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Sommet sous les nuages

17 décembre 2010

Les chefs d’Etats et de gouvernements européens se sont retrouvés jeudi et vendredi pour un Sommet en pleine crise de la zone euro. Les divergences sont grandes entre les pays sur la manière d'endiguer la crise.

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Les positions de la chancelière Angela Merkel ont été très critiquées durant cette crise de l'euro
Les positions de la chancelière Angela Merkel ont été très critiquées durant cette crise de l'euroImage : AP

Le président Hermann van Rompuy a fait un énorme travail d’élagage avant le début du Sommet car il n’était pas question de laisser la porte ouverte à tous les thèmes. Les Britanniques ont donc été priés de reporter à 2011 leurs réclamations sur une baisse du budget européen. Le sommet devait avant tout être consacré au sauvetage de la monnaie unique. Pour cela, les 27 ont donc comme prévu pérennisé, au-delà de 2013, le Fonds de stabilité financière qui a déjà permis de venir en aide à la Grèce et à l'Irlande. L’Europe montre donc qu’elle ne « laissera tomber personne » selon les termes de la chancelière Angela Merkel.

Mais la chancelière allemande a été critiquée pour son manque d’esprit européen dans cette crise. Si celle-ci joue les « Madame Non » depuis plusieurs mois c’est parce que Berlin refuse de payer pour les états dépensiers et souhaite imposer à l'Europe sa conception de l'orthodoxie budgétaire. Mais cette attitude « donneuse de leçons » est mal vécue par ses partenaires. L'Allemagne se retrouve sous le feu des critiques, on accuse la chancellerie de réactions égoïstes, au détriment d'une vision européenne. Le débat est d’ailleurs particulièrement vif en Allemagne : l’opposition accuse la chancelière de brader la vocation européenne de l’Allemagne pour des raisons de politique intérieure.

L'ancien ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, à la tribune du Bundestag mercredi
L'ancien ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, à la tribune du Bundestag mercrediImage : picture-alliance/dpa

Steinmeier favorable aux eurobonds

La question des eurobonds illustre ce conflit. Les eurobonds, ou euro-obligations, sont des emprunts d’Etats qui, communautarisés, permettraient de réduire les taux d'intérêts que subissent les pays les plus endettés. Berlin ne veut pas entendre parler. Mais dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier, et l’ancien ministre des Finances, Peer Steinbrück, se sont déclarés favorable aux eurobonds. Ainsi qu’à une meilleure harmonisation politique.

« Conformément à ce que nous avons publié récemment, Peer Steinbrück et moi-même, il faut premièrement que nous soyons prêts pour ce que nous appelons le Hair cut », a expliqué Franck-Walter Steinmeier à la chaine de télévision allemande ZDF. « C’est-à-dire que les créanciers privés doivent aussi payer pour les dettes des Etats afin que ce ne soit pas uniquement à la charge des contribuables. Deuxièmement, je pense que nous avons besoin dans une telle situation d’un geste fort de solidarité européenne afin de rassurer les marchés. Et cela peut passer par une augmentation du Fonds de stabilité financière. Troisièmement enfin, et ceci est un point que madame Merkel et le gouvernement refusent : nous avons besoin d’un pas supplémentaire en direction d’une politique européenne afin de corriger un défaut de naissance de l’Europe qui est l’absence d’union politique. Nous devons faire en sorte de mieux harmoniser les politiques économiques et fiscales sinon nous n’aurons pas tous les outils nécessaires pour résoudre la crise – même pas avec les eurobonds dont je n’exclue néanmoins pas l’utilité.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy le 10 décembre à Fribourg lors du sommet franco-allemand
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy le 10 décembre à Fribourg lors du sommet franco-allemandImage : picture alliance/dpa

Image brouillée en Europe

L’Allemagne n’est pas coutumière du fait de donner une image d’elle-même aussi impopulaire en Europe où Berlin avait habitué ses partenaires à une conviction communautaire plus ancrée. Cette semaine, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se félicitait à demi-mots du fait que la crise « bénéficiait plus à Berlin qu’à Paris » et qu’entre les deux capitales, le rapport de forces était en train de s’inverser. En France, le quotidien La Croix s’interrogeait pour sa part sur « les positions intransigeants de la chancelière qui ont brouillé l’image du pays. »

Finalement, le problème est sans doute moins sur le fond que sur la forme. Le gouvernement allemand pêche moins par égoïsme que par une communication maladroite, explique Henrik Unterwedde, le Directeur adjoint de l'Institut Franco-Allemand de Ludwigsburg. Tandis que cette crise remet au centre du débat la question de la solidarité européenne, un thème peu populaire en Allemagne.

En janvier dernier, des émeutes ont éclaté à Rosarno entre Italiens et travailleurs immigrés
En janvier dernier, des émeutes ont éclaté à Rosarno entre Italiens et travailleurs immigrésImage : picture alliance/dpa

Immigration et pauvreté en Italie

116 millions de personnes sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale en Europe selon les derniers chiffrés publiés lundi par Eurostat, l’institut européen de statistiques. L’Italie est particulièrement touchée puisqu’elle se place en seconde position, en quantités, derrière l’Allemagne pour ce qui concerne le nombre de personnes touchées par la pauvreté.

Les immigrés sont particulièrement touchés. Ils doivent affronter quotidiennement les discriminations, l’exclusion sociale et donc la pauvreté. Ceux-ci sont pourtant une force de travail indispensable à l’économie du pays puisqu’à eux-seuls ils représentent environ 10% du produit intérieur brut. Mais s’ils sont une manne pour la croissance du pays, les travailleurs immigrés restent encore trop peu à bénéficier des avantages sociaux en Italie.

A Rome, Thomas Chabolle.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot