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L'Europe se prépare à un automne social chaud

Jean-Michel Bos1 octobre 2012

Portugal, Espagne, Grèce et France : les manifestations se multiplient depuis la rentrée. Elles dénotent l'exaspération d'une partie de la population qui subit de plein fouet les réformes imposées par Bruxelles.

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Protestors shout slogans as they fill up Neptuno Square during a demonstration against government austerity measures in Madrid September 29, 2012. REUTERS/Sergio Perez (SPAIN - Tags: POLITICS CIVIL UNREST BUSINESS)
Madrid Demonstration gegen SparpolitikImage : Reuters

L'Espagne a connu la semaine dernière d'importantes manifestations qui ont été marquées par une extrême violence avec des affrontements spectaculaires entre la police et les manifestants. Heureusement, aucun blessé grave n'a été à déplorer mais cette colère sociale est bien la preuve de l'exaspération d'une partie des populations européennes durement touchées par des reductions des dépenses publiques qui frappent avant tout les fonctionnaires et les retraités. Mais s'étendent aussi à toute la société en rognant les budgets consacrés à l'éducation ou la santé.

Parmi les mesures annoncées par le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, il en est une qui parait anecdotique et qui pourtant résume bien combien hélas ce sont toujours les même qui payent. Désormais, les gagnants de la loterie nationale, jusque-là exonérés d'impôts, devront acquitter une taxe de 20% sur leurs gains. Ce sont toujours les même qui payent car en général ce sont les petites gens qui jouent au loto et le bienheureux qui aura eu la chance de gagner mettons 5 000 euros devra désormais en verser 1000 à l'État ! Six ans de récession

Supporters of the Greek Communist party march to the parliament during a 24-hour labour strike in Athens September 26, 2012. Flights and trains were suspended, shops pulled down their shutters and hospitals worked on emergency staff on Wednesday in Greece's first big anti-austerity strike since a coalition government took power in June. REUTERS/John Kolesidis (GREECE - Tags: POLITICS BUSINESS EMPLOYMENT CIVIL UNREST)
Grève générale en Grèce le 29 septembre dernierImage : Reuters

Exaspération sociale aussi au Portugal où les manifestants – c'est assez rare pour le noter – sont parvenus à faire reculer le gouvernement sur un projet d'augmentation des cotisations acquittées par les salariés. Colère sociale encore mais aussi abattement en Grèce où le pays, étouffé par les injonctions de Bruxelles, va connaître sa sixième année de récession consécutive. Rendez-vous compte : l'économie grecque s'est contractée de 25% depuis le début de la crise en 2008 ! Grogne sociale enfin en France où des dizaines de milliers de manifestants se sont retrouvés dans la rue le week-end dernier pour protester contre le pacte budgétaire qui va graver dans le marbre la règle du zéro déficit et donc de l'austérité nécessaire pour y parvenir.

Voilà où nous en sommes en Europe où jamais le fossé n'a paru aussi grand entre des populations qui souffrent et une élite politique qui peine à prendre des mesures pour les soulager. Tous les ingrédients d'un cocktail explosif sont réunis. Manque de dialogue social

Protestors hold placards as they fill up Neptuno Square during a demonstration against government austerity measures in Madrid September 29, 2012. REUTERS/Sergio Perez (SPAIN - Tags: POLITICS CIVIL UNREST BUSINESS)
Manifestations à Madrid la semaine dernièreImage : Reuters

Nous restons sur ce thème de la grogne sociale dans les pays du Sud de l'Europe. Pour tenter d'avoir une explication ou du moins une interprétation, nous avons donné la parole aux syndicats – ce qui n'est finalement pas si souvent le cas. Nous avons donc demandé à la Confédération européenne des syndicats quelle était sa lecture de la crise et plus particulièrement, nous avons demandé à Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, si ces manifestations était bien le signe d'un ras-le-bol des opinions publiques.

La réponse a été sans surprise. La Catalogne vers l'indépendance ?

A man holds a catalan independentist flag 'la senyera' during a potest of the No Vull Pagar (I don't want to pay) movement during a demostration in Mollet's toll on July 29, 2012 in Mollet del Valles near Barcelona. Followers of the pressure group No Vull Pagar (I don't want to pay) who refuse to pay highway tolls, demonstrated against the toll company Abertis, owned by La Caixa. AFP PHOTO/JOSEP LAGO (Photo credit should read JOSEP LAGO/AFP/GettyImages)
Un partisan de l'indépendance brandit un drapeau catalan à BarceloneImage : AFP/Getty Images

C'était Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. Et nous restons en Espagne où une majorité de Catalans se disent indépendantistes. Une tendance qui s'alimente notamment d'un sentiment d'injustice : selon le gouvernement régional, la Catalogne, région la plus riche d’Espagne, perdrait chaque année 16 milliards d'euros à cause du système fédéral de répartition.

Artur Mas, le président de la Catalogne, demandait jusqu'à présent une fiscalité plus juste pour la Catalogne mais il se voit désormais obligé de défendre l'indépendance. Beaucoup considèrent en effet que sans l'Espagne, la Catalogne se sortirait beaucoup plus rapidement de la crise.

C’est un reportage d’Henry de Laguérie.