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Rwanda : des habitants dénoncent des vaccinations forcées

14 janvier 2022

Le gouvernement rwandais affirme pourtant qu’il n’y a pas d’obligation vaccinale dans le pays.

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La campagne de vaccination au Rwanda est présentée comme exemplaire par l'OMS
Image : Cyril Ndegeya/ Xinhua News Agency/picture alliance


Certains habitants, en particulier dans les zones rurales, assurent que les autorités rwandaises emploient la violence pour les contraindre à se faire vacciner. Selon plusieurs médias, de nombreuses personnes ont été arrêtées et brutalisées car elles auraient refusé l’injection, au point de pousser certains habitants à fuir vers les pays voisins. 

Pour l’Organisation mondiale de la santé, le Rwandafait partie des très bons élèves en matière de vaccination. 

Si le rythme de la campagne se poursuit, d’ici six mois, 70 % de la population du pays sera complètement vaccinée. C’est en tout cas l’objectif du gouvernement.

Mais pour de nombreux Rwandais, ce taux de vaccination élevé est avant tout obtenu par la contrainte et la peur face aux autorités locales et la police. 

A (re)lire également : Les campagnes de vaccinations ne décollent pas en Afrique

Sous le couvert de l’anonymat, cette Rwandaise du district de Muhanga, dans le sud du pays, explique qu’elle a été menottée pour recevoir les injections :

"Trois officiers de police sont arrivés en renfort, en tout ils étaient cinq. Il y avait aussi des civils. Au total, onze personnes m'ont encerclée en me donnant l’ordre d'entrer dans une pièce. Ils se sont jetés sur moi et m'ont traînée sur le sol, en me plaquant leurs genoux dans le dos. Et les menottes entaillaient mes poignets. Ils ont même essayé de m'étouffer jusqu'à ce que des médecins arrivent et m'injectent le vaccin."

Démenti des autorités 

La même histoire est racontée par un groupe de Rwandais qui refusaient le vaccin par conviction religieuse. 

Le groupe aurait été détenu pendant une semaine par l’armée, pendant que la police et les leaders politiques locaux tentaient en vain de les inciter à accepter les injections. Face à leur refus, la police aurait fini par employer la force.

C’est ce qu’affirme Alfred Mugabo, qui faisait partie de ce groupe :

"Nous avons refusé catégoriquement de recevoir les vaccins et avons dit aux soldats et à la police de plutôt nous abattre ou de nous noyer. Quand ils ont réalisé que nous n'étions pas prêts à changer d'avis, ils ont fait venir encore plus de policiers et nous ont menottés. Les policiers nous ont bloqués au sol et nous ont fait des injections."

A (re)lire également : RDC: des Rwandais fuyant la vaccination contre la Covid-19 renvoyés au Rwanda

Mais ces accusations sont en contradiction avec les affirmations des autorités rwandaises.

Christopher Nkusi est le maire du district de Ngororero, où ces Rwandais auraient été forcés à se faire vacciner. Il nie en bloc et parle de mensonges. Il assure que les habitants sont régulièrement sensibilisés et prennent les vaccins de leur plein gré :

"A l’heure actuelle, il y a toujours de nombreuses personnes qui ne sont pas vaccinées et nous sommes en train de les sensibiliser. Je n'ai connaissance d'aucun cas de vaccination forcée dans mon district."

Le gouvernement rwandais a confirmé que "une poignée de personnes" selon ses termes, une centaine selon nos informations, tous membres des Témoins de Jéhovah, a fui cette semaine en RDC pour échapper au vaccin. Ceux-ci ont été reconduits depuis au Rwanda.

Actuellement, il faut être vacciné pour emprunter les transports en commun ou encore pour entrer dans un bar, une église ou pour participer à un mariage. 

Le refus de se faire vacciner a aussi poussé certaines entreprises à licencier les réfractaires, selon le site d’information de The New Times

Sollicité par la DW sur ce sujet des vaccinations forcées, le gouvernement rwandais n’a pas donné suite. 

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais