1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Retour à la normale au Kenya

Marie-Ange Pioerron12 avril 2013

L'Afrique dans la presse allemande c'est tout d'abord le Kenya. Après la confirmation des résultats de l'élection présidentielle par la Cour suprême, le nouveau président a pris ses fonctions.

https://p.dw.com/p/18EwG
Prestation de serment d'Uhuru KenyattaImage : Reuters

La cérémonie d'investiture du nouveau président, Uhuru Kenyatta, a mis un point final à une procédure électorale de plusieurs semaines, écrit la Berliner Zeitung. Il n'y a pas eu de répétition des violences d'il y a cinq ans, le nouveau président a promis de servir tous les Kenyans, et pourtant le pays reste profondément divisé, souligne le journal. Le fils du père fondateur Jomo Kenyatta a été élu principalement avec les voix de son groupe ethnique, les kikuyus, et celles du peuple de son numéro deux, les kalenjins. Son adversaire Raila Odinga a pu compter en revanche sur l'appui des Luo.

Kenia Armut
Dans un bidonville de NairobiImage : picture-alliance/Photoshot

La Süddeutsche Zeitung note que le suspense aura duré jusqu'à la veille de l'investiture: Omar El-Béchir allait-il venir ou non? Le président soudanais était en tout cas invité, et un porte-parole du gouvernement kényan avait indiqué que s'il venait il ne serait pas arrêté. Finalement Omar El Béchir a annulé sa visite et épargné ainsi à son nouvel homologue kenyan une perte de crédibilité le jour même de son investiture. Car rappelle le journal, pendant sa campagne électorale, Uhuru Kenyatta a dit à maintes reprises qu'il continuerait de coopérer avec la Cour pénale internationale. Cela se référait surtout, il est vrai, à la procédure en cours contre sa propre personne à La Haye. Il est accusé d'avoir attisé les violences contre d'autres ethnies après les élections de 2007. Le Kenya est donc, à côté du Soudan, le deuxième Etat dont le président en exercice est inculpé par la CPI. Mais Uhuru Kenyatta ayant coopéré jusqu'à présent avec la Cour, il a échappé à un mandat d'arrêt international. C'est ce qui le distingue d'Omar El Béchir, que les autorités kenyannes auraient donc dû arrêter et livrer à la CPI s'il était venu à l'investiture d'Uhuru Kenyatta.

Kaffee/Kaffeepflanze
Image : Fotolia

Justice pour des petits paysans en Ouganda

Justice encore, cette fois-ci en Ouganda, où comme le note la Berliner Zeitung, la cour suprême a accordé des dédommagements à 2 000 petits paysans expulsés de leurs terres pour faire de la place à une plantation de café. Ils recevront l'équivalent de 11 millions d'euros. Et si ce journal berlinois parle de cette affaire, c'est parce que la société Kaweri qui gère la plantation est une filiale du groupe allemand Neumann, lequel a "failli à ses obligations en matière de droits de l'homme", a estimé la cour dans son jugement. Le porte parole du groupe, Christian Neumann, poursuit le journal, a dénoncé un jugement scandaleux et annoncé que la filiale Kaweri ferait appel. Ce qui est néanmoins incontesté, précise le journal, c'est qu'en août 2001, l'armée ougandaise a expulsé les petits paysans de quatre villages dans le district de Mubende et qu'elle a détruit leurs biens et leurs champs pour faire de la place à une plantation de café de 2 500 hectares. Quelques jours plus tard, Michael Neumann, le président du groupe allemand, posait la premiere pierre en compagnie du président Museweni. Depuis 2002, ces petits paysans ont donc saisi la justice, avec l'appui de l'organisation de défense des droits de l'homme FIAN. Mais note plus loin le journal, s'ils ont bien gagné leur procès en première instance, ils ne seront toutefois dédommagés ni par l'Etat ougandais ni par le groupe allemand. Ce sont bien plutôt les deux avocats de la société Kaweri qui ont été condamnés par la cour à verser ces dédommagements.

Zentralafrikanische Republik Michel Djotodia
Michel Djotodia, le nouvel homme fort à BanguiImage : Getty Images

L'onde de choc de Bangui

die tageszeitung note que les secousses régionales consécutives au coup d'Etat en République Centrafricaine n'en finissent pas. 35 000 personnes sont arrivées dans le nord de la République démocratique du Congo depuis que des rebelles ont renversé François Bozizé le 24 mars. Elles s'ajoutent aux 13 000 réfugiés déjà recensés par le HCR. Les provinces congolaises de l'Equateur et de l'Orientale dans lesquelles atterrissent ces réfugiés sont d'une pauvreté extrême, poursuit le journal. Et surtout ce ne sont pas des amies de François Bozizé. Le nord du Congo est un fief de l'opposant et ancien chef rebelle, Jean-Pierre Bemba, lequel comparait devant la CPI à La Haye, à l'initiative notamment de François Bozizé. Fin 2002, rappelle le journal, l'ancienne armée rebelle de Bemba, le MLC, était intervenue à la demande du président de l'époque, Ange-Félix Patassé, contre l'avancée des rebelles de Bozizé - en vain et au prix d'innombrables crimes. Le rôle joué en 2002/2003 à Bangui par les troupes de Bemba aux côtés de Patassé a été repris en 2012/2013 par les Sud-Africains aux côtés de Bozizé. Plusieurs centaines de soldats sud-africains ont défendu la capitale contre les rebelles de la Séléka , en vain, souligne le journal et au prix de nombreux morts dans leurs propres rangs. Quand les rebelles ont conquis Bangui, les troupes sud-africaines ont fui au Congo . Elles se sont rassemblées dans la ville de Gemena et depuis, note le journal, des témoins font état d'un intense trafic aérien militaire.