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Mali: réactions au lendemain du vote

29 juillet 2018

Les Maliens ont voté, dimanche, pour choisir parmi les 24 candidats, celui qui va présider aux destinées du pays. Des perturbations ont été signalées par endroits.

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Mali Wahlen
Image : Imago/Le Pictorium/N. Remene

"Les Maliens ont voté dans le calme à Berlin" (Oumou Sall Seck, Ambassadrice du Mali en Allemagne)

 L’enjeu de ce scrutin est de taille parce qu'il s'agit de mettre en œuvre l’accord de paix de 2015 signé entre les autorités et les groupes djihadistes pour pacifier le pays, et mettre fin  à l‘insécurité qui prévaut dans le nord et le centre, deux régions en proie à des conflits communautaires entre Peuls et Dogons.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a encouragé tous les acteurs politiques maliens à s'engager à faire de ce scrutin un processus pacifique, libre et transparent et à recourir aux institutions prévues à cet effet en cas de litiges.

 

L’insécurité, une épine dans le pied d’IBK

L’élection  présidentielle de ce  dimanche (29.07.18) a été cependant marquée dans plusieurs régions du nord et du centre du pays par des attaques djihadistes présumées, avec pour conséquence une faible affluence.

Malgré le fort déploiement des forces de l’ordre et de sécurité nationales et étrangères - au moins 30.000-, une série d'attaques a visé le matériel et les agents électoraux dans certains endroits du nord et du centre du pays.

Selon des témoins, à Fatoma, dans la région de Mopti, les agents électoraux ont subi des attaques, empêchant la tenue du vote. Onze bureaux de vote auraient été saccagés dans la commune rurale de Gandamia, les agents électoraux agressés et leur matériel détruit.

"Aucun des candidats ne peut gagner dès le 1er tour" (Antoine Glaser)

"Dans les quatre villages, il n'y a pas eu de vote, des groupes armés ont interdit la présence des administrateurs de l'Etat et les autorités locales ont préféré obtempérer", a déclaré à la presse le maire de la commune, Bourema Napo. 

Même constat  dans la commune rurale de Lafia, à l'est de Tombouctou, où le vote n'a pas pu se tenir. Les urnes ont été incendiées dans la nuit de samedi à dimanche par des djihadistes présumés, selon les autorités locales.

Par ailleurs, des tirs de roquettes ont visé le camp de la Minusma, la mission de l'ONU  à Aguelhok dans le nord-est sans faire de victimes. 

Face à ces actes de violences, Cécile Kyenge, qui dirige la mission d’observation européenne, a demandé aux autorités de publier la liste des bureaux où le vote n'a pas pu avoir lieu, en insistant sur l'importance de la "transparence" et "l'intégrité de l'élection".

Des crimes ont émaillé la campagme

La coalition de groupes armés GATIA-MSA a relevé le 20 juillet dernier "l’exécution sommaire de plus de 20 personnes" par des hommes armés aux environs de Menaka, dans le nord-est du pays. Selon une source proche du ministère de la Défense, un soldat aurait été tué deux jours plus tard dans une embuscade tendue par des terroristes dans la forêt de Soumouni. 

Le 23 juillet dernier, l’aéroport de Sévaré, dans le centre, a également été la cible de tirs d’obus lors d’une attaque djihadiste présumée sans faire de victimes.

"Tous les bureaux de vote de Tombouctou sont fonctionnels" (Baba Moulaye Haidara- WANEP-West African Network For Peacebuilding)

A Tombouctou, des populations se sont révoltées contre la multiplication des actes de banditisme dont elles seraient victimes accusant la tribu arabe d’en être responsable. Par ailleurs, des affrontements entre Peuls et Dogons ont été presque régulièrement signalés à Mopti.

La région de Mopti, qui représente près de 13 % de l’électorat, est l'une des plus instables du pays. Entre 2016 et 2017, les incidents liés à la sécurité y ont été multipliés par trois, selon l’ONU. Une dégradation de la situation sécuritaire qui se confirme en 2018, avec au moins 43 civils tués entre avril et juin.

Soupçons de fraude

Le ton a été donné dès le lancement de la campagne électorale. Le président de  l'Union pour la République et la Démocratie et candidat de la Plateforme "Ensemble", Soumaila Cissé, a attiré l’attention sur des risques de fraudes à grande échelle, surtout dans les zones insécurisées du nord et du centre du pays en proie à des affrontements communautaires.

Au cours d’un point de presse organisé à Bamako, le 20 juillet dernier, Tiebilé Dramé, le directeur de campagne du chef de file de l’opposition a affirmé que le fichier électoral mis en ligne le 4 juillet par les autorités était "totalement différent du fichier audité le 27 avril" par l’OIF. À en croire le dirigeant du PARENA, le Parti pour la renaissance nationale, le nombre d’électeurs fictifs s’élèverait à plus d’1,2 million. Faux, rétorque le Général Siaka Sangaré, directeur général aux élections :

"Il n’y a que le fichier audité qui a servi à la confection et à la personnalisation des cartes d’électeurs auprès de l’imprimerie nationale. Le fichier électoral a été remis à l’imprimerie nationale sous la supervision d’un huissier de justice qui a établi un procès verbal de constat. En lisant ce procès verbal, vous comprendrez que c’est exactement les mêmes chiffres que ceux du fichier audité et vous trouverez les 8 millions 462 électeurs, les 12.925 centres de vote comprenant 23.041 bureaux de vote ", a ajouté le Général Sangaré.

Consensus

Samedi, la veille de cette élection présidentielle, un consensus s'est dégagé au sujet du fichier électoral contesté depuis une semaine par une grande partie de l'opposition. "Le climat s'est apaisé. La confiance s'est réinstallée", a déclaré à l'AFP le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif à l'issue d'une réunion entre le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga et les différents candidats.

Qemal Affagnon :"Les medias traditionnels ont été délaissés au profit des réseaux sociaux" (Internet sans Frontières)

"Aujourd'hui, tout le monde est d'accord. Il n'y a qu'un seul fichier électoral" et "les 24 candidats ou leurs représentants (présents à cette réunion) acceptent de participer à l'élection présidentielle", a ajouté M. Annadif. Un optimisme partagé par trois des candidats à ce scrutin : Soumaïla Cissé, le chef de file de l'opposition, l'ancien Premier ministre Modibo Sidibé et Niankoro Yeah Samaké, du Parti pour l'action civique et patriotique.

Proclamation des résultats

Conformément à la loi électorale en vigueur, "les premières tendances seront connues dans les 48 heures. Les résultats provisoires du premier tour doivent être proclamés dans les cinq jours qui suivent la date du scrutin", soit le 3 août au plus tard.  

Les candidats ont 48 heures suivant la proclamation des résultats provisoires pour déposer des recours auprès de la Cour constitutionnelle, l’institution  chargée de proclamer  les résultats définitifs.

Si aucun des candidats en lice n’obtient la majorité absolue des suffrages, un second tour sera organisé le 12 août.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona