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Oui à la réforme en Turquie

13 septembre 2010

Les électeurs turcs ont approuvé hier à 58% le projet de réforme constitutionnelle. 26 articles d'une constitution rédigée en 1982 par des militaires sont donc modifiés, ce qui relance la Turquie sur la voie européenne.

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Image : picture-alliance/dpa

C’est une victoire pour le camp gouvernemental, bien que le taux d’abstention soit assez fort – 25%. Trente ans jour pour jour après le putsch militaire de 1980 et, surtout, à moins d’un an des prochaines législatives, les Turcs acceptent donc les amendements de la constitution – qui portent sur 26 articles. Parmi les principaux changements prévus, résumés par le journal turc Zaman, on retiendra notamment la redéfinition des tribunaux militaires et l’autorisation faite à la justice civile de poursuivre des soldats pour atteinte à la sécurité de l’Etat, la reconnaissance à la protection des données personnelles, un accroissement du nombre de juges à la Cour constitutionnelle et un renforcement de son contrôle par le Parlement.

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Dans un bureau de vote dimanche: environ 75% des électeurs turcs ont participé au scrutin.Image : AP

En Europe, les résultats du référendum étaient attendus avec intérêt, étant donné les divisions au sujet d’une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE : parce que le pays est grand – il compte 73 millions d’habitants, en majorité musulmans - et que la Turquie se trouve aux portes du Proche- et Moyen-Orient, régions toujours instables, ce qui effraie de nombreux Européens.

Quoiqu’il en soit, la Commission a salué les résultats et indiqué qu’elle suivrait de près la mise en application des réformes. Le Conseil de l’Europe y voit une « avancée sur la voie de la démocratisation » et un renforcement de la protection des droits de l’Homme. L’Espagne, la Suède, l’Allemagne, entre autres, soulignent pour leur part l’ouverture en bonne voie de la « porte européenne » à la Turquie. Même si Berlin continue de plaider pour un « partenariat privilégié » avec Ankara plutôt que son adhésion à l’Union.

Au Parlement européen, les conservateurs sont également satisfaits du vote, mais restent prudents, à l’instar de l’eurodéputé chrétien-démocrate Elmar Brok

« L’Union européenne, telle qu’elle est aujourd’hui, ne pourrait pas accueillir un pays aussi grand que la Turquie. »

Europaparlament in Straßburg
L'Europe a du coeur, c'est le nom de cette sculpture devant le parlement européen à Strasbourg. Pour la Turquie aussi?Image : picture-alliance/ dpa / dpaweb

Même scepticisme au sein du groupe libéral, dont Alexander Graf Lambsdorff est l’un des porte-parole:

« La Turquie s’est rapprochée de l’adhésion, le référendum est positif. Mais si l’on comparaissait le processus d’adhésion de la Turquie à un marathon, la Turquie en serait au cinquième ou sixième kilomètre environ, et ce n’est qu’un pas de plus en direction de la ligne d’arrivée, mais le chemin est encore long. »

La presse de gauche européenne, elle, est plus réservée. En Grande-Bretagne, le Guardian rappelle ainsi que tous les partis d’opposition avaient appelé au boycott de la consultation. Et la tageszeitung évoque les craintes des laïcs turcs concernant le retour en force de la religion dans la république turque, si l’exécutif et le Parlement, actuellement dominés par les islamistes modérés de l’AKP voient leur pouvoir accru sur la justice et l’armée.

Et en complément d'information, écoutez ci-dessous la correspondance de Delphine Nerbollier, depuis Istanbul.

Auteur : Sandrine Blanchard
Edition: Jean-Michel Bos