L'UE, l'asile et les droits de l'homme // Atlanta, capitale de l'Amérique noire, se mobilise pour Biden | PROGRAMME | DW | 28.10.2020
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L'UE, l'asile et les droits de l'homme // Atlanta, capitale de l'Amérique noire, se mobilise pour Biden

L'Union européenne est tiraillée entre la défense de ses valeurs humanitaires et la manière dont elle traite les migrants à ses frontières extérieures, c'est ce que souligne l'étude Remap. // Le vote anticipé pour l'élection présidentielle du 3 novembre a démarré aux États-Unis, notamment à Atlanta où la communauté noire se mobilise pour empêcher la réélection de Donald Trump.

L'Union européenne cherche depuis des années - en vain - à mettre en place une politique d'asile commune. En attendant, les contradictions sont de plus en plus visibles entre la défense affirmée des valeurs humanitaires et le traitement des migrants aux frontières extérieures de l'UE. 

Violences envers les migrants dans le "cul-de-sac bosnien"

"La police croate nous bat trop. Il y a deux jours, elle a utilisé des chiens d'attaque. Deux personnes ont eu une jambe et un bras coupés. La police croate n'est pas bonne."

Coups et blessures, le quotidien de nombreux migrants à la frontière croate

Coups et blessures, le quotidien de nombreux migrants à la frontière croate

Muhammed a fait une longue route depuis le Pakistan pour arriver aux portes de l'Union européenne. Mais comme beaucoup d'autres exilés, il a atterri dans ce qu'on appelle le "cul-de-sac" bosnien. À chaque fois qu'il a tenté de passer la frontière, il a été refoulé par des policiers croates et leurs méthodes brutales.

Dans le courant du mois d'octobre, une équipe du Conseil danois des Réfugiés a recensé environ 150 témoignages de migrants qui survivent dans des conditions extrêmement difficiles à la frontière croate. Ils viennent pour la plupart d'Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh ou du Maroc. Leurs témoignages sont accablants envers les autorités croates.

"Les témoignages que nous avons recueillis incluent des allégations de passages à tabac brutaux et prolongés, de personnes déshabillées et forcées à se coucher les unes sur les autres", rapporte Nicola Bay, directeur du Conseil danois des Réfugiés. 

Campements de fortune dans les forêts qui bordent la frontière croate

Campements de fortune dans les forêts qui bordent la frontière croate

"Certains ont décrit qu'ils ont été forcés à s'allonger sur des bûches, empilés les uns sur les autres. Leurs objets de valeur ont été confisqués, leurs biens personnels détruits ou brûlés. Dans deux cas, nous avons eu des rapports d'abus sexuels graves."

Même si les autorités de Zagreb démentent les violences systématiques infligées aux migrants coincés à la frontière croate, celles-ci sont un exemple de ce que vivent actuellement ceux qui tentent de rejoindre l'Europe par des voies irrégulières.

Des contradictions de plus en plus visibles

Un exemple révélateur des contradictions entre les valeurs que défend l'Union européenne et la politique d'asile qu'elle mène. C'est ce que souligne l'étude "Human Rights Challenges to European Migration Policy" – en abrégé "Remap", qui vient d'être publiée en Allemagne par l'Institut allemand des Droits de l'Homme.

"L'UE se considère comme promotrice des droits de l'homme mais souvent, elle ne répond pas à ses propres exigences", explique Frederik von Harbou, de l'Université Ernst-Abbe à Iéna, co-auteur de cette étude.

Un des exemples qui illustre les contradictions de l'UE en matière d'asile, c'est Frontex, l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures. En 2019, elle a été dotée de pouvoirs étendus pour sécuriser les frontières, notamment maritimes. Dans le même temps, un code de conduite a été instauré pour ses agents, dans lequel figure notamment l'interdiction des refoulements systématiques.

Frontex accusé de refouler des bateaux sur la Mer Égée

La police des frontières européenne est accusée de refouler des migrants en mer, ce qui est interdit

La police des frontières européenne est accusée de refouler des migrants en mer, ce qui est interdit

Mais Frontex est dans le viseur des organisations de défense des droits humains. Une enquête de plusieurs médias européens, dont l'ARD et le Spiegel en Allemagne, a révélé, preuves à l'appui, que des navires de Frontex ont été impliqués ces derniers mois dans plusieurs incidents de refoulement de bateaux de demandeurs d'asile sur la mer Egée, entre la Turquie et la Grèce.

S'il existe cette fois des preuves vidéo, ce n'est pas la première fois que Frontex est accusée par les ONG de vouloir empêcher les migrants de mettre le pied sur le sol européen. Une question à laquelle la radio publique Deutschlandfunk a confronté la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, lors d'une interview.

