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A Bamako, quatre ans après l’attentat de La terrasse

Mahamadou Kane
27 août 2019

L’homme d’affaires libanais Wahib Assi est un témoin clé de cette attaque qui a frappé son établissement, le bar-restaurant La terrasse. Il revient sur les faits et sur ce que cette attaque a changé dans son quotidien.

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Mali Anschlag auf ein Restaurant in Bamako
Image : AFP/Getty Images/H. Kouyate

Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 mars 2015, aux environs de minuit et demi, un homme armé non identifié pénètre dans le bar restaurant La terrasse encore rempli de clients. 
Le propriétaire du restaurant, Wahib Assi, se souvient de l'instant de l'attaque.
 

"J’étais à la caisse et j’entends un coup de feu. Je regarde derrière, je ne vois rien parce qu’il y avait plein de monde. C’était de l’autre côté du bar, c’est-à-dire derrière moi, à environ quatre mètres. J’ai donc entendu le premier tir et ensuite il y en a eu plusieurs autres. Mes employés et moi nous sommes jetés à terre à plat ventre. Après j'ai demandé aux clients de sortir par la cuisine où il y avait une issue. L’assaillant a conduit son attaque très rapidement puis il est reparti. Tout cela a duré moins de cinq minutes.’"

Le terroriste abat deux personnes sur la terrasse. Puis fait trois autres victimes dans la rue Princesse. Selon un bilan officiel, trois Maliens dont une femme, un Belge et un Français perdent la vie cette nuit-là. 
Les blessés sont au nombre de neuf. L’attaque est revendiquée par le groupe salafiste Al Mourabitoune. Wahib était alors sous le choc et près de tout abandonner.

"Après cette attaque, j’ai dit : c’est fini, que je ferme ou pas, c’est la fin. Et c’est vrai, c’était presque la fin. Mais finalement j’ai refusé de fermer et de céder. Je suis resté longtemps, un an, un an et demi... une période durant laquelle je n’avais même pas deux, trois clients. J’ai vraiment souffert."

Avant l’attaque, la terrasse affichait complet tous les week-ends. Quatre ans après, Wahib, qui vit au Mali depuis 19 ans et qui avait ouvert son établissement en 2006, tente tant bien que mal de se remettre de cet évènement qui a bouleversé sa vie. 
 

"Les familles qui étaient habituées ne viennent plus. Il y a quelques militaires aussi de la Minusma qui venaient. Mais moi je suis encore là ! On est en train de se remettre petit à petit. Mais pour le moment, nous ne sommes qu’à 50%."

Aujourd’hui, l’établissement de Wahib et de son fils Tarek a changé de nom. Il s'appelle désormais Doo-Doo la terrasse. "Une façon de chasser les démons du passé", dit-il. 

Celui qu’on appelle affectueusement "le Vieux" a dû toutefois installer des portiques de sécurité à l'entrée et embaucher des agents de sécurité qui procèdent à fouilles corporelles à l'entrée de son établissement.