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Réformes en Russie

Aude Gensbittel14 septembre 2004

La majorité des journaux allemands se penchent sur les déclarations d’hier de Vladimir Poutine. A la suite de la prise d’otages sanglante de Beslan, en Ossétie du Nord, le président russe a en effet annoncé sa volonté de renforcer le contrôle central sur les régions de la Fédération de Russie. Il compte notamment modifier la législation pour que les gouverneurs régionaux ne soient plus élus par le peuple mais nommés avec l’aval du Kremlin, ainsi que transformer le mode d'élection des députés russes. Des mesures condamnées de façon unanime par les éditorialistes, pour qui le chef l’Etat, sous couvert de lutte contre le terrorisme, ne fait qu’augmenter son pouvoir personnel.

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Vladimir Poutine
Vladimir PoutineImage : AP

C’est avec des transformations radicales de la structure de l’Etat que le Kremlin répond à la soi-disant menace du terrorisme international, écrit la Tageszeitung. La conséquence, pour le journal, c’est que ces nouvelles mesures vont définitivement enterrer un projet entrepris il y a vingt ans, celui de moderniser la Russie. Les dernières formes d’autonomie politique et structurelle, qui étaient déjà vacillantes, vont à présent complètement disparaître.

Zèle centralisateur et étendue des pouvoir de l’exécutif : en temps de menace extérieure ou intérieure, cela semble être un réflexe normal dans la politique, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est ce qu’on a pu observer aux Etats-Unis après le 11 septembre. Mais la chose est différente dans le cas de Vladimir Poutine, qui s’apprête à transformer en profondeur le système politique de la Russie. Le pouvoir du gouvernement à Moscou va être étendu et la quasi suprématie du président encore renforcée, poursuit la FAZ. En bref, on assiste au retour de l’Etat autoritaire. Et partout le soupçon grandit que Vladimir Poutine, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, profite de l’état de choc de la nation après les attentats de Moscou et de Beslan pour consolider son pouvoir.

Le Financial Times Deutschland met lui aussi en garde contre la stratégie de Vladimir Poutine. Le seul résultat atteint sera qu’il y aura encore moins de place pour une solution politique aux conflits régionaux de la Russie, écrit le journal. Une restructuration serait pourtant nécessaire, mais pas celle que propose le président. Et si plus personne n’ose le dire à voix haute à Moscou, alors le chancelier Schröder devrait au moins expliquer ça à son ami Poutine : avec de telles méthodes, on ne réduit pas la violence, on l’encourage.

Vladimir Poutine s’est une fois de plus montré sous son meilleur jour, écrit pour sa part die Welt. Les réformes qu’il propose ne sont jamais que de nouvelles variations sur le thème du régime autoritaire. Le chef du Kremlin confond la notion d’Etat centralisé et autoritaire et celle d’Etat fort, poursuit le quotidien. L’idée que la force d’un Etat puisse reposer sur le fédéralisme, l’autonomie et les institutions démocratiques, lui est visiblement complètement étrangère, conclut le journal.