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Rentrée scolaire au Bénin avec un droit de grève réduit

Rodrigue Guézodjè
19 septembre 2022

Les jeunes Béninois reprennent ce lundi le chemin de l'école. Une rentrée dans un contexte particulier : les enseignants n'ont quasiment plus le droit de faire grève.

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Élèves béninois assistant à un cours
"Certes, vous avez besoin du minimum vital pour accomplir votre mission dans de bonnes conditions. L’Etat en est conscient et s’y emploie." Extrait du discours du ministre des enseignements maternel et primaire à la veille de la rentrée Image : YANICK FOLLY/AFP

En visite à Paris à la fin du mois d'août, le président béninois Patrice Talon avait annoncé : "Nous avons entrepris des réformes difficiles (...) Nous avons réduit au Bénin le droit de grève".

Interdite dans les secteurs vitaux comme la santé, la police, les pompiers ou encore tout ce qui concourt à la survie des citoyens, elle est limitée à deux jours maximum par mois dans les autres secteurs dont celui de l'enseignement. 

Comment cette réforme est-elle accueillie dans le milieu ? Rodrigue Guézodjè a rencontré Chabi Bouko Adamou, enseignant et directeur de l'école primaire publique Albarika de Parakou, à environ 450 kilomètres de Cotonou. 

Retranscription de l'entretien 

DW : Le Bénin est à la veille d'une nouvelle rentrée scolaire. Comment avez-vous préparé cela ?

Chabi Bouko Adamou : Cette semaine (semaine du 12 au 16 septembre NDLR), nous sommes dans la pré-rentrée et nous sommes en train de prendre toutes les dispositions utiles afin que la rentrée ait lieu le lundi sans difficulté. Sur le plan pédagogique, nous sommes prêts. C'est les apprenants que nous attendons seulement le lundi.

DW : Vous êtes aussi directeur d'école. Votre tâche est elle différente de celle des autres ?

Chabi Bouko Adamou : En-dehors de notre rôle administratif, nous avons aussi un rôle pédagogique parce que nous avons une classe à deux classes, particulièrement le CM2, la classe d'examen dans laquelle nous donnons le meilleur de nous-mêmes afin de donner de bons résultats à l'école.

DW : Les résultats scolaires des années précédentes vous motivent-t-ils à mieux appréhender cette rentrée du 19 septembre ?

Ne pas prendre les enfants en otage, le crédo du professeur Adamo

Chabi Bouko Adamou : Ce que nous attendons, c'est d'avoir les 100 %. Donc, tant qu'on n'a pas encore atteint cet objectif, on doit pouvoir se remettre en cause et voir ce qui n'a pas marché et comment faire pour qu'on ait plus de meilleurs résultats.

DW : Justement, combien cette année ?

Chabi Bouko Adamou : Cette année, j'ai eu 83 %.

DW  : C'est à dire combien d'élèves ? 

Chabi Bouko Adamou : J'ai présenté 25 candidats, il y en a eu 22 admis. 

DW : Et au plan national? Est-ce que les résultats sont satisfaisants ?

Chabi Bouko Adamou : Oui, depuis 2016, les résultats sont satisfaisants au plan national parce que chaque année, le CP est autour de 80 % du parcours. Je crois que c'est un résultat satisfaisant. 

DW : Le secteur de l'éducation au Bénin a enregistré de nombreuses réformes ces dernières années, réformes au nombre desquelles la limitation du droit de grève. Comment appréciez-vous cela ?

Chabi Bouko Adamou : Lorsque c'était arrivé, tous on était découragés. Mais lorsqu'on a commencé pas à se mettre à la tâche, on a vu que c'était vraiment une bonne chose parce que cela a apporté un plus au système ou aujourd'hui, les enfants ont le temps pour apprendre et nous-mêmes de pouvoir produit de bons résultats avec les apprenants. Je crois qu'avec cette réforme là, c'est l'école béninoise qui gagne. C'est la nation Bénin qui gagne. C'est les enfants béninois qui gagnent.

DW : C'est surprenant d'entendre un enseignant, un salarié parler ainsi.

Chabi Bouko Adamou : C'est vrai, nous avons des difficultés. Mais est-ce que les enfants sont à la base de nos difficultés ? Je crois qu'entre les travailleurs et l'Etat central, on peut trouver un terrain d'entente autrement que de prendre les apprenants en otage. Je crois que les années antérieures où les grèves étaient perlées, ce sont des enfants qui étaient pris en otage et cela impactait négativement le système et par ricochet, c'est l'avenir du pays qui était hypothéqué.