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Les économies africaines fragiles face au Covid-19

Carole Assignon
27 mars 2020

Alors que les pays riches débloquent d'importants fonds pour soutenir leurs entreprises, les pays pauvres sont plus démunis. Les spécialistes s'inquiètent déjà des répercussions économiques et sociales du virus.

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Corona-Krise Südafrika Pretoria Vorratskäufe in Supermarkt
A Pretoria, en Afrique du Sud, les gens font aussi leur marché plutôt deux fois qu'uneImage : AFP/P. Magakoe

'Nos pays n'ont pas le budget pour soutenir les entreprises.' (F. Ndikumana) - MP3-Stereo

Pour contrer les répercussions sociales, économiques et financières de la pandémie de Coronavirus Covid-19, Etats et institutions financières mettent la main à la poche : le G20 a promis 5.000 milliards de dollars, les États-Unis plus de 2.000 milliards de dollars et en Allemagne, c'est un plan de soutien de 1.100 milliards d'euros qui a été mis en route. Des sommes conséquentes qui, une fois débloquées, doivent redonner aux investisseurs un peu de sérénité.

Si dans les pays riches, les Etats et institutions adoptent des plans d'urgence pour soutenir leurs économies, l'inquiétude monte en ce qui concerne les pays moins riches, notamment africains. La crise sanitaire liée au Coronavirus pourrait les appauvrir davantage selon l'économiste Faustin Ndikumana (pour la version audio, cliquez sur l'image ci-dessus)

Faustin Ndikumana : "L'Afrique va avoir beaucoup de problèmes avec le fait de manquer de matières premières alors qu'elles constituent l'essentiel de ses ressources. Beaucoup de pays en Afrique vivent aussi essentiellement du tourisme. Le tourisme, vous savez, il est très perturbé avec le Coronavirus. Il y a aussi cette tentative de confinement. Or, la plupart des ressources budgétaires et aussi des taxes intérieures des pays en Afrique sont des taxes sur les marchandises donc des taxations indirectes. S'il n'y a pas de vente, s'il n'y a pas de retombées économiques, c'est un problème énorme." 

Des budgets trop serrés

Faustin Ndikumana : "Au niveau des dépenses, rien n'est prévu dans des budgets déjà fragiles, déficitaires. Au niveau de la santé déjà, on faisait face à des problèmes pour pouvoir endiguer des maladies comme la malaria, la tuberculose, le sida, le choléra ... si on ajoute le Coronavirus, le coût sera vraiment élevé. Cela veut dire que nos pays n'ont pas de budget pour, par exemple, soutenir les entreprises, pour soutenir les ménages."

DW : "Plusieurs pays africains ont annoncé la création de fonds de soutien. Il y a par exemple le Nigeria qui parle de 121 millions d'euros. Est-ce que ces fonds de soutien seront vraiment efficaces et quel impact justement sur les différents secteurs d'activité ?"

Risque de drame humanitaire

Faustin Ndikumana : "Bon, ce sera peut-être une tentative. Je crois que c'est une situation difficile. Il faut plutôt une coopération internationale pour soutenir les pays pauvres au niveau financier (...). Il faut se mobiliser, sinon on ne pourra pas supporter, ce sera un drame humanitaire en Afrique."

DW : "Justement, les institutions internationales mettent la main à la poche. La Banque mondiale par exemple mobilise 12 milliards de dollars à destination notamment des pays en développement. Est-ce qu'on ne va quand même pas vers un endettement de plus du continent ?"

Faustin Ndikumana : "Bon, 12 milliards, d'accord mais c'est encore très peu. Il faut vraiment cette solidarité sinon je ne vois pas comment l'Afrique pourra faire face à cette épidémie, à voir comment les populations africaines vivent."

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique