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L'influence de l'Iran attise la colère en Irak

28 novembre 2019

Les manifestants dans le sud de l’Irak scandent "Iran dehors" ou encore "L’Irak vaincra"… Explication de cette hostilité au grand voisin perse.

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Nassiriya Irak
A Nassiriya, manifestant anti-gouvernementalImage : Reuters

Les derniers chiffres font état de 22 personnes tuées dans la répression des manifestations depuis jeudi matin.

En tout, plus de 350 personnes sont mortes et 15.000 ont été blessées depuis le début de la contestation en Irak.

La ville de Najaf, à 160 kilomètres au sud de Bagdad, est désormais placée sous couvre-feu. Des militaires encerclent la ville, suite à l’incendie, mercredi, du consulat iranien par des manifestants.

Irak Proteste - Iranische Botschaft in Brand gesetz
Incendie d'une représentation iranienne à NajafImage : AFP/H. Hamdani

La même chose était arrivée à Kerbala, il y a quelques mois, ou à Nassiriya ce matin.

Des renforts ont été envoyés par les autorités de Bagdad dans les gouvernorats du sud pour "restaurer l’ordre". Mais pourquoi 

Les "Iran cables": 700 pages compromettantes

L’influence de la République islamique en Irak est établie par des documents – plus de 700 pages – publiées il y a quelques jours par le quotidien américain New York Times et le site The Intercept.

Les "Iran cables" rassemblent des rapports et des messages qui remontent pour la plupart à 2014 et 2015, et ont fuité des renseignements iraniens (VEVAK).

Cette influence iranienne est d’abord d’ordre politique.

Des agents irakiens ont pu être retournés par l’Iran et le Premier ministre actuel, Adel Abdel-Mehdi, tout comme son chef de la diplomatie, entretiennent une "relation spéciale" avec Téhéran, d’après un document publié par la presse.

Les intérêts de l'Iran

Avec un volume d’échanges commerciaux de 10,57 milliards d’euros par an avec l’Irak, le pouvoir iranien a intérêt à aider les responsables irakiens actuels à se maintenir au pouvoir.

Face aux manifestations qui se multipliaient en Irak, fin octobre, le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a appelé "ceux qui se sentent concernés" à "répondre à l'insécurité".

C’est aussi le général iranien, commandant des forces Al-Qods des Gardiens de la Révolution islamique, qui dirige les réunions secrètes entre le leader sunnite Moqtada Sadr et le fils de l’ayatollah chiite al-Sisteni. 

Objectif : permettre à ce que le gouvernement irakien puisse venir à bout de la contestation, quitte à employer la manière forte.

Manifestation à Bagdad
Manifestation à BagdadImage : picture-alliance/dpa/A. Al Mohammedaw

L'Irak déchiré

Enfin, l’Irak est pris en étau dans la compétition régionale que se livrent l’Arabie Saoudite et l’Iran. Bagdad a besoin du soutien économique renforcé du roi saoudien, allié des Etats-Unis.

Mais il ne peut mettre un terme à sa coopération avec la République islamique et répondre aux demandes américaines d’embargo : l’Irak dépend pour 15% de sa consommation du gaz iranien et a contracté auprès de l’Iran, son troisième partenaire commercial, 1,7 milliard d’euros de dettes (des impayés énergétiques).

Outre les incendies de représentations diplomatiques iraniennes en Irak, de nombreux manifestants à travers le pays appellent au boycott des produits iraniens.