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Mali: échange de prisonniers contesté

Anne Le Touzé (avec agences)10 décembre 2014

Au lendemain de la libération de Serge Lazarevic, les conditions dans lesquelles l'otage français a été relâché continuent de faire des vagues au Mali car les autorités maliennes ont relâché plusieurs djihadistes.

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Soulagement pour l'ex-otage français Serge Lazarevic, de retour en France
Soulagement pour l'ex-otage français Serge Lazarevic, de retour en FranceImage : Reuters/P. Wojazer

Les autorités maliennes et françaises ont beau être restées discrètes, un collectif d'associations des droits de l'Homme, dont l'Association malienne des droits de l'Homme et la FIDH, #link:http://www.amdhmali.org/:a révélé que plusieurs jihadistes avaient été libérés# en échange du Français. Des hommes auxquels on attribue de graves violations des droits humains.

Le collectif d'associations dénonce une « promotion de l'impunité » au Mali, avec la libération d'au moins quatre « terroristes présumés ». Parmi eux, Mohamed Aly Ag Wadoussène. Arrêté il y a tout juste trois ans à Gao, dans le nord du Mali, l'homme serait l'un des principaux organisateurs de l'enlèvement en 2011 de Serge Lazarevic et de son compatriote Philippe Verdon, tué en juillet 2013.

Indignation des défenseurs des droits de l'homme

Mais ce qui suscite particulièrement l'indignation des défenseurs des droits de l'homme maliens, c'est un crime commis par Mohamed Wadoussène en juin dernier : lors d'une évasion spectaculaire de la maison d'arrêt de Bamako, il avait tué un gardien de prison.

« Wadoussène qui a été libéré a tué un gardien de prison dans l'exercice de ses fonctions, explique Bintou Founé Samake, présidente du WILDAF/Mali, un réseau d'associations pour la défense des droits des femmes et des enfants. Ses parents avaient déposé une plainte et ils devraient être écoutés ces jours-ci. Je pense qu'il n'y a pas de démocratie à double vitesse. Il faut quand même avoir du respect pour ces personnes qui ont perdu un fils. Et c'était dans l'exercice d'une fonction étatique, c'était un fonctionnaire de l'Etat. Je pense que nos autorités n'ont pas beaucoup réfléchi. »

Entretemps, une source sécuritaire malienne a confirmé sous couvert d'anonymat qu'il y avait bien eu un échange de prisonnier pour faire libérer l'otage français. Il a souligné que ce « geste » avait été fait par le Mali « à la demande de la France ». Information corroborée par la FIDH.

La France remercie les autorités nigériennes

La France, de son côté, joue la carte de la discrétion, tout comme les autorités maliennes. Le président malien Ibrahim Boubacar Keita s'est contenté d'une courte déclaration. Il a souligné « l'immense soulagement » causé par la libération de Serge Lazarevic. Le désormais ex-otage n'a d'ailleurs pas été reçu par le président malien mais s'est envolé hier soir pour le Niger, avant de rejoindre la France ce matin.

Wadoussène avait été arrêté le 10 décembre 2011 à Gao
Wadoussène avait été arrêté le 10 décembre 2011 à GaoImage : DW

Le président français a quant à lui directement remercié les autorités nigériennes. « Ce sont les autorités du Niger qui, une fois encore, nous ont permis, avec celles du Mali, d'obtenir cette libération » a déclaré François Hollande sans plus de précision.

Suites judiciaires

Au Mali, les défenseurs des droits de l'homme n'ont pas dit leur dernier mot et comptent bien donner une suite à leur contestation comme l'explique Bintou Founé Samaké : « Nous allons protester et la plainte des parents du gardien de prison est d'actualité. C'est devant les juridictions et cela doit être examiné. Si les autorités maliennes ne prennent pas de mesure pour les entendre, nous allons saisir d'autres juridictions. Ce crime ne doit pas rester impuni. »

Au Niger également, des organisations de la société civile ont dénoncé l'échange de prisonniers. Une quarantaine d'ONG nigériennes ont estimé que cela revient à « encourager les prises d'otage ».