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Simone Gbagbo : Il n'y aura pas d'élections en Côte d'Ivoire

Julien Adayé
2 octobre 2020

L'ex-première Dame de Côte d'Ivoire dénonce les conditions de préparation de l'élection. Elle accuse Alassane Ouattara de violer la Constitution. Interview

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Simone Gbagbo lors de l'interview avec la DW
Simone Gbagbo lors de l'interview avec la DWImage : Julien Adayé/DW

Dans l'interview accordée à la DW, Simone Ehivet Gbagbo, ex-première Dame de Côte d'Ivoire et deuxième vice-présidente du Front populaire ivoirien (FPI), affirme qu'il n'est pas question que les Ivoiriens laissent le président Alassane Ouattara "piétiner" la Constitution.

Elle explique aussi pourquoi elle ne s'est pas présentée à l'élection dont la date est fixée au 31 octobre 2020.  

Simone Gbagbo : Cette candidature est anti-constitutionnelle. Et Monsieur Alassane Ouattara le sait, ne vous en faites pas ! Il le sait. Lui même l'avait dit, qu'il ne peut pas briguer un troisième mandat et les Ivoiriens ont applaudi à cette époque-là. Parce que les Ivoiriens, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent tout simplement que notre Constitution soit respectée. Il faut que nous devenions un Etat de droit. Et quand cela n'est pas fait, les Ivoiriens protestent ! Les Ivoiriens descendent dans les rues et c'est ce qu'ils ont fait. Et c'est ce qu'ils vont continuer de faire. Parce qu'il n'est pas question que nous laissions notre Constitution piétiner. Il n'en est pas question ! Pendant des années, nous avons souhaité que nous nous asseyions, que nous discutions des règles qui organisent des élections en Côte d'Ivoire. Ils n'ont jamais voulu. C'est le déficit de dialogue en Côte d'Ivoire qui crée les problèmes que nous vivons là.

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Simone Gbagbo : "Cette candidature est anti-constitutionnelle - et Alassane Ouattara le sait"

DW : Beaucoup de personnes à Abidjan pensaient que vous même alliez être candidate à ce scrutin d'octobre. Que s'est-il passé exactement ?

Simone Gbagbo : Il faut progresser étape par étape et faire dans le moment, ce qui doit l'être. En ce moment-ci, ce qui doit être fait, ce n'est pas que moi je sois candidate ! Ou que tel autre du FPI soit candidat. Pour moi, ce n'est pas ça qui est l'essentiel. Pour moi, ce qui est essentiel, c'est que nous puissions ensemble, organiser des élections vraiment inclusives. Que nous puissions sauver la démocratie dans notre pays. C'est ça qui est important. Tant que cela n'est pas fait, aller à des élections pour aller valider la candidature ou le succès de quelqu'un qui est dans l'illégalité ne ferait que faire reculer la démocratie dans notre pays. Et donc je ne suis pas candidate, d'une part parce que je considère que les conditions ne sont pas réunies.

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Deuxièmement, le jour où je voudrais aller à des élections, je vais m'adressser à mon parti et puis c'est le parti qui va décider. Ce que j'affirme, c'est que dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas aller à des élections et nous n'irons pas à des élections. Ca c'est clair. Nous n'irons pas à des élections et il n'y aura pas d'élections en Côte d'Ivoire dans ces conditions.

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Simone Gbagbo : Pour l'instant, mon candidat c'est Monsieur Gbagbo Laurent.

DW : Mais il n'est pas candidat retenu...

Simone Gbagbo : C'est pour cela que nous posons le problème. Le Conseil constitutionnel a rendu une décision qui n'est pas recevable. Ils sont complètement discrédités.

DW : Simone Gbagbo, que répondez-vous à ceux qui estiment que vous avez induit en erreur Laurent Gbagbo pendant sa présidence ?

Simone Gbagbo : En quoi faisant ?

DW : On disait chaque fois que c'est sa femme.  Quand on a déporté Laurent Gbagbo à la CPI, tout le monde disait que c'est la faute à sa femme.

Simone Gbagbo : Oui, bon, vous savez, on est en Afrique. En Afrique, dès qu'il arrive quelque chose au mari c’est l’épouse qui est coupable. Même quand il meurt on dit que c'est sa femme qui l'a tué. Moi, je mets ça sur ce compte.

Condamnée par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l'Etat, elle a bénéficie d'une amnistie en 2018.
Condamnée par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l'Etat, elle a bénéficie d'une amnistie en 2018.Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

DW : L'on vous a souvent cité dans des affaires d'escadrons de la mort ou dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. On ne vous a jamais entendu vous prononcer là-dessus.

Simone Gbagbo : La première fois que j'ai entendu parler des escadrons de la mort, c'est de la bouche des Français. Je pense qu’en Côte d'Ivoire, nous avons vécu une situation de complot de la France. A l'époque, c'était la France de Chirac, ensuite, la France de Sarkozy, qui ont décidées que Laurent Gbagbo n’a pas le droit d’être en Côte d’Ivoire. Et ils ont organisé les choses pour que Gbagbo soit jeté du pouvoir. Alors il faut que tous qui soient au tour de lui, soient de démo. Moi, je suis devenu le chef d'un escadron de la mort, mais personne n'a jamais pu apporter de preuves pour soutenir cette allégation. Moi, j'ai regardé, j'ai préféré ne rien dire. Ensuite, Guy-André Kieffer, j'ai entendu parler de lui après sa mort. J’étais tout étonnée de voir que c'est encore moi. Finalement, ceux qui m'accusent doivent me craindre. Je ne sais pas pourquoi ils me craignent à ce point. Mais je ne connais pas ce monsieur Guy-André Kieffer. Je ne l'ai jamais rencontré de ma vie.

 

>>> Regardez aussi l'extrait-vidéo de l'entretien avec Simone Gbagbo. 

 

"C’est la France qui a éjecté Gbagbo du pouvoir"