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Non à une "justice à deux vitesses" en Côte d'Ivoire

Julien Adayé
8 mai 2018

Dix organisations de défense des droits humains exhortent le président ivoirien à soutenir des procès équitables et crédibles concernant les prisonniers de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.

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Elfenbeinküste | Präsident Alassane Ouattara spricht während der offiziellen Zeremonie der Verkündung der dritten Republik der Elfenbeinküste nach dem Referendum über eine neue Verfassung
Image : REUTERS/T. Gouegnon

Le président ivoirien devrait faire davantage pour honorer sa promesse de rendre justice aux victimes de la crise post-électorale qui a secoué la Côte d’Ivoire au lendemain du second tour de la présidentielle de 2010 - c'est du moins ce qu'ont déclaré ce mardi dix organisations nationales et internationales de défense des droits humains dans une lettre conjointe. Parmi elles : Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l'homme.

Pour ces organisations, seuls les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo sont poursuivis et parfois sans procès. C’est pour dénoncer ce qu'elles considèrent comme une "justice à deux vitesses" que ces ONGs ont décidé d'interpeler le pouvoir ivoirien. 

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Les défenseurs des droits de l'Homme veulent éviter une nouvelle crise en Côte d'IvoireImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Eviter une crise à l'avenir

L'initiative a aussi pour but d'anticiper sur d’éventuelles crises à l’approche des prochaines échéances électorales, comme l'explique Doumbia Yacouba, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) et l’un des signataires de cet appel. 

"Nous constatons simplement que les résultats des promesses n’ont pas été au niveau de ce que nous espérions. C’est avec regret. Parce que monsieur Ouattara a mis quand même les institutions qu’il fallait pour pouvoir juguler ce passif important en termes de violation des droits de l’homme. Mais malheureusement nous constatons que les paroles qui allaient dans le sens de la fin de l’impunité n’ont pas été mises en exécution. De telle sorte que nous avons aujourd’hui encore peur - les mêmes causes produisant les mêmes effets - de retomber dans un avenir prochain dans les mêmes travers" explique t'il.

Le président Ouattara a suffisamment fait pour le respect des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, soutient pour sa part le député et membre du bureau politique, Yacouba Sangaré, du parti au pouvoir. Pour lui, ceux qui sont en prison ne sont pas des prisonniers politiques mais de droit commun."Les organisations des droits de l’homme sont dans leur rôle. Leur souhait serait que tout soit impeccable. C’est vraiment l’idéal. L’humanité court après cet idéal depuis la nuit des temps."

Laurent Gbagbo vor Weltstrafgerichtshof ICC
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est actuellement jugé à La Haye Image : REUTERS/Peter Dejong

Justice pour tous

Le député Sangaré Yacouba estime pour sa part que si les partisans d'Alassane Ouattara ne sont pas poursuivis par la justice au même titre que les proches de Laurent Gbagbo, cela découle d’une seule raison, "on ne peut pas poursuivre quelqu’un qui n’a rien fait. Alors ça serait dommage quand même que la victime et le bourreau soient traités sur le même pied d’égalité. Ça c’est inadmissible." 

Dans l’espoir que les justices nationales et internationales poursuivront un jour aussi les proches du président ivoirien, les organisations ont rappelé qu’une amnistie serait contraire aux promesses répétées du Président Ouattara aux victimes. 

Elles l’ont exhorté en revanche à apporter aux juges ivoiriens le soutien dont ils ont besoin pour mener à bien leurs enquêtes et organiser des procès équitables et crédibles concernant tous les responsables de la crise postélectorale.