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Mauvais "coup de foudre" entre Merkel et Hollande

18 mai 2012

Le couple franco-allemand est de nouveau au centre de l'intérêt en Europe mais un couple remanié depuis l'élection de François Hollande. Quel rôle jouera ce nouveau duo dans la résolution de la crise?

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Berlin/ Bundeskanzlerin Angela Merkel (CDU) gibt am Montag (15.05.12) dem franzoesischen Praesidenten Francois Hollande in Berlin nach einer gemeinsamen Pressekonferenz die Hand. Hollande wurde am Dienstagmorgen in einer Zeremonie zum Praesidenten vereidigt. Foto: Maja Hitij/dapd
Francois Hollande zu Besuch bei Angela Merkel in Berlin DeutschlandImage : dapd

Il n'a donc pas dérogé à la tradition. Le nouveau président français François Hollande s'est rendu à Berlin mardi, quelques heures à peine après on investiture et ce jour-là, en raison d'un mauvais coup de foudre sur la carlingue de l'avion de la République, nombre de  chroniqueurs européens se sont demandés s'il fallait y voir un mauvais signe, une augure défavorable, un avertissement de Zeus, le dieu grec de la foudre, qui invitait Hollande à ne pas sacrifier la Grèce sur l'autel de l'austérité germanique.

Bien entendu, tout cela ne va pas plus loin que le plaisir de faire des bons mots. François Hollande a changé d'avion et pas plus perturbé qu'il ne l'a été en saluant sous l'averse les Français qui s'étaient massés sur son passage sur l'avenue des Champs-Elysées à Paris, le « président imperméable », celui qui « mouille sa chemise » au service de ses concitoyens a donc reprit les airs pour Berlin où en dépit de son retard, il a eu droit à un menu aux asperges et avant cela une remise au point merkélienne sur la croissance.

Quitter la zone euro

German Foreign Minister Guido Westerwelle speaks during the 14th Kronberg Talks Open Forum in Istanbul May 15, 2012. REUTERS/Osman Orsal (TURKEY - Tags: POLITICS)
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a présenté un plan en six points pour la croissanceImage : Reuters

La chancelière allemande Angela Merkel n'a en effet pas hésité à évoquer directement les divergences qui existent entre elle et son homologue français sur la question de la relance de la croissance. Car Berlin n'est pas opposé à la relance de la croissance mais cell-eci ne doit pas s'achèter en créant de la dette nouvelle. Cette position a été répétée d'ailleurs par le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle.

Mais il faut rendre justice au gouvernement allemand : celui-ci n'est pas uniquement arc-bouté sur ses positions, la croissance n'est pas un gros mot à Berlin comme l'a prouvé encore une fois Guido Westerwelle en avançant une série de six propositions qui permettraient de relancer l'économie de certains pays entrés en récession, et de créer des emplois alors que la barre du chômage a dépassé les 10% en Europe. Mais voilà, dépités par les résultats des élections en Grèce qui ont placé en bonne position des partis d'extrême-gauche et d'extrême-droite, opposés à Bruxelles, de plus en plus de voix s'élèvent pour dire : ca suffit, la Grèce n'a qu'à quitter la zone euro !

Mais on revient toujours aux statistiques. Comment la première puissance économique du monde, l'Union européenne, qui représente 20% du PIB mondial, peut-elle s'avérer incapable de résoudre le cas grec alors que la Grèce représente à peine 2% du PIB européen ? La réponse est dans la mauvaise gouvernance européenne, trop confuse, trop opaque, trop divisée. Soit les États membres acceptent le fameux "saut fédéral" en nommant par exemple un ministre européen des finances. Soit ils restent crispés sur leurs compétences, ils conservent une vision intergouvernementale de l'Europe et alors, le "rêve européen", comme l'appelle l'économiste américain Jeremy Rifkin, va se briser, foudroyé par les marchés financiers qui ne pardonneront pas à l'Europe son incapacité à prendre des décisions.

