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Au Sénégal, une usine de farine de poisson devant la justice

22 septembre 2022

Le Collectif Taxawu Cayar réclame à la justice sénégalaise de fermer l'usine de farine de poisson Touba Protéine Marine. Il est soutenu par Greenpeace dans sa démarche.

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Des membres du Collectif Taxawu Cayar protestent
Le Collectif Taxawu Cayar peut compter sur le soutien de GreenpeaceImage : Greenpeace Africa

Au Sénégal, le Collectif Taxawu Cayar était au Tribunal de grande instance de Thiès ce matin. Celui-ci réclame la fermeture de l'usine de farine et d'huile de poisson installée dans la localité depuis 2018.

Le collectif, composé de représentants de la population, de pêcheurs et de femmes transformatrices de poisson, déplore une dégradation de leur cadre de vie et un impact négatif sur leurs activités économiques.

Dans ce combat, ils sont accompagnés par Greenpeace Sénégal. Une plainte a en effet été déposée le 19 septembre dernier mais l'audience qui devait se tenir ce jeudi a été renvoyée au 6 octobre prochain. 

Marché au poisson de Mbour: des gens sont dans l'eau avec, pour certains, des corbeilles sur la tête (illustration)
Les activités de l'usine de farine de poisson nuisent à l'environnnement et à la qualité de vie des riverains, selon les plaignantsImage : picture alliance/africamediaonline

"Une usine qui pollue"

Après la marche du 20 août dernier à Cayar, cette action en justice est la deuxième étape pour le collectif Taxawu Cayar dans sa mobilisation pour la fermeture de l'usine de farine et d'huile de poisson Touba Protéine Marine, anciennement Barna Sénégal, qui est installée dans la localité depuis 2018. 

Cette usine serait, selon le collectif, à l'origine de tous les problèmes environnementaux, sanitaires et économiques des habitants de Cayar.

Ale Sy est le président du collectif Taxawu Cayar. Il estime qu'il s'agit d'"un problème cayarois puisque pendant la campagne, ils seront plus de 1.000 mareyeurs et autres qui risquent de tout perdre car ils n’auront plus de poissons à amener dans les autres localités du pays comme Touba et Diourbel".

Le militant estime que les habitants n'ont "pas besoin d’une usine qui pollue, d’une usine qui (...) cause tous ces dégâts". Pour preuve de ses dires, il évoque les patients du dispensaire de Cayar : "les gens souffrent de toutes sorte de maladies, des problèmes respiratoires, des problèmes de ventre, des maladies qui n’existaient pas à Cayar avant."

Maître Bathily, avocat du collectif Taxawu Cayar, devant la presse, au sortir du tribunal
Maître Bathily, avocat du collectif Taxawu Cayar, espère obtenir gain de causeImage : Greenpeace Africa

Soutien de Greenpeace

Dans cette lutte, Taxawu Cayar est soutenu par Greenpeace. Son représentant mais aussi l'avocat du collectif se disent confiants quant à l'issue de cette assignation en justice. 

Ablaye Ndiaye et maître Demba Ciré Bathily sont respectivement chargé de campagne Océans de Greenpeace Sénégal et avocat du collectif Taxawu Cayar .

Cruciale sardinelle

Ablaye Ndiaye explique qu'il soutient la lutte des habitants de Cayar "parce que [l'activité de l'usine] détruit principalement le métier des femmes transformatrices de poissons mais ce n’est pas une méthode d’exploitation qui soit durable pour les populations et les communautés sénégalaises".

Selon lui, "les usines de transformation de poissons utilisent la sardinelle pour la fabrication de la farine et de l’huile de poisson" alors que cette même sardinelle est la principale source de revenus de nombreux Sénégalais. "C’est pourquoi Greenpeace dit qu’il faut protéger la sécurité alimentaire des populations d’Afrique de l’Ouest parce que beaucoup de pays autour du Sénégal vivent du poisson pêché au Sénégal", explique-t-il au micro de la DW. 

Avec l'arrivée de cette usine à Cayar, ce sont près de 300 femmes transformatrices de poissons qui ont été obligées d'arrêter leurs activités. S'y ajoute la dégradation du cadre de vie des populations. 

L'avocat Bathily a raconté au terme de l'audience que les avocats du propriétaire de l’usine ont réclamé un renvoi : "Nous vous donnons rendez-vous donc le 6 octobre pour que ce dossier soit plaidé et que nos griefs soient présentés devant une juridiction et nous espérons qu’à l’issue une décision sera prise, celle de la fermeture de cette usine".  

L’avocat de Touba Protéine Marine a pour sa part rejeté les accusations du collectif. Selon maître Boubacar Cissé, l’usine ne constitue aucun danger environnemental pour Cayar.