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"Les Soudanais méritent respect et solidarité de Berlin"

Hugo Flotat-Talon
12 avril 2019

La presse allemande applaudit les Soudanais en cette fin de semaine après le renversement du président Omar El-Béchir. Il est aussi question d'engagement militaire de l'Allemagne en Afrique et de musique.

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Ala'a Salah était en photo dans de nombreux journaux allemands cette semaine
Ala'a Salah était en photo dans de nombreux journaux allemands cette semaineImage : Getty Images/AFP

Chute d'Omar el-Béchir, nomination d'un président par intérim en Algérie... L'actualité africaine a largement résonné à l'international cette semaine et, évidemment, aussi dans la presse allemande. Rares sont d'ailleurs les semaines où l'Afrique fait autant parler d'elle dans le monde entier ! Et en bien.

"Le nouveau Soudan", titre la Tageszeitung de vendredi. "Le peuple soudanais mérite le respect pour le renversement d'un des pires despotes", dit le journal. Sur sa Une, une très belle photo d'Ala'a Salah, l'icône féminine de la contestation face à Omar el-Béchir. 

L'icône de la contestation soudanaise

Elle se tient debout sur une voiture face à des manifestants qui font le V de la victoire au lendemain de la chute du désormais ancien président soudanais. Le journal évoque ces femmes, "elles surtout qui se sont battues pour tenter un changement démocratique". 

"Ce peuple mérite le respect de l'Allemagne et de l'Europe ainsi que notre solidarité", renchérit la Süddeutsche Zeitung.

"C'est un séisme arabe", écrit de son côté la Frankfürter Allgemeine Zeitung. Le quotidien rappelle la chute récente de Bouteflika et maintenant celle du dictateur soudanais. "L'un des pires despotes d'Afrique fera bientôt partie de l'histoire", s'emballe la Taz.

Et maintenant ?

Mais passées les félicitations, les encouragements, les journaux disent aussi leurs craintes et tentent d'analyser la situation pour l'avenir. "Ou les situations, car on ne peut pas comparer les pays même si les causes des colères sont souvent les mêmes", dit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "En Algérie les militaires n'ont pas trouvé de plan, alors qu'ils semblent avoir l'espoir de garder le pouvoir au Soudan", poursuit le quotidien.

"Après la Tunisie, l'Egypte et la Libye en 2011, les soulèvements en Algérie et la Soudan ont forcé la chute des dirigeants de longue date. Est-ce que cela annonce la démocratie comme en Tunisie, un régime militaire comme en Egypte ou une guerre civile comme en Libye ?", demande la Taz. "Les trois options semblent ouvertes", répond le quotidien, prudent. "Les manifestants veulent des régimes civils, l'égalité, la fin de la corruption. Ça se passe en Algérie et au Soudan en ce moment. D'autres pays suivront", conclut la FAZ.

Engagement militaire allemand en Afrique

Dans la presse aussi cette semaine, un papier de la Taz intéressant. Il raconte l'histoire de l'engagement militaire allemand en Afrique. "Un engagement démultiplié en une décennie", écrit le journal. Il évoque le Mali, où la Bundeswehr est présente depuis 2013. "À l'époque c'était un geste de soutien au régime de Bamako et à la France qui cherchait désespérément un soutien après une intervention militaire éclair afin de réduire le fardeau de ses propres forces armées", décrypte le journal.

Mais aujourd'hui, si l'Allemagne s'engage en Afrique ce n'est pas seulement pour Paris. "Ces engagements humanitaire et sécuritaires de Berlin sur le continent ont en commun le besoin de sécurité allemand et européen", poursuit le quotidien. "L'Allemagne est consciente des limites de son action et de ses moyens face à la Chine, mais peut-être serait-il judicieux de multiplier les contacts politiques, culturels économiques et si possibles sécuritaires", écrit un des quotidien les plus lus d'Allemagne. Un signe de plus de l'intérêt croissant que portent les Allemands au continent. 

De l'Ethiopie aux clubs techno allemands

Deutschland Hailu Mergia in Köln
Hailu Mergia lors d'un concert à Cologne en 2016Image : DW/T. Waldyes

Et puis, c'est l'histoire d'une bataille. Une bataille sur des airs de jazz, contre les rebondissements de la vie. Celle de Hailu Mergia, musicien éthiopien de 72 ans dont la FAZ dressait le portrait mercredi. 

Le journal raconte la phase créative à Addis Abeba dans les années 60. "Une phase où de nombreux musiciens combinaient la musique pop occidentale avec des gammes, des rythmes, des styles de chant et en partie aussi des instruments typiquement nationaux." Hailu Mergia était de ces musiciens. Il se fait connaitre d'un public international en jouant le soir et la nuit à l'hôtel Hilton d'Addis. Ce sont les débuts de Walias Band.

Deutschland Hailu Mergia in Köln
Hailu Mergia est âgé de 72 ansImage : DW/T. Waldyes

Du jazz, de la soul qui doivent cesser en 1974 avec le gouvernement socialiste qui débarque et harcèle la scène culturelle. "Hailu Mergia profite d'une tournée à l'étranger pour s'installer aux Etats-Unis", raconte la FAZ.

Mais il joue peu et devient même chauffeur de taxi pour vivre. Cependant la musique ne le quitte pas. "Il profite des pauses pendant le travail ou des temps d'attente pour jouer sur son piano qu'il a toujours dans le coffre", raconte le quotidien. Au fil des rencontres, ses anciens albums de Hailu Mergia sont redécouverts au fil des ans, réédités. Il sort même un nouvel album en 2018 et des titres sont repris par des artistes techno.

L'éthiopien s'est produit à Hambourg et à Berlin cette semaine. "Que Hailu Mergia ait, une fois de plus, été reconnu par un public beaucoup plus jeune et branché est largement mérité", écrit la FAZ qui raconte encore qu'à 72 ans Hailu Mergia devrait arrêter de conduire un taxi. "Il a besoin de temps pour faire de la musique."

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_