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Le désarmement au centre des préoccupations au Tchad

Blaise Dariustone
23 août 2022

L'accord de Doha prévoit le désarmement et le cantonnement des rebelles mais plusieurs groupes n'ont ni combattants ni armes.

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La statue de la paix et de la réconciliation à N'Djamena
Pas de réconciliation sans désarmement au TchadImage : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

Au Tchad, plus de deux semaines après la signature de l'accord de paix entre la junte militaire et les politico-militaires à Doha, au Qatar, la question du désarmement est au centre du dialogue national qui vient de s'ouvrir. Si ce processus est prévu dans l'accord de Doha, sa mise en œuvre semble encore incertaine et pour cause : les mouvements rebelles signataires ne sont pas ceux qui possèdent le plus d'hommes et d'armements.

Cessez-le-feu et DDR

Cet accord de paix prévoit un cessez-le-feu général, la mise en place d'un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion. Mais aussi, l'adoption et l'application d'une loi d'amnistie ainsi que la libération réciproque des prisonniers de guerre.

Cependant, plus de deux semaines après, le processus de désarmement n'a toujours pas été entamé. Les leaders des mouvements rebelles signataires se sont contentés de revenir au Tchad pour prendre part au dialogue national, tout en conservant leurs troupes et équipement militaires intacts.

Mahamat Idriss Deby fait le salut militaire lors de l'ouverture du dialogue national tchadien
Le régime de Mahamat Idriss Deby devra créer les condition de mise en application de l'accord de DohaImage : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

Tout dépend des conditions 

Pour Roland Marchal, chercheur à Sciences-Po Paris et spécialisé dans les guerres civiles en Afrique, l'application de cet accord dépend des conclusions du dialogue national inclusif.

"Ce que beaucoup d'experts soutiennent, estime Roland Marchal, c'est que dans les semaines qui viennent certains dirigeants rebelles qui sont rentrés repartiront en exil. Les cadres de leurs mouvements et une partie des troupes risquent également de repartir à cause du mécontentement lié aux conclusions des assises. Donc il faudrait, au-delà de la signature de l'accord, être extrêmement attentif sur les conditions de sa mise en œuvre tant au niveau national qu'international, de façon à susciter un mouvement de raison chez ceux qui, à un moment ou un autre, voudrait remettre en cause l'accord.''

Portait de Timan Erdimi, chef du mouvement rebelle de l'UFR
Timan Erdimi, chef du mouvement rebelle de l'UFR, est rentré au pays en août 2022 après 17 années d'exilImage : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

"Anciennes forfaitures"

Mais la plupart des groupes armés signataires de cet accord restent des mouvements peu actifs dont certains n'ont ni soldats ni armements.

Max Kemkoye, le président de l'Union pour la démocratie et le progrès, un parti opposé à la transitionmilitaire, estime que "de la quarantaine de ces mouvements armés qui ont signé cet accord, 99% n'ont ni troupes ni armes. Alors il faut cantonner lesquels ? Démobiliser et réinsérer lesquels ?"

Max Kemkoye s'interroge : "Va-t-on peut-être rééditer les anciennes forfaitures qui consistent à aller en rébellion, opérer un ralliement, ensuite aligner les neveux, nièces ou oncles, etc... comme rebelles pour les intégrer à la fonction publique ou leur faire bénéficier des millions dans le cadre de la réinsertion ? Non, cette pratique-là, il faut que ça s'arrête. Le FMI et la Banque mondiale se doivent d'être regardants là-dessus."

Et le FACT?

Si la majorité des groupes armés signataire de cet accord n'ont ni troupes, ni armes sur le terrain, le plus important d'entre eux, le Front pour l'alternance pour la concorde au Tchad, qui avait mené le raid au cours duquel Idriss Déby avait été tué fin avril 2020, n'a pas signé l'accord de Doha. 

Il n'est pas donc pas lié par l'impératif de désarmement et refuse de participer au dialogue national dont les travaux ont démarré samedi dernier à N'Djamena.