Les gros titres de la presse allemande
25 avril 2008L'imposante majorité avec laquelle le Bundestag a approuvé hier le traité de Lisbonne comme nouvelle base de l'Union Européenne, montre, de l'avis de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, à quel point le projet européen est solidement ancré dans la politique allemande, au-delà des divergences des partis. Cela ne doit toutefois pas masquer le fait que l'enthousiasme au sein de la population est bien moindre : l'intégration européenne est plus que jamais un projet des élites politiques et économiques.
Même constat pour la Süddeutsche Zeitung, pour qui « seuls les mécaniciens de l'UE comprennent ce traité, le citoyen, lui, est comme une poule devant un œuf carré ». Pour lui, ce texte équivaut au mode d'emploi d'un mixeur fabriqué à Hongkong. Il faut vraiment aimer de tout son cœur l'Europe pour éprouver quelque engouement. Peut-être est-ce le cas pour les élites de l'Union habitués aux textes bruxellois. L'affinité que ressentent ces élites dépasse complètement le citoyen lambda. Ce dernier veut une Europe qui atténue sa peur du chômage et de la concurrence des pays à bas salaires. Mais ce n'est pas la préoccupation première de ce nouveau traité.
La Tageszeitung commente pour sa part l'affaire des services secrets allemands qui ont espionné une journaliste du célèbre hebdomadaire, le Spiegel. Selon la TAZ, elle n'était probablement pas la seule. Et cela démontre à nouveau que le contrôle démocratique sur les services de renseignements est insuffisant. Même la réforme prévue avant cet été par l'instance de contrôle du parlement ne résoudra pas le problème.
Die Welt, enfin, se penche sur la crise alimentaire actuelle. L'énergie et la nourriture sont étroitement liés, explique le quotidien. Les aliments sont eux-mêmes une forme particulière d'énergie qu'utilisent les êtres vivants. Jusqu'ici les deux thèmes étaient la plupart du temps pris en considération de façon complètement distincte dans le débat public. Ce n'est que récemment que la controverse autour des biocarburants est venue rectifier un peu cela. Effectivement nous devons nous en rendre compte : le manque d'énergie engendre la famine.