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L’opposition béninoise en rang dispersé face à Patrice Talon

Rodrigue Guézodjè
11 février 2021

À deux mois de la présidentielle, les forces de l’opposition ont de la peine à s'accorder, notamment sur leur candidat unique et la stratégie à adopter face au pouvoir de Patrice Talon.

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L'atmosphère se tend au Bénin, surtout depuis l'ouverture du dépôt des candidatures. L'opposition en rang dispersé.
L'atmosphère se tend au Bénin, surtout depuis l'ouverture du dépôt des candidatures. L'opposition en rang dispersé.Image : DW

La situation a pour conséquence, la multiplicité de candidatures dans le camp de l’opposition, même si la liste définitive des candidats n'est pas encore rendue publique. Cette situation pourrait la fragiliser davantage et provoquer l'échec de sa bataille contre le pouvoir en place.

L’opposition béninoise était déjà secouée par des querelles intestines avant la mise en route du processus. A deux mois de la présidentielle du 11 avril 2021, l'opposition semble donc de plus en plus confrontée à des dissensions internes.

La multiplicité de candidatures au sein de l’opposition

Les divisions sont devenues encore plus profondes avec la mésentente sur la désignation du duo de candidats communs pour la coalition de l'opposition. Un échec que n'a pas digéré Joël Aïvo, candidat du Front pour la restauration de la démocratie.

"Si vous êtes divisés contre vous-même, c'est que vous allez faciliter la tâche à l'adversaire" (Joël Atayi-Guèdègbé)

"Nous sommes cinq entités politiques dans le Front, nous avons convenu d'avoir une dynamique d'ensemble, de rester cohérent, de représenter le collectif de l'opposition et de présenter la même offre politique qui soit une offre qui fasse rétablir la démocratie. Nous sommes restés, nous ; nos amis les Démocrates ont fait un autre choix", déplore Joël Aïvo.

L'opposition à elle seule aura finalement dégagé une multitude de candidatures, dont deux duos issus du même parti ''les Démocrates''.

Ce que ne conçoivent pas les responsables dudit parti. Ceux-ci accusent le régime en place d'orchestrer ces divisions pour les affaiblir.

"Fidèle à sa politique de corruption qui lui a permis d'inféoder le parti FCBE d'alors, devenu le 3è bloc du président sortant, le pouvoir a instrumentalisé certains de nos militants en voie d'être exclus pour recevoir le parrainage et représenter le parti ''les Démocrates'', a déclaré Alassane Tigri, le 3è vice-président.

C'est donc en rang dispersé qu'elles mènent leur lutte, ces différentes composantes de l'opposition, dont certaines seraient assurées de répondre aux exigences du code électoral, avec les parrainages requis.

Pas de stratégie commune

Rarement la division est porteuse, surtout à la veille d'une compétition aussi majeure que celle du 11 avril, fait observer l'analyste Joël Atayi-Guèdègbé.

C'est la fièvre électorale dans le camp du président sortant, Patrice Talon.
C'est la fièvre électorale dans le camp du président sortant, Patrice Talon. Image : DW

 "Si vous êtes divisés contre vous-même, c'est que vous allez vous combattre et même faciliter la tâche à l'adversaire qui n'en demande pas mieux. Reste à savoir si ce n'est pas un cheval de Troie que l'adversaire a pu malicieusement introduire en leur sein, mais là également ils ne sont pas amendables, parce qu’ils auraient dû prendre les dispositions pour se méfier de ce genre de manipulation", estime Joël Atayi-Guèdègbé.

Il reste peut-être encore du temps pour ressouder les liens et redéfinir de nouvelles stratégies avant le scrutin pour lequel un peu plus de 5,5 millions d'électeurs sont inscrits.

Et en prélude à cette élection du 11 avril, la Cour constitutionnelle a constitué, conformément à la loi, un collège de trois médecins qui sont chargés de certifier l'état général de bien-être physique et mental des candidats au poste de président et de vice-président. Il s'agit d'un cardiologue, d'un psychiatre et d'un interniste qui ont prêté serment mercredi.