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Procès d'une vaste escroquerie au Bénin

27 juin 2017

Plus de 100 milliards de francs CFA disparus et 130.000 épargnants floués: le procès qui s'est ouvert ce mardi à Cotonou est celui d'une escroquerie qui avait bénéficié de la bienveillance du pouvoir.

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Justitia mit Pendelwaage
Image : picture-alliance/Ulrich Baumgarten

"Ceux-là ont opéré à visage découvert" (Herman Meton, victime de ICC-Services)

La société ICC-Services avait promis à ses clients des taux d'intérêt extraordinairement élevés. Plus de 100 milliards de francs CFA (152,4 million d'euros) d'épargne ont été détournés et seulement une faible partie de cet argent a pu être remboursée.

Au terme du procès de quatre jours, les juges diront si les personnes conduites à la barre sont réellement coupables. Le procès a effectivement débuté mais les débats sont suspendus pour reprendre le jeudi 29 juin 2017.

USA Thomas Boni Yayi Präsident Benin
Image : Getty Images/A. Wong

Les faits remontent à 2010

C'était vers la fin du premier mandat du président Boni Yayi. A l'époque, ICC-Services lance un appel à l'épargne et promet des taux de remboursement allant jusqu'à 200% du montant déposé. Une offre qui a séduit plus de 130.000 personnes.

Parallèlement, l'entreprise participait à des oeuvres caritatives ce qui a rendu célèbres ses responsables en peu de temps. Une popularité qui leur a même attiré la sympathie de certains membres du pouvoir. Or tout ceci n'était qu'une tromperie. Hermann Meton fait partie des victimes :

"Vous n'êtes pas sans savoir que ceux-là ont opéré à visage découvert et vous-vous souvenez, à l'époque, après trois ou quatre ans de fonctionnement, les responsables de cette structure ont été reçus par l'ex-chef de l'Etat, son Excellence Monsieur Boni Yayi avec certains investisseurs, disaient-ils à l'époque. Et c'est après cette audience au palais de la présidence que les plus réticents ont encore donné de l'argent et c'est après qu'il y a eu l'éclatement."

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Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

La question du remboursement

Certains des accusés sont en prison depuis sept ans. Ce n'est qu'après le verdict des juges que l'on saura si le procès va se poursuivre sur la question du dédommagement.

Car il n'est pour l'instant question que de la culpabilité des accusés. Francis Lalèyè, expert de la gouvernance au Bénin :

"Ce procès devrait normalement répondre également à la question : qu'est-ce qu'on fait pour rembourser les épargnants, qu'est-ce qu'on fait avec les gens qui ont refusé de collaborer? Donc ça c'est l'un des enjeux. Parce que pour la population, pour les citoyens, ce qui importe le plus dans cette affaire, c'est comment récupérer leur argent."

Quand l'affaire a éclaté, le pouvoir béninois de l'époque avait mis en place un comité de suivi chargé de veiller au remboursement des épargnes. Mais à cause des blocages survenus, l'affaire a été portée devant la justice. Les victimes, dont certaines s'étaient endettées pour tenter leur chance, espèrent pouvoir enfin récupérer leur épargne.

 

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum