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Pas de clémence pour les opposants à Paul Biya

11 septembre 2019

Au Cameroun, le président Biya annonce un "grand dialogue national", mais ni les "Ambazoniens" ni les militants du MRC ne seront amnistiés.

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Kamerun Wahl l Präsident Paul Biya
Image : picture alliance/dpa/j. Warnand

"Paul Biya fait de l’hypocrisie" (Samuel Ikome Sako)

Le discours de Paul Biya était très attendu mais il a laissé beaucoup de Camerounais sceptiques quant à la volonté du pouvoir d'apaiser la crise que traverse leur pays.

Pourtant, le chef de l'Etat a déclaré vouloir trouver une solution à la crise anglophone pour "répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation".

Il s'agit donc pour l'instant de mettre en place un dialogue dont l'organisation est confiée au Premier ministre, Joseph Dion Ngute.

"C’est un dialogue au rabais. C’est un dialogue dans lequel il stigmatise à la fois la diaspora camerounaise qui a financé d'après lui la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. On a l'impression que la question anglophone n'est qu'une partie annexe du dialogue", regrette le journaliste et analyste politique Louis Keumayou.

Louis Keumayou : "c’est un dialogue au rabais"

Lire aussi : Les Camerounais partagés après le discours de Paul Biya

Les "Ambazoniens" restent en prison

Paul Biya a réitéré son offre de "pardon" aux séparatistes armés qui "déposent volontairement les armes". Mais les soutiens des militants séparatistes anglophones, dont le leader Julius Ayuk Tabe, soient amnistiés. 

"Ces leaders-là ne devaient pas rester en prison. Et lui, il parle d’un dialogue qui va résoudre le problème. Ç’est de l’hypocrisie. Il ne veut pas résoudre ce problème. Il veut continuer dans sa logique de guerre et il veut que le Cameroun plonge complètement dans une guerre civile. Et ça sera le cas si la communauté internationale continue de le laisser faire comme un roi", soutient Samuel Ikome Sako, président par intérim de la République autoproclamée d'Ambazonie, qui regroupe les deux provinces anglophones du Cameroun.

Lire aussi : Prison à perpétuité pour des séparatistes anglophones au Cameroun

Amertume des partisans de Maurice Kamto

Paul Biya ne s’est pas non plus exprimé sur le sort des opposants en prison, notamment le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, Maurice Kamto.

D’où l'amertume du troisième vice-président du MRC, l'avocat Emmanuel Simh qui déclare à la DW : 

"C'est dommage. On ne peut pas imaginer qu'il y ait l'apaisement dans ce pays aujourd'hui tant qu'il  y a des leaders d'opposition qui sont embastillés illégalement avec des centaines d'autres Camerounais pour avoir exprimé leur opinion politique".

Maître Emmanuel Simh : "il n’y aura pas d'apaisement tant qu'il y a des leaders d'opposition en prison"

Lire aussi : Cameroun : ouverture du procès de Maurice Kamto, les raisons de son emprisonnement

Satisfecit de l’ONU

L’annonce  de la tenue d’un dialogue national au Cameroun a été saluée par le secrétaire général de l'ONU par le biais de son porte-parole, Stéphane Dujarric.

Antonio Guterres souligne toutefois que le gouvernement camerounais doit veiller "à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté".

Lire aussi : Cameroun: de l'aide humanitaire pour les régions anglophones

Selon le président Paul Biya, le dialogue présidé par le Premier ministre Joseph Dion Ngute va rassembler les différentes composantes sociales, y compris des représentants des forces de défense et de sécurité, ainsi que ceux des groupes armés.

Aussi, le Premier ministre mènera-t-il  de "larges consultations" et "des délégations iront dans les prochains jours à la rencontre de la diaspora", a conclu le président camerounais.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, se félicite de l'initiative lancée par les autorités pour faire dialoguer les Camerounais:

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona