1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Possible extradition de Compaoré, satisfaction au Burkina

Richard Tiéné
6 décembre 2018

Tout comme de nombreux Burkinabè, l’activiste Smockey salue la décision de la justice française, mais attendent que l’extradition de François Compaoré soit effective. Le parquet général s’était déjà déclaré favorable.

https://p.dw.com/p/39Yom
Burkina Faso | Francois Compaore 2012
Image : Getty Images/AFP/A. Ouoba

"C’est tout à fait normal que François Compaoré réponde de ses actes" (Smockey)

La cour d’appel de Paris a finalement donné son accord mercredi pour l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso. 

Le frère cadet de l’ex président Blaise Compaoré est mis en cause dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Norbert Zongo enquêtait sur la mort dans des circonstances troubles du chauffeur de François Compaoré.

Depuis l’assassinat du journaliste, l’artiste activiste burkinabè Smockey s’évertue à clamer dans ses chansons "Justice pour Norbert Zongo".

Burkina Faso Musiker Smockey
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

A l’image de nombreux défenseurs de la liberté d’expression et de presse, l’annonce d’une éventuelle extradition de François Compaoré de la France vers le Burkina Faso est accueillie avec satisfaction.

"C’est une bonne nouvelle. On peut même dire plus : ce n’est que justice. Je crois que c’est tout à fait normal que François Compaoré réponde de ses actes. C’est un adulte vacciné. Je pense que le dossier doit être suffisamment fourni pour que la justice française n’ait pas eu d’autres choix que de dire le droit. Nous attendons simplement que le colis nous soit livré", souligne avec un brin d’ironie Smockey.

Un colis spécial

Le colis spécial étiqueté François Compaoré ne sera certainement pas livré dans l’immédiat. Sa défense a indiqué qu’elle allait former un pourvoi en cassation.

D’ailleurs, certains Burkinabè restent sceptiques quant à la bonne foi de la France de rendre justice au journaliste réduit en cendre, il y a de cela une vingtaine d’année.

Il revenait de son ranch à Sapouy dans le centre ouest du Burkina. Nul n’est au-dessus de la loi. C’est l’avis de l’activiste Smockey, cofondateur du balai citoyen.

"Que le droit soit dit simplement. Nous ne disons pas que François Compaoré est coupable puisque lui-même s’estime innocent. Qu’il fasse la preuve de son innocence ! Tout citoyen burkinabè doit avoir le courage de se présenter devant la barre. Norbert lui-même le disait. Si vous avez eu le courage de dire de le tuer, vous pouvez aussi avoir le courage de l’assumer et de dire c’est moi qui ai dit d’aller le tuer", estime Smockey. 

Un dossier oublié sous Blaise Compaoré

Comme Thomas Sankara, le meurtre de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune avait été rangé dans les tiroirs des arcanes judiciaires pendant le règne de Blaise Compaoré.

Burkina Faso |  Norbert Zongo 2012
Image : Getty Images/AFP/A. Ouoba

Il a été re-ouvert sous la transition. Des dizaines de personnes ont été auditionnées dont le Général Gilbert Diendéré ancien chef du régiment de sécurité présidentielle, dont des éléments sont cités dans cette affaire.

Certaines révélations faites par les des accusés majeurs du procès du putsch manqué de septembre 2015, pourraient guider les juges pour la manifestation de la vérité dans ce dossier brûlant.

Le ministre burkinabè de la Justice, René Bagoro, s'est aussi réjoui hier de la décision des juges français et il félicite la justice de son pays. Mais la partie n’est pas encore terminée.

D’autres étapes demeurent avant que François Compaoré ne soit extradé. Sa défense se pourvoit en cassation, ce qui suspend pour le moment l’avis de la Cour d’appel.

Pour être effective, une extradition doit aussi faire l'objet d'un décret du gouvernement français. L’année dernière, Emmanuel Macron avait promis de jouer sa partition pour faciliter l’extradition du frère cadet de Blaise Compaoré.