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Les Ivoiriens partagés sur la justice internationale

Julien Adayé
17 juillet 2017

Le 17 juillet est la journée de la Justice Internationale depuis qu'a été adopté à Rome, le statut de la CPI. Mais en Côte d'Ivoire, les avis des politiques sont partagés sur l'avenir de cette juridiction.

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Der internationale Strafgerichtshof in Den Haag
Image : picture-alliance/dpa/EPA/JUAN VRIJDAG

Les Ivoiriens partagés sur la justice internationale - MP3-Stereo

19 ans après l'adoption à Rome du statut de la Cour pénale internationale, le 17 juillet 1998, cette cour est souvent critiquée en Afrique comme étant un instrument néocolonial qui délivre une justice des vainqueurs. Pourtant, la CPI ne fait souvent que palier l'incapacité des Etats à juger eux-mêmes de graves crimes. 

Den Haag Elfenbeinküste Präsident Laurent Gbagbo vor Gericht Dezember 2011
Laurent Gbagbo à la HayeImage : dapd

La CPI diversement appréciée 

En Côte d'Ivoire, depuis l’incarcération à la Haye de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, les avis des politiques sont partagés sur le fonctionnement de cette juridiction, les acteurs qui l’animent et son avenir.

Danielle Boni Claverie, présidente de l'Union républicaine pour la démocratie, ne fait pas confiance à cette juridiction internationale : 

"Nous avons pu constater que cette cour, à nos yeux, cautionne la justice des vainqueurs et la justice aux ordres."

Brahima Soro, président de l’Union pour la Côte d’ivoire, soutient, lui, que la Côte d’Ivoire a besoin de tous ses enfants pour se reconcilier, c’est pour cela qu’il faut accélérer les audiences à la cour pénale afin que les procédures aillent jusqu’à leur terme: 

"Si aujourd'hui nous avons des Ivoiriens qui sont jugés par des juridictions dite internationales c'est parce qu'à un moment on a estimé que notre justice n'était pas apte pour conduire ces procédures jusqu'à leur terme. Nous devons faire en sorte d'éviter ce genre de situation et cela suppose que nous bâtissions un système judiciaire fort."
 

Niederlande Internationaler Gerichtshof (IGH) in Den Haag | Konflikt Ukraine - Russland
Les juges de la Haye dans le conflit qui oppose la Russie à l'UkraineImage : picture-alliance/AP Photo/P. Dejong

Le bilan, 19 ans après ? 

Yacouba Doumbia, avocat et par ailleurs président du mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH), reconnait que la CPI n’est pas une juridiction parfaite et propose que cette journée dédiée à la justice internationale soit l’occasion pour faire le bilan de cette cour internationale: 

"Une telle journée devrait permettre de faire un bilan des activités passées et de réfléchir sur les perspectives afin d'améliorer la justice internationale dans son ensemble."

Certains pays africains ayant ratifié le traité de Rome ont manifesté leur désir de quitter la cour pénale internationale parce que qualifiant cette juridiction d’instrument néocolonial.

Pour Danielle Boni Claverie, cette décision de l’Union africaine a fait bouger les lignes : "Nous avons la possibilité désormais la possibilité d'entendre parler de la libération de Laurent Gbagbo. C'était impensable il y a encore quelques mois" affirme-t-elle.

En revanche, Yacouba Doumbia estime que ces dirigeants africains ne proposent rien de concret pour les victimes : "Dénoncer est une chose, mais quand vous dénoncez un fait vous devez pouvoir proposer des solutions au problème posé." observe l'avocat.

La justice universelle risque bien de se heurter toujours aux intérêts et à la souveraineté jalousement défendue des nations. Pour les farouches adversaires de la CPI, cette juridiction est condamnée à rester entre les mains des seuls vainqueurs.