Le directeur du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) a reçu ce mercredi (21.06.2023) ) à Berlin, une distinction honorifique de la fondation allemande pour l'Afrique (Deutsche Afrika Stiftung). A travers cette distinction, la fondation dit vouloir saluer son engagement pour le cinéma africain et la scène culturelle du continent, ainsi que sa contribution à la promotion de l'Afrique par sa diaspora.
Alex Moussa Sawadogo, qui dirige aussi le festival des films d'Afrique de Berlin (Afrikamera,) a livré ses impressions à chaud à la Deutsche Welle dans le journal de 17hTU ce jeudi 22.06.
Lisez ou écoutez ici son interview à DW Afrique !
Un engagement reconnu
Alex Moussa Sawadogo : D'abord, je suis très surpris de cette distinction. Nous facilitons l'obtention des prix par des réalisateurs, mais tous ceux qui travaillent derrière ne s'attendent jamais à cela.
Et d'autre part aussi je suis très heureux. Très, très heureux et très flatté de cette distinction, parce que cela montre l'engagement de mes collègues et moi, depuis très longtemps, que ce soient mes collègues allemands, mes collègues suisses, français et burkinabè, et l'engagement que nous donnons justement pour la promotion de la culture et plus précisément le cinéma entre l'Allemagne et l'Afrique.
DW : Justement, Moussa Sawadogo, vous parlez d'engagement. La Fondation allemande pour l'Afrique insiste sur le fait que le Fespaco aide à changer la perception ou l'image de l'Afrique de par le monde. Comment est-ce que cela se manifeste concrètement ?
Alex Moussa Sawadogo : Justement, cela s'est manifesté depuis ma nomination à la direction générale du Fespaco. J'ai eu à organiser deux événements dans des situations très difficiles. On sait tous que le Burkina Faso traverse des moments très difficilesde son histoire.
Cela veut montrer aussi en quoi la culture aussi dépasse là où la politique a échoué. La preuve en est que lors des deux dernières éditions (du Fespaco, ndlr) on a eu et des milliers de personnes, des milliers de festivaliersqui sont venus au Burkina Faso autour du cinéma, parler du cinéma et en profiter pour parler de la paix, de la réconciliation.
Plus il y a d'initiatives culturelles, mieux c'est
DW : De plus en plus de pays ont ou manifestent l'intention de se doter d'un festival de la trempe du Fespaco. Est-ce que cela montre une insuffisance du Fespaco ou bien, pourquoi en veut-on encore alors que le Fespaco est là ?
Alex Moussa Sawadogo : Non pas du tout ! Je n'aime pas comparer les choses, mais quand nous regardons dans l'écosystème culturel européen, Berlin a sa Berlinale, il y a la Suisse qui est juste à côté, un pays tout petit, à travers sa superficie géographique aussi, et doté d'un gros festival qui est celui de Locarno. Et nous avons la France, juste à côté encore qui a un festival comme celui de Cannes. Et Venise aussi, qui dispose aussi d'un gros festival.
On peut copier le Fespaco mais on ne pourra jamais l'égaler. Et je pense que, quand un évènement s'est produit au Bénin ou au Sénégal, cela vient renforcer aussi la présence du Fespaco. Parce que le Fespaco tout seul, ne peut pas satisfaire le monde de la culture et plus précisément les gens du cinéma.
DW : Vous êtes à la tête du Fespaco depuis trois ans maintenant. Vous êtes issu de la diaspora africaine. Comment est-ce que la diaspora peut participer au rayonnement aussi de la production cinématographique en Afrique ?
Alex Moussa Sawadogo : Je crois que notre génération a les talents et les outils de management qu'on a tous appris dans les écoles occidentales un peu partout. Il faut juste qu'on ait le courage souvent de quitter notre confort pour aller s'installer dans un pays qui a besoin de nos talents pour pouvoir contribuer.
Et c'est comme cela que nous marquons l'histoire. C'est comme cela que nous contribuons aussi au bonheur du continent africain.