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"On devrait rouvrir les écoles au Burkina"

Julien Méchaussie
30 octobre 2019

Le ministre de l'éducation du Burkina Faso, Stanislas Ouaro, était l'invité de la DW ce mercredi 30 octobre. Il revient sur les fermetures d'écoles en raison de l'insécurité et évoque les réouvertures prochaines.

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Le ministre burkinabè de l’Education nationale et de l’alphabétisation était, il y quelques jours, en visite officielle à Berlin. La situation des écoles dans le nord du pays, fortement touché par les violences, a été au cœur des entretiens de Stanislas Ouaro qui a rappelé que 187.000 enfants burkinabè sont encore privés d'écoles en raison de l'insécurité. Il était l'invité de la DW ce mercredi 30 octobre 2019.

Aide allemande

DW : Quels sont les acteurs que vous avez rencontrés jusqu'ici et avec quelles attentes êtes-vous venu ici à Berlin ? 

Stanislas Ouaro : Nous voulons sensibiliser davantage les parlementaires, sensibiliser la Chancellerie pour que les appuis au secteur de l'éducation à travers les PME soient encore accrus. J'ai rencontré le conseiller Afrique de la chancelière Angela Merkel avec qui nous avons échangé sur ces différentes préoccupations. Il s'est engagé effectivement à soutenir l'initiative d'accroître les ressources accordées aux PME, qui sont en faveur des pays bénéficiaires comme le Burkina Faso. Nous avons aussi rencontré un certain nombre de responsables de la société civile et nous avons rencontré aujourd'hui un certain nombre de parlementaires.

Burkina Faso Stanislas Ouaro, Bildungsminister
Image : DW

Effacement des paillotes

DW : Avez-vous également parlé d'éducation ?


Stanislas Ouaro : Oui nous avons parlé d'éducation. Nous leur avons présenté les différents défis en matière d'éducation au Burkina Faso et dans la région du G5 Sahel en proie à des actes terroristes. Nous avons donc des écoles fermées, ce qui impacte le cursus scolaire des élèves. Nous avons aussi parlé d'autres défis et des défis en matière d'accès à l'éducation de façon équitable. C'est à dire faire en sorte qu'il n'y ait plus d'écoles sous paillotes dans nos pays des écoles précaires où la scolarité des enfants est abrégée, où il faut de 5 à 6 mois de cours, alors que dans les écoles conçues en matériaux définitifs on a neuf mois de cours. Donc ça pose un problème d'inégalité. Aujourd'hui nous sommes justement à un effacement de ces paillottes au Burkina, avec un taux de 60% d'effacement de ces paillotes, ce qui est un taux appréciable. Nous le faisons avec l'appui de PME et d'autres partenaires.

187.000 élèves privés d'école

DW : Il y a un mois c'était la rentrée scolaire au Burkina Faso. Vous en avez parlé un peu tout à l'heure. Cette rentrée a été marquée par des problèmes de sécurité et des attaques de groupes armés notamment dans le Nord du pays. Pouvez-vous nous dire aujourd'hui combien d'écoles n'ont pas pu ouvrir leurs portes ? 

Stanislas Ouaro : Il faut dire que depuis 2017 nous avons commencé à connaître le phénomène d'attaques des écoles par des groupes terroristes. Malheureusement nous avons commencé à connaître des assassinats d'enseignants, ce qui a provoqué effectivement la fermeture d'écoles.

DW : Votre président Roch Marc Kaboré avait promis - à l'occasion d'une visite à Berlin et d'une interview accordée à la Deutsche Welle au mois de février dernier - de rouvrir les classes des écoles concernées. Il évoquait à cette époque 100.000 élèves privés de cours. Cette promesse n'a pas été réalisée ... Combien de temps faudra-t-il encore attendre ?

Stanislas Ouaro : Cette promesse est en cours de réalisation, parce que nous étions à 300.000 élèves privés d'école. Nous avons réussi à rouvrir à la rentrée 2019-2020, 483 établissements.1.460 sont toujours fermés, cela concerne 187.000 élèves. Donc de 300.000 nous sommes descendus à 187.000. Cela concerne, disons, deux à trois pour cent des élèves de notre système éducatif. Mais nous poursuivons les efforts pour la réouverture. Mais dans certaines zones la réouverture est conditionnée à un dispositif sécuritaire à même de pouvoir le faire. Et c'est pour cela que l'initiative de l'Allemagne, à côté de la France, pour nous aider à lutter contre ces groupes terroristes, va favoriser la réouverture de ces écoles.

Les élèves burkinabè sont particulièrement affectés par le terrorisme
Les élèves burkinabè sont particulièrement affectés par le terrorismeImage : Imago/photothek/U. Grabowsky

"Rouvrir dans un avenir proche"

DW : Etes-vous conscient que la réouverture des écoles dans le Nord sont devenues un petit peu le symbole du succès ou de l'échec de votre action sur le terrain face au terrorisme ?

Stanislas Ouaro : Tout à fait. C'est pour cela que nous sommes heureux de dire aujourd'hui que nous avons rouvert plus de 400 établissements et que nous sommes sur la bonne voie de pouvoir ouvrir tout au fur et à mesure. Mais nous sommes dans un dialogue permanent avec les forces de défense et de sécurité et les responsables au niveau régional, pour qu'on puisse dire, chaque fois que cela est possible,  "là c'est pacifié, vous pouvez revenir". Les enseignants au Burkina Faso sont disposés à intervenir et à enseigner partout à condition que leur sécurité soit préservée. Donc c'est pour cela que nous ne forçons pas, au fur et à mesure nous rouvrons. Avec les promesses qui sont faites, si ces engagements sont tenus par les pays amis, comme l'Allemagne, comme la France, on devrait pouvoir dans un avenir très proche, rouvrir ces écoles. Nous avons des formules accélérées de scolarisation qui nous permettent de rattraper le retard, dès que c'est ouvert. 

DW : Est-ce que vous avez un agenda précis, est-ce que vous pouvez avancer une date pour une normalisation de l'éducation dans le nord du Burkina ?

Stanislas Ouaro : Cela dépend aussi de la mise en place de la force du G5 Sahel, cela dépend de tous les efforts,  c'est lié à ça, donc je ne peux pas donner de date précise. Mais je souhaite, parce que cela fait bientôt trois ans qu'on parle de l'opérationnalisation de la force du G5 Sahel, qu'elle va pouvoir se faire dès 2020, et si c'est le cas on devrait pouvoir, pour la rentrée 2020-2021, rouvrir toutes nos écoles.