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Ministre: "Beaucoup sont poussés à partir par leurs parents"

Dirke Köpp
18 juillet 2018

Le ministre de la jeunesse et l’emploi des jeunes, Mouctar Diallo, lance un fervent appel aux parents, à ne pas obliger leurs enfants à la migration en Europe et à ne pas financer les réseaux des passeurs.

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En marge du débat animé par le Deutsche Welle et son partenaire de Bolivar FM sur l’avenir des jeunes à Mamou, dans le centre de la Guinée, le ministre de la jeunesse et l’emploi des jeunes, Mouctar Diallo a accordé une interview à la Deutsche Welle. Lors du débat MouctarDiallo a appelé les jeunes Guinéens à rester au pays. "Vous pouvez réussir en Guinée" a-t-il insisté. Le gouvernement guinéen est en train de renforcer "l’employabilité des jeunes" a affirmé le ministre Mouctar Diallo. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, ceux qui partent n’ont parfois même pas plus de onze ans.

Cliquez sur la photo ci-dessus si vous voulez écouter le Ministre Mouctar Diallo;

voici par écrit ce qu'il a dit:

Mouctar Diallo: Il y a beaucoup de parents qui poussent leurs enfants à l'émigration irrégulière. Beaucoup d'enfants ou de jeunes ont été obligés, ont été poussés, par leurs parents qui mobilisent de l'argent, parfois même de fortes sommes, pour utiliser les réseaux de passeurs. Ceux qui réussissent à rejoindre l'autre rive ne sont pas souvent heureux. J'ai vu beaucoup de Guinéens là-bas qui souffrent énormément, plus même que ceux qui sont restés ici en Guinée. Donc mon message en tant que ministre de la jeunesse, c'est de dire aux jeunes: ils peuvent rester ici en Guinée, travailler et réussir ici. Il est vrai que les conditions sont parfois difficiles. Mais c'est pour cela que le gouvernement a mis la question de l'emploi jeunes au cœur de l'agenda gouvernemental.

DW:  Qu'est-ce que vous allez faire concrètement ?

Nous allons renforcer l'employabilité des jeunes : que des jeunes bénéficient du savoir-faire technique, du savoir-être citoyen et d'opportunités de financements pour créer des activités génératrices de revenus, que la formation soit adaptée à la demande de l'emploi.

De quoi est-ce qu'on a le plus besoin en Guinée ?

On a besoin aujourd'hui de plus de techniciens dans les domaines de l'agriculture et de l'élevage. Ce sont par ailleurs des secteurs chers au Président Alpha Condé. On en a aussi besoin dans le secteur des mines qui a aussi le problème de ressources humaines. Quelque fois les sociétés sont obligées de chercher au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou ailleurs.

Est-ce qu'il ne faudrait pas aussi renforcer l'éducation scolaire? Parce qu'on a l'impression que le niveau scolaire, le niveau d'éducation des jeunes n’est pas toujours très élevé.

Oui, cela est une réalité. C'est pour cela que le gouvernement a initié un projet important: booster les compétences et l'employabilité des jeunes et qui a permis de financer des institutions d'enseignement et de formation, même privés. Le gouvernement guinéen est conscient du fait qu'il faut améliorer la formation et l'enseignement pour que les jeunes Guinéens soient compétitifs sur le marché de l'emploi. Qu’ils aient une deuxième chance. Le gouvernement guinéen considère que les jeunes Guinéens ne doivent pas être une bombe à retardement, mais plutôt une opportunité qui contribue activement au processus du développement du pays.

Ne faudrait-il pas faire venir les entreprises européennes ici au lieu que les jeunes partent en Europe ?

C'est l'un des points sur lesquels le gouvernement est en train de travailler, c'est à dire la diversification de l'économie. Depuis un moment, beaucoup de réformes sont engagées par le gouvernement pour faciliter l'investissement. L'Etat seul ne peut pas employer. C’est un secteur privé dynamique qui peut créer beaucoup d'opportunités pour employer les jeunes.

En 2015 on a vu que l'Europe s'est ouverte aux migrants. Maintenant, on assiste à une Europe qui reserre l'étau. Qu'est-ce que vous en pensez par exemple des plateformes de désembarquement en Afrique ?

C'est un débat vaste. Mais nous saluons déjà la coopération avec l'OIM qui travaille à créer des conditions de vie ici en Guinée pour décourager cette émigration mais qui facilite aussi le retour. L'OIM a un programme de facilitation de retour, en mettant une enveloppe de 2500 euros à la disposition de tout candidat qui veut rentrer en Guinée.

Est-ce que cela n'encourage pas encore plus les jeunes de partir ? Parce qu'ils savent que quand ils reviennent, ils reçoivent de l'argent ?

Possible… mais pas forcément ! Ce programme vise justement ceux qui sont déjà là-bas. Mais on doit travailler sur tous les plans à la fois. Décourager ceux qui veulent partir, et au même moment faciliter le retour de ceux qui sont là-bas. Pour ce qui nous concerne: soyez rassurés que notre souci, c'est de faire en sorte que les jeunes restent en Guinée, qu'ils soient heureux et qu'ils contribuent à faire de la Guinée un pays émergeant où il fait bon vivre. Et permettre à ceux qui sont à l'extérieur, même ceux qui ont réussi, de rentrer en Guinée et de contribuer à la croissance économique du pays.

Et que pensez-vous d'un débat comme celui de la DW ? Est-il nécessaire pour un changement de mentalité ?

Ce débat constitue un vecteur efficace d'information et de communication pour faire comprendre aux jeunes que leur avenir n'est pas en occident. Leur avenir est ici en Guinée.

Avec tout l'argent qu'ils ne donnent pas aux passeurs....

Justement ! Aujourd'hui, il y a un véritable réseau de passeurs - qui sont des dealers. Le gouvernement est en train de prendre toutes les dispositions pour les mettre hors d'état de nuire.

Merci Monsieur le Ministre.

C'est moi qui vous remercie.