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Insécurité dans l'est de la RDC, deux femmes témoignent

Zanem Nety Zaidi
13 décembre 2022

Deux femmes, l'une recrutée par les ADF et l'autre qui était retenue prisonnière, témoignent au sujet de la situation dans l'est de la RDC.

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Des femmes et des enfants dans un village du Nord-Kivu.
Les rebelles ADF enlèvent mais recrutent également certaines femmes dans leurs rangs.Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

En République démocratique du Congo, des soldats congolais et ougandais ont récemment libéré des mains des rebelles islamistes de l'Alliance des forces démocratiques (ADF) plus de 30 civils qui étaient retenus en otage dans plusieurs villages de la région de Beni. Parmi les otages libérés se trouvaient plusieurs femmes, dont certaines étaient enceintes. Outre les otages, les forces armées congolaises et ougandaises ont capturé une dizaine de combattants des ADF

Recrutement et enlèvement

Parmi les combattants ADF capturés par les militaires congolais et ougandais figure Azaram Kassim. Cette femme, âgée d'une quarantaine d'années et originaire du Burundi, a déclaré avoir été recrutée suite à l'appel d'un ami de son mari vivant en République démocratique du Congo. Ce dernier les a convaincus de le rejoindre en leur faisant miroiter la perspective de gagner beaucoup d'argent dans l'activité minière. 

Des combattants au Nord-Kivu.
La perspective de gagner de l'argent attire certaines personnes que les ADF recrutent.Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

" Mon mari avait un ami qui vivait à Goma et il l'a appelé pour faire des affaires, il a dit qu'il gagnait beaucoup d'argent avec l'or. Quand nous avons entendu cette nouvelle et comme nous vivions dans la pauvreté, nous avons tout de suite cru à cette affaire. Son ami nous a demandé d'aller à Butembo. Lorsque nous y sommes arrivés, deux motocyclistes sont venus nous chercher. J'étais avec mon mari, nos deux enfants et j'étais enceinte du troisième. Les motocyclistes nous ont emmenés à Irungu et là nous avons trouvé les combattants ADF. Ils nous ont forcé à rester avec eux mais nous n'avons pas vu l'ami de mon mari. Les combattants ADF nous ont dit qu'il était déjà mort quand nous sommes arrivés" explique Azaram Kassim. 

Evelyne Masika, elle, était captive. Elle a été libérée et explique avoir vécu des moments difficiles en captivité. Elle dit avoir été enlevée à Butembo lors d'une attaque des rebelles ADF contre la prison de cette ville de l'est de la province du Nord-Kivu.

"J'ai été secouru par les militaires ougandais. Ils ont ouvert le feu et les ADF se sont enfuis directement. Puis ils nous ont secourus. Quand les ADF sont allés à Butembo pour faire des prisonniers, c'est comme ça qu'ils m'ont enlevé chez moi. Vivre là-bas est une vie de souffrance, je ne mangeais pas bien et je pensais à chaque fois à mes enfants et à mon mari. Dans la brousse, ils m'avaient donné un autre mari" raconte Evelyne avant de "remercier Dieu" de l'avoir "sortie de cette captivité".

Des soldats congolais sécurisent un village après une attaque.
Des soldats congolais dans un village après une attaque des ADF.Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Contrebande et enlèvement

Omar Kavotha est spécialiste des activités des ADF et il explique que ce groupe est financé par l'Etat islamique. Mais l'exploitation minière et la contrebande permettent aussi aux ADF de s'assurer des revenus stables.

"Il faut savoir que les ADF sont un mouvement terroriste rattaché à l'Etat islamique. C'est la branche de l'Etat islamique en Afrique centrale et en tant que telle, elle reçoit des financements de l'Etat islamique. Il n'est toutefois pas exclu que dans la région, les ADF puissent trouver d'autres sources locales de financement à travers l'exploitation minière ou le petit commerce, mais l'essentiel de ce financement provient de l'Etat islamique Syrie et Irak en tant que branche de ce réseau terroriste" précise l'expert.  

En ce qui concerne le recrutement, Omar Kavotha affirme que les ADF vont parfois recruter les jeunes désœuvrés présents dans les mosquées. Mais ils ont aussi recours à l'enlèvement de civils lors de leurs différentes incursions. 

Selon lui, les complicités locales expliqueraient la longévité de ce mouvement malgré les opérations militaires conjointes conduites par les armées congolaise et ougandaise.