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Les législatives de nouveau repoussées au Tchad

Blaise Dariustone
8 juin 2020

La Covid-19 et la saison des pluies expliqueraient cet énième report pour l'an prochain. Les populations déplorent un manque de volonté politique.

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Les candidats à la députation vont encore attendre avant de siéger au parlement
Les candidats à la députation vont encore attendre avant de siéger au parlement Image : DW/B. Dariustone

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) annonce de nouveau le report des élections législatives. Ces élections n’auront plus lieu en décembre 2020 comme prévu mais probablement en avril 2021, à la même période que l’élection présidentielle.

C’est la cinquième fois consécutive que le Tchad reporte les élections législatives, alors que le mandat de l’actuelle Assemblée nationale a pris fin depuis juin 2015.

Législatives avant ou après la présidentielle ?

 Si l'argument du manque de moyens financiers a été toujours brandi pour justifier les reports des élections législatives au Tchad, cette fois-ci c’est un autre motif qui est avancé. La pandémie de la Covid-19 et la saison des pluies ne permettraient pas l’enrôlement des électeurs comme prévu.

Ceci hypothèque donc la tenue de ces élections en décembre 2020. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) propose leur report en avril 2021. Mais à cette date, le Tchad est censé également organiser l’élection présidentielle.

La commission électorale demande à la classe politique de s'entendre
La commission électorale demande à la classe politique de s'entendreImage : DW/B. Dariustone

Une équation difficile pour la Céni qui demande à l'opposition et à la majorité présidentielle de se déterminer.

 "Le nouveau calendrier nous amène à proposer aux acteurs politiques le mois d’octobre pour l’enrôlement parce qu’on ne peut pas enrôler les électeurs pendant la saison des pluies. Et à un certain niveau, il faut 45 jours avant de convoquer par exemple le corps électoral. Toutes ces dates mises bout à bout nous amènent à mi-avril. Or, mi-avril, logiquement ça doit être les élections présidentielles. Alors, nous avons proposé aux acteurs politiques de se déterminer et de nous dire laquelle des élections doit passer en premier.", explique Kodi Mahamat Bam, président de la commission électorale.

De « report en report »

Une annonce qui suscite des critiques chez de nombreux citoyens à l’exemple de l'enseignante Sinfa Sylvie qui pointe du doigt  le manque de volonté politique :

"Cela fait bientôt cinq ans qu’on va de report en report. Je pense qu'il n'y a pas de volonté politique d'organiser des élections législatives au Tchad. Est-ce que la Céni n'avait pas tenu compte de la saison des pluies avant de fixer son calendrier, pour évoquer aujourd'hui la saison des pluies qui justifierait le report de ces élections? Je pense que c’est un jeu, les Tchadiens ne sont pas dupes."

Un avis que partage également l’étudiant Moïse Bar Rayam. Il estime qu’"avant on a dit qu’il n’y avait pas d'argent. Maintenant que les partenaires acceptent de financer le processus électoral, on évoque le coronavirus ou la saison des pluies. Il y a le coronavirus partout mais les gens organisent des élections. Cet argument ne tient pas".

Mais pour de nombreux observateurs, ces élections législatives ne pourront avoir lieu en avril 2021. Car, selon eux, le président  Idriss Deby  Itno, qui tient à ce que sa légitimité ne soit pas contestée, n’acceptera pas l’organisation des législatives avant la présidentielle.