"Non, nous ne devons pas tout faire pour éloigner les réfugiés de l'Europe. Les gens ont le droit de déposer une demande d'asile. Nous avons nos traités, nous avons nos obligations internationales, nous avons notre système de valeurs pour défendre le droit d'asile. Et cela signifie que nous devons empêcher que des réfugiés soient renvoyés en mer. C'est pourquoi j'ai inclus dans la proposition que j'ai présentée la semaine dernière qu'il nous faut des nouvelles lois pour empêcher ces refoulements. Ces récits m'inquiètent beaucoup et ils sont en total décalage avec nos valeurs et nos traités."

Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures

Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures

C'est Ylva Johansson qui porte le projet de réforme du droit d'asile de la nouvelle commission européenne. Le Pacte sur la migration et l'asile avait pris du retard en raison de la crise sanitaire, mais il a fini par être présenté le 23 septembre dernier après une tournée de la commissaire dans les capitales européennes. Les 27 ministres européens de l'Intérieur en ont débattu une première fois la semaine dernière en visioconférence.

Un nouveau pacte migratoire en discussion en Europe 

Les discussions risquent de durer, tant les positions des États membres sont éloignées les unes des autres. Il y a ceux, comme la Pologne et la Hongrie, qui bloquent tout système de répartition équitable des demandeurs d'asile. À l'opposé, l'Italie ou la Grèce alertent depuis des années sur leurs difficultés à gérer les arrivées par la mer.

La faute au règlement de Dublin qui oblige les demandeurs d'asile à déposer leur dossier dans leur premier pays d'entrée en Union européenne.

Jusqu'ici, les demandeurs d'asile doivent déposer leur demande dans le pays par lequel ils sont entrés en UE

Jusqu'ici, les demandeurs d'asile doivent déposer leur demande dans le pays par lequel ils sont entrés en UE

C'est justement un des points qui doit changer avec le nouveau pacte migratoire. Les demandes d'asile devraient pouvoir être déposées dans un pays tiers si un membre de la famille du demandeur s'y trouve. En cas d'affluence inédite comme en 2015, les États membres devraient en outre avoir le choix entre accueillir des demandeurs d'asile ou prendre en charge le renvoi dans leur pays d'origine de demandeurs déboutés. Le traitement des demandes doit d'ailleurs être accéléré, en vue de renvoyer plus rapidement ceux qui n'ont pas la perspective d'obtenir l'asile.

Parallèlement, la Commission propose de renforcer les voies d'immigration légale pour favoriser la venue de main d'œuvre qualifiée. Un projet que soutient l'Allemagne, par la voix de son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer.

"De nombreux pays en Europe ont besoin de main d'œuvre qualifiée pour des emplois plus ou moins compliqués et je veux qu'on évite le détour de la procédure d'asile pour quelqu'un qui pourrait travailler ici. Nous devons créer des conditions légales comme celles que le gouvernement allemand a introduites avec les Balkans. Si vous avez un contrat de travail, vous pouvez venir travailler en Allemagne."

Pour une politique migratoire plus respectueuse des droits de l'Homme

Le nouveau pacte migratoire prévoit des procédures accélérées pour les expulsions

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La réforme du droit d'asile européen prévoit aussi l'installation de centres d'accueil aux frontières extérieures de l'UE, ainsi que des contrôles de sécurité plus poussés. Les auteurs de l'étude Remap appellent l'Union européenne à la vigilance, en particulier sur les conditions d'accueil dans ces centres qui ne doivent pas se transformer en prisons pour migrants. Frederik von Harbou, co-auteur de l'étude Remap, conclut sous forme d'un appel:

"Seule une politique migratoire conforme aux droits de l'homme peut être durable."

L'Allemagne, qui assure la présidence de l'UE jusqu'à la fin de l'année, espère parvenir début décembre à un accord de principe sur les "points clés" du nouveau pacte migratoire, et à une mise en œuvre législative dès le premier semestre 2021.

Contribution: Lisa Hänel

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La communauté noire d'Atlanta en campagne contre Trump

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L'élection présidentielle a lieu mardi 3 novembre aux États-Unis, mais de nombreux Américains ont déjà voté – y compris le président sortant Donald Trump qui brigue un nouveau mandat. La Géorgie, dans le sud-est du pays, fait partie des États qui ont ouvert le vote anticipé depuis deux semaines.

Sa plus grande ville, Atlanta, est regardée de près, car elle pourrait faire basculer cet État-clé dans le camp démocrate, quatre ans après la victoire de Donald Trump avec moins de 200 000 voix d'avance. 

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