Précédent argentin

German Chancellor Angela Merkel, left, speaks with European Parliament President Martin Schultz during a round table meeting at an EU summit in Brussels on Thursday, March 1, 2012. Europe's leaders travel to Brussels on Thursday, hoping to chart the continent's way back to growth as figures show unemployment in the 17-country eurozone has spiked to its highest level since the euro was established in 1999. (Foto:Yves Logghe/AP/dapd)
La chancelière Angela Merkel et le président du Parlement européen, Martin SchultzImage : dapd

La Grèce est au centre de toutes les discussions et ceci pour une raison simple : écrasé par les mesures d'austérité, les électeurs ont offert un résultat ingérable avec un partage des voix qui donnent de l'importance aux partis extrémistes et notamment le parti d'extrême-gauche Syriza. D'ailleurs, Lexis Tsipras, le chef de file de la Coalition de la gauche radicale, qui est la deuxième force politique grecque, a répété qu'il continuerait à s'opposer aux mesures d'austérité "barbare" qui mettent, selon lui, le pays en faillite.

Car tout le monde a peur du précédent argentin, peur qu'Athènes refuse de rembourser ses dettes et mette à terre tout l'édifice financier lentement bâti par la troïka européenne, c'est-à-dire la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.

« Nous devons nous faire certainement beaucoup de souci », a affirmé Martin Schulz, le président du Parlement européen. Mais nous parlons tout le temps de la Grèce. « Mais personne ne parle avec les Grecs. Quand par exemple la Troïka débarque à Athènes et annonce des mesures : mais qui est la Troïka ? Pour une Grec ou une Grecque c'est un pouvoir anonyme dont on sent bien qu'il dirige le pays. Je pense que l'Union européenne doit montrer un visage au sens propre du terme. Aller sur place et dire : écoutez, nous ne sommes pas ici pour vous faire souffrir mais nous sommes ici pour trouver ensemble un chemin de sortie de crise. Nous avons mobilisé 130 milliards d'euros dont 40 milliards donnés par l'Allemagne et pas pour vous écraser mais au contraire pour vous aider. Mais alors ne quittez pas le chemin. Le chemin que nous vous montrons est dur mais le chemin en dehors de l'euro serait encore plus dur .»

Les autres pays de la crise

ILLUSTRATION - Eine irische Ein-Euro-Münze, aufgenommen am Mittwoch (05.01.2011) in Bamberg (Oberfranken). Foto: David Ebener dpa/lby pixel
Une pièce de un euro irlandaise. L'Irlande est, avec le Portugal et la Grèce, un des trois pays à avoir bénéficié de l'aide financière de l'EuropeImage : picture-alliance/David Ebener

Mais il ne faut pas parler uniquement de la Grèce. Deux autres pays ont aussi été aidé par l'Europe pour sortir de la crise : l'Irlande et le Portugal. Nous allons donc essayer de voir où en est la situation, est-ce que celle-ci s'est améliorée? Et pour cela nous commençons par l'Irlande.

Les Irlandais votent le 31 mai sur le traité fiscal, ils sont les seuls citoyens de l'Union à se prononcer par référendum sur le pacte budgétaire européen voulu en grande partie par l'Allemagne pour imposer un meilleur contrôle des comptes publics. Même si le pays est en voie de rétablissement, l'accès futur à l'aide financière est un enjeu clé de la campagne référendaire. Les derniers sondages d'opinion donnent le « oui » gagnant mais à deux semaines du vote, 16% de l'électorat reste indécis. A Dublin, Hervé Amoric.

Le Portugal est avec l'Irlande et la Grèce, l'un des trois pays soutenus par la communauté internationale pour redresser son économie, revenir à 3 % du PIB en 2013 et convaincre les investisseurs privés de lui prêter à nouveau de l'argent. A mi chemin du programme d'aide, le Portugal est sur la bonne voie. Mais le chômage et la récession pèsent de plus en plus lourd, et les Portugais s'impatientent, à leur manière. Le point avec Marie-Line Darcy depuis Lisbonne.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot

CARREFOUR EUROPE (18/05/2012) - MP3-Mono