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L'Europe et l'Allemagne face aux violences racistes

Hiva Nusseibeh | Clarissa Herrmann
1 septembre 2018

Alors que l'Allemagne a connu une vague de manifestations racistes à Chemnitz cette semaine, c'est toute l'Europe qui fait face à des agressions violentes et à une montée des partis d'extrême droite.

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Deutschland Demonstration der rechten Szene in Chemnitz
Manifestation raciste à Chemnitz lundi 27 février. Image : picture-alliance/AP Photo/J. Meyer

Alors que l'Allemagne s'inquiète après les manifestations racistes de Chemnitz, d'autres pays européens ont connu ces dernières semaines des violences racistes, comme par exemple en Italie ou en Belgique, avec des agressions parfois meurtrières commises contre des migrants. Même si les crimes racistes ne sont pas en hausse en Europe, la violence reste incontestable. Par ailleurs, les partis d'extrême droite remportent des succès électoraux dans tout le continent.

Plusieurs agressions cette semaine

Cette semaine, alors que la situation était tendue à Chemnitz dans l'est de l'Allemagne, un migrant a aussi été victime d'insultes xénophobes puis tabassé par trois personnes à Wismar, dans le nord de l'Allemagne. En Belgique, à Aarschot, un autre incident xénophobe s'est produit dimanche dernier, le 26 août. Un jeune garçon de 15 ans a été agressé par deux femmes et un homme sur le quai d'une gare. L'épisode a été filmé et partagé sur les réseaux sociaux : on y voit l'adolescent se faire jeter sur les rails, poussé par l'homme, avant qu'une bagarre n'éclate.

Italien Anhänger von Forza Nuova geraten in Macerata mit der polizei aneinander
Des manifestations racistes ont aussi eu lieu en Italie, ici en février.Image : picture alliance/AP Photo/F. Falcioni

En Italie, tandis que le gouvernement populiste a refusé à plusieurs reprises d'accueillir des bateaux qui avaient recueilli des migrants en mer, le pays a été secoué cet été par une série d'attaques racistes, dont une s'est soldée par la mort d'un Marocain, violemment agressé. 

"Je remarque le racisme, je le remarque par les regards, par les mots ou encore par l'attitude des gens", confie Amin Nour, metteur en scène et comédien à Rome, arrivé de Somalie à l'âge de quatre ans. Bien qu'il se sente parfaitement italien, le racisme ressenti au quotidien lui fait peur. " Il faut le dénoncer sans violence. D'un côté j'ai peur, de l'autre je veux aussi m'exprimer, parce que je ne veux pas m'enfuir. J'ai déjà dû m'enfuir une fois", raconte-t-il.

Pas d'augmentation des actes de violence

Borussia Dortmund - Bayern München 1:0
Des actes racistes, ici avec des jets de bananes, ont parfois lieu dans les stades de football européenes.Image : picture alliance/dpa/Revierfoto

Devant ces incidents, est-il possible d'évoquer une augmentation des actes de violence raciste en Europe ? Selon Bénédicte Laumond, docteur en science politique et chercheuse au centre Marc Bloch à Berlin, il est difficile d'affirmer que la xénophobie est en augmentation. Des études ont même montré que le taux de racisme reste relativement stable. "Par contre on observe effectivement depuis plusieurs années le succès de parti radicaux de droite ou de mouvements radicaux", explique-t-elle.

La chercheuse explique qu'il est donc possible, à l''échelle d'un pays, d'avoir des taux de xénophobie qui restent stables voire qui diminuent un petit peu, tout en ayant soit des explosions de violences qui sont très visibles dans l'espace public comme c'est le cas à Chemnitz, ou bien des parti radicaux de droite comme l'AfD en Allemagne qui peuvent, sur quelques années, connaître des succès électoraux.

Le poids des réseaux sociaux

Soziale Medien Facebook AfD
Les partis d'extrême droite, comme l'AFD en Allemagne, utilisent régulièrement les réseaux sociaux pour propager des idées racistes. Image : picture-alliance/dpa/F. May

En France, le Service central du renseignement territorial (SCRT) observe une baisse des faits racistes de près de 15 % de 2016 à 2017. Même chose en Allemagne où l'Office fédéral de protection de la constitution confirme également que les actes de violence à caractère racistes sont en recul : de 34,1% de 2016 à 2017. Mais le risque potentiel de crimes resterait considérable, selon l'Office fédéral. Car les mouvements d'extrême-droite utiliseraient très professionnellement les médias et les réseaux sociaux pour propager leurs idées.