En RDC, un forum pour sauver la justice de la corruption
6 novembre 2024Les travaux des états généraux de la justice se sont ouverts en République démocratique du Congo (RDC) ce mercredi (06.11.2024). Plus de 3.500 personnes prennent part à ces assises. Les participants ont une semaine pour échanger autour du thème : "Pourquoi la justice congolaise est-elle malade et quelle thérapie pour la guérir ?" La surpopulation carcérale, le manque de magistrats et la corruption sont les principaux thèmes abordés.
La plupart des Congolais déçus de leur justice
En RDC, "sept Congolais sur dix" ne sont pas satisfaits de l'action de la justice dans ce pays, selon les propos de Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice et initiateur de ces assises.
Freddy Basomba, avocat et participant aux travaux estime que "la corruption se localise dans toute catégorie d'intervenants au sein de l'appareil judiciaire congolais : les magistrats, que ça soit les juges ou les magistrats du parquet, mais aussi au niveau des avocats, des huissiers, des greffiers… la corruption est à tous les échelons".
Dans une sortie médiatique largement relayée, le ministre de la Justice Constant Mutamba a critiqué les magistrats qui incarcèrent les prévenus dans des affaires mineures, contribuant, selon lui, à la surpopulation dans les maisons d'arrêt.
Mais l'autre question qui ralentit la justicecongolaise est l'insuffisance de magistrats. Cela serait en grande partie liée aux mauvaises conditions de travail des juges, ce qui rend la profession peu attractive.
La profession de juge peu valorisée
"Quand vous regardez les conditions dans lesquelles les magistrats vivent, nous souffrons. C'est grave", avoue Jérôme Muteba, lui-même magistrat.
"Pourquoi les magistrats ne vont-ils pas à l'intérieur du pays ? Il n'y a pas les conditions pour cela. Il y a des magistrats qui se déplacent même dans des pirogues. Il faut être magistrat pour connaître les conditions dans lesquelles nous sommes. C'est vraiment très compliqué", confie-t-il à la DW.
Il y a donc beaucoup d'attentes de ces états généraux sur la justice. Mais selon le député national Jean Bamanisa qui prend aussi part à ces travaux, tout le monde a un rôle à jouer pour redresser la justice congolaise. Cela demande, affirme-t-il, l'adhésion de la société. "Que la société elle-même soit disciplinée, civique et patriotique, pour ne pas tomber dans les différents travers qui nous amènent devant cette justice. Et à ceux qui disent le droit, de pouvoir le faire en âme et conscience, et pas pour des intérêts quelconques."
Ces assises vont durer jusqu'au 13 novembre. Elles vont servir également à évaluer la réforme de la justice congolaise, adoptée en 2015. Les participants feront des recommandations qui sont destinées à aboutir à une nouvelle politique nationale de la justice.