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Nouvelle tempête politique au Pakistan

Anne Le Touzé16 janvier 2013

À quelques mois des élections, la justice pakistanaise a ordonné l'arrestation du Premier ministre, impliqué dans une affaire de corruption. Les journaux commentent par ailleurs toujours l'intervention française au Mali.

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Des dizaines de milliers de personnes ont réagi à l'appel du prédicateur Tahir ul-Qadri
Des dizaines de milliers de personnes ont réagi à l'appel du prédicateur Tahir ul-QadriImage : DW/ S. Raheem

Il ne faut pas trop plaindre les dirigeants pakistanais, conseille la Süddeutsche Zeitung. Au cours des cinq dernières années, le président Ali Zardari et son équipe n'ont rien fait ou presque pour améliorer la vie de leurs concitoyens. Les soupçons de corruption leur collent à la peau comme un chewing-gum sous la semelle et ils sont probablement justifiés. Néanmoins, souligne le journal, le moment choisi par la cour suprême pour réclamer l'arrestation du Premier ministre est particulièrement mal choisi. Car un chef religieux s'est élevé au rang de révolutionnaire - probablement avec l'aide de l'armée - et se sert de la rue pour faire chuter le gouvernement civil en dénonçant la corruption et l'incompétence de l'équipe au pouvoir.

Raja Pervez Ashraf, menacé d'arrestation par la Cour suprême
Raja Pervez Ashraf, menacé d'arrestation par la Cour suprêmeImage : picture-alliance/dpa

Au Pakistan, la population a davantage de respect pour des personnalités que pour les institutions, commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une majorité de personnes est prête à faire confiance à un prédicateur comme Tahir ul-Qadri, aussi bizarre soit-il, ou à la « main de fer » des généraux. Plus qu'un nouveau gouvernement, poursuit le journal, c'est une nouvelle culture politique dont a besoin le Pakistan. Le pays est profondément enlisé dans un bourbier de violence, d'injustice, de corruption et d'hypocrisie politique.

L'Europe trop frileuse au Mali ?

À propos de la situation au Mali, c'est die tageszeitung, jusqu'ici ouvertement opposée à l'intervention de la France, qui propose aujourd'hui un autre point de vue : celui de son correspondant à Paris. Selon lui, il est trop facile de reprocher à la France une attitude néocolonialiste. Evidemment, elle a des intérêts dans cette région, notamment pour l'uranium qui alimente ses centrales nucléaires. Mais ce qui se passe depuis vendredi au Mali, écrit la taz, n'a rien d'une intervention planifiée de longue date pour maintenir au pouvoir un régime répugnant, comme c'est arrivé dans le passé. Que ceux qui reprochent au président François Hollande d'avoir les mains aussi sales que ses prédécesseurs expliquent aux Maliens à quoi aurait ressemblé une alternative « propre ».

Les troupes françaises ont engagé une offensive terrestre
Les troupes françaises ont engagé une offensive terrestreImage : Reuters

Pour la Süddeutsche Zeitung, il n'est pas seulement question du Mali. La France est intervenue car ce qui se passe dans la zone sahélienne représente un danger potentiel pour l'Europe. Et elle s'est engagée seule parce que les autres Européens se sont défilés. Cela en dit long sur l'état de la politique de défense commune, déplore le journal qui prévient : un Mali sous domination islamiste serait pour l'Europe comme un Afghanistan sur le pas de la porte. C'est donc le moment pour les Européens de montrer s'ils veulent vraiment une politique de sécurité commune.