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RDC: le report des élections fait remonter la tension

27 décembre 2018

L’opposition et la classe politique sont vent debout contre le report des élections dans deux zones de l’est du pays, dans un contexte où Kinshasa a demandé ce jeudi le départ du représentant de l’Union européenne.

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Kongo Beni | Protest & Demonstration gegen Ausschlus von Wahl
Image : Getty Images/AFP/A. Huguet

"C'est un plan machiavélique de Kabila et de Nangaa" (Carbone Beni)

À trois jours des élections générales du 30 décembre, la tension est encore montée d'un cran en République démocratique du Congo à la suite du report partiel de ces élections annoncé le 26 décembre 2018 par la Commission électorale nationale indépendante.

Selon la coalition "Lamuka",  qui soutient l'opposant Martin Fayulu, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) "vient de dépasser une ligne rouge".

C’est pourquoi son candidat, Martin Fayulu a appellé à une journée ville-morte dans tout le pays, demain, vendredi 28 décembre.

"C'est un plan machiavélique que nous dénonçons. Plus d'un million de personnes de ce côté-là (les régions de Beni, Butembo et Yumbi, ndlr) sont acquises au changement. Du coup, c'est un électorat de l'opposition. C'est un plan de monsieur Kabila, du régime, de Nangaa (Corneille Nangaa, le président de la Céni, ndlr)", estime Carbone Beni, le coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi, qui signifie "sifflet  en Swahili".

Carbone Beni est sorti de prison le jour de la fête de Noël en compagnie de quatre de ses compagnons après plus d’année de détention.

Questions juridiques

Selon le calendrier de la Céni, les résultats définitifs de l'élection présidentielle seront publiés le 15 janvier 2019 et le nouveau président élu devra prêter serment le 18 du même mois.

"Alors, si en mars, ces millions font basculer les résultats de la présidentielle, que fera la Céni ? Alors que le président a déjà prêté serment le 18 janvier. Est-ce que nous sommes obligés de déchoir ce président pour tenir compte des nouveaux résultats? Ou bien on garde le même président?", s'interroge le politologue Charis Basoko, qui est aussi chargé du plaidoyer du RODHECIC, le Réseau d'organisation des droits humains et d'éducation civique d'inspiration chrétienne.

Charis Basoko : "la décision de la Céni est incohérente"

Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu (est de la RDC), voisine de Bukavu, capitale du Sud-Kivu
n’est pas concernée par ce report partiel. 

Manifestations à Beni

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Beni, ce jeudi, contre le report du scrutin  du 23 décembre prochain dans cette région  en proie à  une épidémie d'Ebola et à l’insécurité.

Selon l’AFP,  les manifestants ont été dispersés par des tirs et des grenades lacrymogènes. Dans la matinée, ils avaient essayé de se rendre vers le bureau local de la Céni.

Bart Ouvry, persona non grata 

C’est dans ce contexte de tension que Kinshasa a demandé ce jeudi à l'Union européenne (UE) de rappeler dans les "48 heures" son représentant dans le pays, le Belge Bart Ouvry.

"Le gouvernement de la République démocratique du Congo invite instamment le Conseil européen à procéder impérativement dans les 48 heures au rappel de son chef de mission en République démocratique du Congo", a déclaré Léonard She Okitundu, le chef de la diplomatie congolaise.

 

Dans son discours prononcé devant le corps diplomatique accrédité en RDC, Léonard She Okitundu a fait allusion aux  "sanctions infligées unilatéralement par le Conseil européen à d'éminentes personnalités" de la RDC. En dépit de la demande de levée ou de suspension formulée par Kinshasa, ces sanctions ont été plutôt prolongées d’un an le 10 décembre dernier.

Ces sanctions visent 14 responsables du régime du président congolais Joseph Kabila. Ceux-ci sont accusés de violations des droits de l'homme.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona