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Soudan : enjeux économiques d'une partition

7 janvier 2011

Le 9 janvier, les Sud-Soudanais se prononceront vraisemblablement en faveur de l'indépendance. Une décision cruciale non seulement pour la paix, mais aussi pour le développement économique du Soudan, du nord comme du sud

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Le référendum d'auto-détermination du Sud Soudan débutera le 9 janvierImage : picture alliance/dpa

Près de 4 millions de personnes se sont inscrites sur les listes électorales, et si le taux de participation reste la grande inconnue du scrutin, la victoire de la sécession semble probable. Le Nord et le Sud sont étroitement dépendants l'un de l'autre : le Sud possède le pétrole, tandis que le Nord dispose des raffineries, des pipelines et du port. Une collaboration est-elle possible ? Que signifierait une partition économique du Soudan ?

Öl Industrie Afrika Nigerianische Arbeiter der Akon Oil Company
Le pétrole, source de revenus non négligeable pour KhartoumImage : picture alliance/dpa

Ce n'est pas pour rien que l'autre nom du pétrole est l'or noir. Le brut représente pour l'heure la moitié du budget soudanais et représente 90% des exportations du Soudan. C'est sa première source de devises étrangères. Perdre le Sud pour Khartoum, cela signifie avant tout perdre des revenus. Abda Yahia Abdul Rahman Al Mahdi estime cependant qu'il est dans l'intérêt des deux régions de trouver un consensus sur la question. Ancienne ministre des Finances, elle est aujourd'hui à la tête du bureau de consultants UNICONS

„Cela m'étonnerait beaucoup que les deux partis ne trouvent pas d'accord. Le nord a besoin du pétrole et le sud a besoin des infrastructures. A mon avis, une fois la partition établie, un accord de répartition sera indispensable. L'alternative serait déplorable : une guerre n'est pas impossible"

Wahl im Sudan
Le référendum est un enjeu de taille pour le président Omar el BéchirImage : AP

Le spectre de la guerre civile

Malgré les assurances du président soudanais Omar el Béchir, difficile de dire si la création éventuelle d'un nouveau pays se déroulera pacifiquement. Pour rappel, la dernière guerre civile n'a pris fin qu'en 2005. Après 20 ans de conflit et environ deux millions de morts. Dans l'hypothèse où tout se passerait bien, la partition du Sud reste une épine dans le pied du Nord, comme l'exlique Adel Abdelaziz, expert au Centre International d'études africaines, basé à Khartoum

"D'un point de vue économique, la division du pays présente, à n'en pas douter, des inconvénients : en se détachant, le quart de la surface du Soudan emporte avec lui toutes ses réserves naturelles, celles qui ont été découvertes et celles qui sont encore cachées. La division implique également une réduction d'un quart environ de la population. Cela représente un potentiel de main d'œuvre important. Or, on sait à quel point la puissance d'un pays dépend de ses réserves naturelles et de sa main d'œuvre."

Khartoum a déjà prévu de miser davantage sur la production agricole et a même déjà réussi à déclencher l'intérêt des investisseurs étrangers à ce sujet. Il n'en reste pas moins que le Nord du Soudan a plus à perdre que le Sud, qui, de toute façon, a toujours été désavantagé. Quelque soit l'issue du référendum, une chose est sûre : le pétrole du Sud continuera de couler dans les pipelines du Nord et si deux pays il y a, ils resteront profondément dépendants l'un de l'autre, sur le plan économique.

Auteur : Lina Hoffmann, Konstanze von Kotze
Edition : Sébastien Martineau, Cécile Leclerc


Quelles seront les conséquences d'une sécession sur le travail des ONG? Réponse ci-dessous de notre correspondante à Berlin, Audrey Parmentier