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Au Tchad, offensive de charme pour un dialogue inclusif

Blaise Dariustone
22 août 2022

Le dialogue national au Tchad est boycotté par certains acteurs importants. Une offensive vise à les convaincre pour rendre le dialogue vraiment inclusif.

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Le président du CMT Mahamat Idriss Déby et d'autres militaires sur une tribune officielle le jour de lancement du dialogue national
En 1993, Idriss Déby, arrivé trois ans plus tôt au pouvoir par les armes, lançait une conférence nationale souveraine pour mettre en place les institutions de l'État après une période de transitionImage : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

Les Nations unies et l'Union africaine appellent à plus d'inclusivité du dialogue national qui s'est ouvert ce samedi (20.08.2022) à N'Djamena. Ce dialogue devait durer trois semaines et regroupe environ 1.400 représentants des composantes de la nation tchadienne sous la présidence de la junte militaire.

Organisé plus d'un an après le décès de l'ancien président Idriss Déby, ce dialogue est censé aboutir à l'organisation d'élections libres et transparentes afin de remettre le pouvoir aux civils.

Mais aussitôt ouverts, les travaux ont été suspendus pour reprendre ce mardi (23.08.2022), le temps de convaincre certains absents de rejoindre la table des discussions.

Pression pour plus d'inclusion

La statue de la réconciliation montre deux hommes qui se donnent une accolade, symbolisant la paix
Le chef du CMT a envisagé une prolongation de 18 mois de la transitionImage : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

L'idée d'échanger avec les acteurs qui boycottent le dialogue est soutenue notamment par le représentant du secrétaire général des Nations unies auprès de l'Union africaine, le gabonais Parfait Onanga-Anyanga, et le président de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. 

>>> Lire aussi : Opinion : qu'attendre du dialogue national au Tchad ?

Ceux-ci ont exhorté les autorités de la transition à tout faire pour impliquer les acteurs qui refusent jusqu'ici de coopérer. Les deux diplomates ont également appelé les mécontents à faire un pas en avant, pour s'inscrire dans la logique d'inclusion et de réconciliation.

Parmi les absents au dialogue, il y a Abakar Tollimi, le président du Conseil national de la résistance pour la démocratie (CNRD) et membre du Conseil de concertation et de réflexion (CPCR) créé à Doha au Qatar. Selon lui, c'est la surreprésentation des participants proches de la junte militaire qui pose problème.

"Parmi les participants, il y a à peu près 1.200 et même plus qui sont des partisans du Conseil militaire de transition (CMT) ainsi que du parti MPS (ancien parti au pouvoir) et ses alliés. Alors, s'il faut venir pour applaudir, nous ne sommes pas preneurs. Moi je pense que la balle est dans leur camp. D'ailleurs nous avons dit à Doha que nous restions ouverts et disponibles au dialogue à tout moment", confie-t-il à la DW.

Succès Masra : "Ce que nous demandons, c'est la parité"

Les exigences du parti "Les transformateurs"

L'opposant Succès Masra, président du parti Les Transformateurs boycotte également les travaux du dialogue national tchadien. Tout en se disant ouvert, il exige la mise sur pied d'un comité paritaire d'organisation de ce dialogue. 

"Nous restons très disponibles. Ce que nous demandons c'est une parité des gens qui pourront demain avoir la possibilité d'influencer les décisions. Et ce, de manière à ce que nous ayons des vrais débats avec des délégués choisis dans les deux camps qui vont débattre de tous les problèmes politiques majeurs qui ont été des soucis dans ce pays. Ce sera le dialogue du peuple dans lequel il y aura la parité, l'égalité et la justice. Les membres du Conseil militaire de transition, s'ils ne respectent pas leurs engagements ils ne méritent aucune bienveillance", prévient le jeune politicien tchadien.

Le leader du mouvement rebelle, le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (Fact), Mahamat Ali Mahadi, dont l'insurrection en avril 2020 sur le territoire tchadien avait entraîné la mort du président Déby, a indiqué que sa participation n'était pas à l'ordre du jour. Dans un message à la DW, il indique vouloir suivre l'évolution des discussions avant de donner suite à cet appel de la communauté internationale. Idem pour la plateforme de l'opposition Wakit-Tama.