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Mensonges et terrorisme

Aude Gensbittel18 mars 2004

Les journaux allemands d'aujourd'hui condamnent de façon unanime l'attitude du gouvernement Aznar après les attentats de Madrid. La presse reproche au premier ministre espagnol d'avoir privilégié la piste de l'ETA à des fins électorales, alors qu'il avait déjà connaissance d'éléments qui signalaient la piste d'Al-Qaïda.

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Image : AP

Pour la Badische Zeitung, le tyran espagnol Franco est certes mort depuis près de 30 ans, mais le premier ministre Aznar était son digne successeur. Ce soi-disant démocrate a tenté de placer le pouvoir au-dessus du droit et de la morale, jusqu'à présent on n'avait vu cela que chez les dictateurs. La désinformation d'Aznar auprès des médias après les attentats n'est pas le pire dans ce scandale, poursuit le quotidien. Les médias ont le devoir de tout mettre en doute, y compris leur propre chef de gouvernement et particulièrement quand il est en pleine campagne électorale. Mais le fait qu'Aznar ait manifestement menti à ses partenaires européens est presque criminel, estime le journal. Et si Al-Qaïda avait aussi voulu frapper Londres ou Paris?

La lutte contre le terrorisme ne s'accorde pas bien avec les calculs du pouvoir, écrit la Frankfurter Rundschau. Aznar et les conservateurs n'ont pas eu le courage de dire la vérité aux électeurs après les attaques de Madrid. Ils ont vendu la thèse de l'ETA à la presse, à leurs alliés européens et même au conseil de sécurité de l'ONU, parce qu'ils pensaient ainsi pouvoir rester au pouvoir. Pour le journal de Francfort, les conservateurs ont utilisé un horrible massacre pour leurs calculs électoraux. S'ils ont perdu, c'est parce qu'ils ont cherché la victoire par le mensonge.

Pour le Tagespiegel, tout peut arriver, mais il peut aussi ne rien se passer du tout. A la longue, cette tension va aussi influencer la vie en Europe et en Allemagne. Et de supporter cette tension demande de la force et du courage. Mais selon le journal berlinois, c'est là le véritable défi que le terrorisme pose aux démocraties occidentales. Cela signifie aussi que le gouvernement d'une démocratie ne doit pas induire la population en erreur lorsqu'il pense que ça peut lui être profitable. Le premier ministre espagnol a dû le payer cher, mais c'était à juste titre. Car même à l'époque du terrorisme, conclut le journal, on doit avoir le courage de dire des vérités non avantageuses.

Les pays occidentaux doivent faire attention à ne pas mettre en jeu leurs principes d’Etat de droit dans la lutte contre le terrorisme, met en garde le Mannheimer Morgen. Car à ce moment les ennemis de la démocratie auraient atteint un de leurs buts. Pour le journal de Mannheim, les manipulations du gouvernement espagnol pour atteindre leurs buts politiques ont un caractère machiavélique digne des régimes totalitaires.