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Scolarisation des filles : le Tchad encore à la traîne

Blaise Dariustone
19 juin 2019

L’éducation des jeunes filles reste un défi d'envergure dans le pays puisque leur taux de scolarisation reste un des plus faibles au monde. Il avoisine les 18,3% au cycle moyen.

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Symbolbild:  Schule im Kongo
Image : picture-alliance/R. Harding

"Dans mon village, on nous dit toujours qu’une femme, même si elle ne réussit pas à l’école, peut trouver un bon mari" (Fille non scolarisée)

Une Conférence internationale pour l'éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone s'est ouverte ce 18 juin à N'Djamena, au Tchad. Experts, politiques et décideurs planchent pendant deux jours sur les solutions à mettre en œuvre pour lever les obstacles à l'égalité des filles et des garçons devant l'école.

Au Tchad, les filles sont moins scolarisées que les garçons et elles sont plus nombreuses à quitter prématurément l’école, selon une étude du ministère de l’Education nationale tchadienne publiée en 2015 qui concerne huit provinces du pays. 

Les mariages précoces et forcés, les violences, les travaux ménagers et les grossesses non désirées demeurent les principaux obstacles à la scolarisation des filles. 

Alliance Madjita, 25 ans, est une des nombreuses Tchadiennes qui n’a jamais été inscrite à l’école. Aujourd’hui, elle travaille comme aide-ménagère. 
La jeune fille regrette que ses parents ne l’ai pas inscrite à l’école : "si j’avais été inscrite à l’école je ne serais pas en train de travailler comme domestique ou les gens parfois n’ont aucun respect pour moi. Mes parents ont évoqué le manque de moyen pour ne pas m’envoyer à l’école. Dans mon village, on nous dit toujours qu’une femme, même si elle ne réussit pas à l’école, elle peut trouver un bon mari qui va s’occuper d’elle", explique Alliance Madjita. 

"Eduquer une fille c’est éduquer une nation"

Yessaigne Borkame, âgée de 22 ans, a pu poursuivre contrairement à Alliance Madjita, un cursus scolaire. Aujourd’hui étudiante en troisième année dans un institut universitaire, elle ne cache pas l’importance de l’école dans sa vie. 

"D’abord on dit qu'éduquer une fille c’est éduquer une nation. J’ai appris à lire, à compter et aujourd’hui je suis au niveau supérieur. Je trouve que l’école est très importante. Quand tu es éduquée, tu sais ce qu’est l’égalité entre homme et  femme. Une jeune fille, quand elle est éduquée, sait ce qu’est l’espacement des naissances. Et puis arrivée à l’âge de la puberté, elle saura comment se protéger pour éviter les grossesses non désirées et le mariage précoce", dit Yessaigne Borkame fière d’être instruite.

Le taux de scolarisation des filles au Tchad est faible. Face à cela, le chef de l’Etat Idriss Deby Itno a promis de prendre ses responsabilités. 

"Les parents estiment qu’à partir d’un certain âge il faut marier la fille. Ce faible taux de scolarisation rend peu efficace la participation de la femme au développement du pays. C’est pourquoi personnellement je m’engage à renforcer les mesures nécessaires et les textes législatifs pour permettre à la femme d’avoir sa place dans la société tchadienne. Il faut que nos filles soient nombreuses à investir les écoles et collèges", a affirmé le président tchadien.

Il est difficile d'avoir accès à des statistiques récentes mais selon le rapport 2015 du ministère de l’Education nationale, sur une population de 2.324.211 filles en âge d’aller à l’école, 43% d’entre elles ont pu être scolarisées. 
Mais au cycle moyen, par exemple, le taux de scolarisation des filles avoisine les 18,3% alors que celui des garçons est de 39,9%. Un taux qui serait en hausse ces dernières années, selon les acteurs du système éducatif.