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Lynchages et meurtres ethniques en RDC

Zanem Nety Zaidi
12 juillet 2024

La région de Lubero, Beni ou Butembo connaît un regain de violences. Une dizaine de personnes soupçonnées de soutenir le M23 ont été tuées arbitrairement.

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Un homme marche, passant à coté d'une moto, dans une rue de Beni
Certaines rues du Nord-Kivu sont devenues encore plus dangereuses ces derniers jours pour certains habitantsImage : Delphin Mupanda/Xinhua/IMAGO

Dans l'est de la République démocratique du Congo, principalement dans la région de Lubero, Beni et Butembo, les cas de lynchage ou de meurtre sur des bases ethniques se sont multipliés ces derniers jours. Plusieurs personnes ont été assassinées parce qu'elles étaient soupçonnées de collaborer avec les rebelles du M23 qui progressent dans cette partie de la RDC. Toutes appartenaient à la minorité des tutsis congolais. Un climat de paranoïa et de xénophobie s'est installé dans la région. Au moins neuf personnes ont été tuées. 

"Une ethnie suspecte"

Des rebelles du M23 armés patientent au bord d'un champ, lourdement armés
En cette fin de semaine, la trève annoncée entre le M23 et les forces congolaises semblait très fragile, des combats ayant été signalés au nord-ouest de GomaImage : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Les violences contre cette ethnie ne sont pas nouvelles dans la région. Les Tutsis congolais sont une communauté souvent perçue comme soutenant les intérêts des autorités rwandaises qui arment le M23. Certains habitants de Lubero n'hésitent pas à affirmer que "toute personne ayant une apparence physique qui rappelle celle de l'ethnie tutsi est suspecte", de même que celles qui ne parlent pas le kinande, la langue locale dans la région. "Ces derniers temps, quand on est face à quelqu'un qu'on ne connaît pas, il faut toujours s'en méfier", raconte Paluku Maliro, un habitant de Lubero. "Vous savez, en RDC, il y a plus de 450 langues et dialectes, donc une personne qui ne sait pas parler notre langue maternelle, le kinande, dans cette région, doit nous prouver qu'elle n'est pas du côté de l'ennemi. "

Appels au calme

La société civile locale évoque un climat de xénophobie parmi les habitants de la zone qui, face à la progression du M23, soupçonnent tous ceux qu'ils ne connaissent pas et ont les caractéristiques physiques des tutsis. Pépin Kavotha, membre de la société civile, évoque des crimes qui visent à briser la cohésion de la population, avant d'appeler au calme. "La citoyenneté responsable nous recommande de nous accepter mutuellement", insiste-t-il. "Ce n'est pas parce que quelqu'un ne parle pas votre langue qu'il devrait être considéré comme un ennemi. Je condamne ces agissements, car ils brisent l'union et la cohabitation que nous devons cultiver. "

Un appel à l'unité soutenu par le commissaire supérieur Ngongo Mayanga, l'une des autorités de l'état de siège dans la région de Beni. "Au lieu de renforcer le nationalisme, vous reculez encore au niveau des tribus, alors que nous en avons plus de 450", déclare-t-il au micro de la DW. "Réduire une question d'une aussi haute importance au niveau des tribus, c'est bloquer le développement de notre entité. C'est une antivaleur qu'il faut à tout prix combattre".

Ces meurtres ont commencé après la prise par le M23 de plusieurs localités, dans la partie sud du territoire de Lubero. Redoutant qu'il y en ait de nouveaux, les organisations locales tentent de dissuader les habitants de céder à toute forme de haine tribale.