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L'exploitation minière dénoncée dans les journaux allemands

Hugo Flotat-Talon
22 septembre 2017

Depuis près de cinquante ans la sociéte français AREVA exploite de l'uranium au Niger. Une exploitation qui engendre de graves problèmes pour les populations sur place, dénoncés par la presse allemande cette semaine.

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Niger Uranabbau Areva Uranmine in Arlit
Image : ISSOUF SANOGO/AFP/Getty Images

Un scandale "inexcusable", raconte le journal très orienté à gauche Neues Deutschland. Celui de l’entreprise français Areva, anciennement la COGEMA. Elle exploite notamment de l’Uranium au Niger "depuis 1968", raconte le journal. Il interroge Almoustapha Alhacen, président de l’organisation non-gouvernementale Aghir in man, "La protection de l’esprit". Une ONG qui se bat "contre la contamination de l’eau et des sols par les déchets radioactifs". Almoustapha Alhacen raconte comment les travailleurs sur place manipulaient l’uranium radioactif à mains nues au début de l'exploitation ! "On disait juste aux gens de se laver les mains avant de manger", raconte-t-il. Avant de poursuivre : "Entre 1998 et 2000 on a dénombré parfois plusieurs morts par jour".


Heureusement, depuis, face à la pression des ONG, les choses se sont un peu améliorées. Sur le papier en tous cas... Areva s’est engagé à nettoyer une partie des déchets radioactifs : "Mais rien n’a bougé depuis 2014", s’insurge Almoustapha Alhacen. "2600 employés d’Areva gagnent bien leur vie et ont une sécurité sociale. À coté des centaines d’autres ne gagnent que 30 euros par mois et ils n’ont accès, ni à l’électricité, ni à l’eau, en rentrant chez eux.
Pour Areva tout va bien. L'entreprise a réussi à prolonger son contrat d'exploitation avec le gouvernement. Elle se bat simplement contre une hausse des impôts prévue sur son activité. De 5,5% à 12%.

 

Des "esclaves modernes" africains en Italie

Italien illegale Arbeiter bei der Tomatenernte
Image : picture alliance/ROPI


Dans la presse allemande aussi, un autre scandale dénoncée par la Frankfurter Allgemeine Zeitung ce vendredi. Et là ça se passe directement sur le sol européeen, dans la région des Pouilles en Italie. Le journal suit un syndicaliste qui sillonne les champs de tomates cultivées sur place avant d'être revendues dans toute l'Europe. Des travailleurs venues d'Afrique s'affairent dans les champs pour remplir des caisses de tomates. "300 kilos par caisse", payée 3 euros 50, raconte le journal, "soit en moyenne de 23 à 25 euros par jour quand le salaire minimum par heure est normalement de 7 euros 80 en Italie".
Ces "esclaves modernes" comme les appelle le journal seraient entre "70 et 80.000" dans la région, souvent pas déclarés à l'administration. Dans le reportage de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le syndicaliste Raphaele offre des bouteilles d'eau à ces travailleurs des champs avec un numéro de télephone collé dessus pour pouvoir les aider s'ils veulent. Raphaele espère pouvoir soutenir quelque uns de ces travailleurs avant l'hiver. Saison que beaucoup passeront en Calabre, pour récolter les oranges. Là-bas "les conditions de travail sont encore plus mauvaises". 

 

Bataille contre les perruques coloniales

Richter Nicolas Bratza, zukünftiger Präsident des Europäischen Gerichtshofs für Menschenrecht
Image : picture alliance/Photoshot

L'article était en Une de la Süddeutsche Zeitung ce jeudi. "Un héritage velu", titre le journal en racontant "la bataille des juristes africains contre le port de la perruque au tribunal". Une vieille coutume qui date encore de l'époque colonialiste anglaise. "Un élément inutile et archaïque", peste une avocate du Zimbabwe. Le journal revient sur cette époque où les juges coloniaux blancs et leurs perruques condamnaient à mort ceux qui se battaient pour l'indépendance.

Une indépendance désormais acquise, mais où la tradition de la perruque perdure. "On ne peut évidemment pas acheter de perruques noires aux entreprises anglaises qui les fabriquent, ça n'existe pas", fait remarquer une avocate qui entre dans un tribunal où il n'y a même pas d'ordinateur. "La perruque ne fait ni avancer la jurisprudence et n'aide pas non plus à réfléchir", dit-elle.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_