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Economie

L'Union européenne va répliquer aux taxes de Donald Trump

8 mars 2018

L'Europe a tout essayé pour stopper les mesures protectionnistes de Donald Trump. Le président américain a l'intention de proclamer les nouvelles taxes sur les importations d'acier et d'aluminium.

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Symbolbild Handelskrieg USA und EU
Image : Imago/Ralph Peters

Le président américain a l'intention de proclamer ce jeudi les nouvelles taxes sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance d'Europe. Son objectif est de favoriser les entreprises américaines, ce qui ne plaît pas à l'Union européenne. Alors Bruxelles a rétorqué avec une liste de produits américains qui pourraient eux aussi être taxés à leur entrée en Europe.

Mesures bien accueillies par l'industrie américaine

Aux Etats-Unis, les industriels ont plutôt bien accueilli l'annonce du président américain. Barry Zekelman, patron d'une entreprise de fabrication de tubes en acier de Pennsylvanie, voit déjà sa branche redevenir "l'épine dorsale" de l'économie américaine, après des années de concurrence par les importations et déclare que "cela [lui] permettra d'employer beaucoup plus de gens". Le chef d'entreprise se félicite : "Nous re-serions fiers de nos industries qui tournent à vide en ce moment."

Cecilia Malmström
La Commissaire au Commerce Cecilia Malmström est prête à riposterImage : picture-alliance/AP Photo/V. Mayo

Colère en Europe

L'Europe  exporte pour environ cinq milliards d'euros d'acier et un milliard d'euros d'aluminium chaque année vers les Etats-Unis. 25% de taxes sur les importations d'acier et 10% sur les importations d'aluminium : ces hausses sont considérées comme une attaque déloyale de la part de la Maison Blanche.

Bernd Lange, eurodéputé SPD et président de la Commission du Commerce extérieur du Parlement européen, explique en effet que ces mesures prévues par Donald Trump dépassent les règles anti-dumping fixées par l'OMC et qu'elles violent les accords internationaux. La ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, a envoyé un courrier en ce sens à son homologue américain.

L'Union européenne est donc prête à répliquer œil pour œil pour rééquilibrer la balance, comme l'a fait savoir la Commissaire au Commerce, Cecilia Malmström :

"Nous sommes en train de consulter nos partenaires à travers le monde pour savoir qui est aussi touché par ces mesures et nous allons coordonner nos efforts. Cette possibilité nous est donnée par l'OMC mais elle prend du temps. Nous sommes en train de voir quelles autres mesures nous pourrions mettre en place plus rapidement et réfléchissons notamment à un second train de mesures pour protéger nos marchés si jamais nous subissons les arrivées massives de produits en acier qui seraient dérivés vers l'Europe par les mesures américaines."

Quid de l'écoulement des marchandises?

Si leurs produits ne peuvent plus pénétrer le marché américain à cause des taxes, les vendeurs pourraient se rabattre sur l'Union européenne pour les écouler. D'où l'inquiétude des syndicats allemands de la branche acier, résumés par Heiko Reese, du syndicat IG Metall, qui réclament des mesures de sauvegarde. Il explique : "Les exportations vers les Etats-Unis ont fortement augmenté ces dernières années. Ce qui fait que si elles baissent, cela va mettre une grosse pression sur l'écoulement et donc sur les emplois ici."

Firma Hydro - Aluminium
L'industrie allemande fabrique beaucoup de produits à base d'aluminium et d'acierImage : picture-alliance/dpa/R. Weihrauch

Taxes sur les jeans et le beurre de cacahuète

La Commission européenne a d'ores et déjà dressé la liste de dizaines de produits américains qui seront ciblés par les douanes à leur entrée en Europe : des produits en acier, des produits agricoles transformés ou non (des fruits, des céréales, du jus d'orange, le beurre de cacahuète), mais aussi du tabac ou des produits textiles comme des t-shirts ou des jeans, des produits cosmétiques et même certains véhicules comme les motos Harley Davidson.

Une façon, d'après le Commissaire européen Pierre Moscovici de toucher ainsi "des produits fabriqués dans des circonscriptions" tenues par les Républicains, le parti le Donald Trump.

Donald Trump
Donald Trump critique l'Allemagne, en arguant de... ses trop faibles contributions à l'OTANImage : picture-alliance/AP/E. Vucci

D'ailleurs, au sein même du camp présidentiel, 107 députés républicains ont fait part de leur « profonde inquiétude » de voir l'Etat intervenir de la sorte dans le commerce.

Mais si la Maison Blanche veut relancer la guerre économique, Donald Trump est prévenu que l'Union européenne ne se laissera pas faire et qu'elle portera même l'affaire devant l'Organisation mondiale du Commerce.

Un bras de fer similaire avait déjà eu lieu sous George W. Bush en 2002. Le président américain avait alors voulu augmenter les taxes sur l'acier importé d'Europe. Bruxelles avait répondu avec une liste de produits américains indexés jusqu'à renégociation des tarifs. L'affaire avait coûté 2,2 milliards de dollars américains aux Etats-Unis avant que le président américain ne recule.

Par ailleurs, pas question d'accepter les "dérogations" nationales, alors que les Etats-Unis prévoyaient la possibilité de faire des exceptions négociées par pays, avec ceux qui sont considérés, dixit Donald Trump, comme "les vrais amis des Etats-Unis". L'Union européenne doit être considérée comme un bloc, sans exception, comme l'a déclaré ce matin le vice-président de la Commission européenne.