationale équilibrée sur le plan genre, bien entendu, avec beaucoup de jeunes, beaucoup de femmes. Et la proportion des femmes, effectivement, est totalement inédite.

Mais si on remonte à la première législature de l'ère démocratique, il y avait aussi peut être autant de jeunes. Donc la jeunesse de l'Assemblée est peut-être moins une innovation que la proportion importante des femmes.

Ce qu'il faudrait aussi relever sur le profil de cette nouvelle assemblée, c'est que, contrairement à toutes les législatures qu'on aura connu jusqu'à présent, ce sera une Assemblée nationale totalement dominée par une seule voix, une seule formation politique. Donc le Mouvement patriotique du salut et ses alliés, qui raflent pratiquement la totalité des sièges dans cette assemblée.

"La jeunesse de l'Asemblée nationale est moins innovante"

DW : Et lorsqu'on sait que le MPS est largement majoritaire, qu'est-ce que cette représentativité des jeunes et des femmes au sein du Parlement cela change ?

Yamingué Betinbaye : C'est plutôt le parti au pouvoir qui gagne parce que le MPS a réussi à montrer qu'il est un parti peut être finissant avec des cadres, des acteurs politiques majeurs qu'on a connus, mais un parti aussi qui réussit finalement à apporter du sang neuf.

DW : La rentrée massive des femmes, surtout jeunes, au Parlement, a été rendue possible grâce à une loi qui impose désormais le respect de la parité hommes et femmes sur les listes électorales. C'est une progression spectaculaire, pour contribuer à faire baisser, par exemple, les violences faites aux femmes ou tout simplement réduire les nombreuses violations des droits et libertés fondamentaux, non ?

Yamingué Betinbaye : Oui, la législation électorale, cette fois-ci, est particulièrement à saluer sur cet aspect, parce que ça a permis d'avoir une proportion élevée de femmes, notamment à l'Assemblée nationale et sûrement au Sénat.

En ce qui concerne les jeunes, c'est un peu différent. C'est davantage un opportunisme du côté des jeunes parce que beaucoup d’entre eux qui ont réussi à se faire élire sous la bannière du MPS venaient des organisations de la société civile ou des médias qui avaient pu intégrer le Conseil national de transition à ce titre, mais qui, au gré du fonctionnement du Conseil national de la transition, ont pu, par opportunisme, se rapprocher et s'accrocher au MPP, sachant que c'était le parti qui allait tirer le meilleur parti des élections.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent