Les experts prudents sur l’immunité des guéris du Covid-19
16 avril 2020
En Afrique, ce sont près de 3000 malades qui auraient déjà guéri, d’après le dernier décompte du mardi (14.04.20) du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies. 3000 guéris pour près de 1000 décès.
Selon les chiffres de l’Université Johns-Hopkins, plus de 525.000 personnes ont recouvré la santé sur un peu plus de deux millions de cas positifs.
Difficile de témoigner
Mais ceux qui sont encore en vie hésitent à témoigner. Certaines, dont des personnalités publiques, ne veulent plus revenir sur leur expérience, Ils évoquent leur vie privée. D'autres parlent mais anonymement.
D'autant que beaucoup se demandent s'ils sont vraiment immunisés ou s'ils peuvent retomber malades. Une Allemande guérie du virus au Bénin a déclaré, sous anonymat, à une radio privée locale que "en ce qui concerne ma santé du corps, ça va bien, ça s’améliore". Elle confie à Frissons radio qu’elle ne "sentait pas vraiment en danger".
Aboubacar Diallo, journaliste dans un média privé en Guinée, précise à la DW qu’il n’est "pas déclaré officiellement et totalement guéri du coronavirus". Il a pu regagner la maison pour poursuivre tout de même sa quatorzaine avant les deux tests qui l’attendent. M. Diallo est l’une des rares personnes qui a accepté de témoigner publiquement. Il assure qu'il "récupère progressivement".
Ne pas baisser la garde
Les experts sont toutefois prudents sur l’immunité des personnes guéries du Covid-19. Selon Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est difficile de tirer des conclusions claires sur l’immunité de ces personnes :
"On pourrait s'attendre à ce qu'une personne qui a généré une réponse immunitaire complète avec des anticorps détectables soit protégée pendant une certaine période de temps. Mais nous ne savons pas quelle est la durée de cette période. On s'attendrait à ce que ce soit une période de protection raisonnable, mais il est très difficile de faire une déclaration à ce sujet dans le cas d'un nouveau virus. Nous ne pouvons en fait tirer quelque chose que de l'expérience acquise avec d'autres virus à effet couronne, mais même cela est très limité jusqu'à présent."
Le cas sud-coréen
En Corée du Sud, des patients guéris du virus ont été testés positifs de nouveau, sans que l’on ne sache exactement pourquoi. Les virologues excluent tout de même une réinfection.
Le professeur François Balloux du University College de Londres a déclaré à l’AFP qu’"on peut certainement se faire réinfecter mais la question, c’est après combien de temps ?"
"La seule véritable solution est un vaccin", a affirmée à l’AFP Archie Clements, épidémiologiste à l’université australienne Curtin.
En attendant la découverte de ce vaccin, un professeur d’épidémiologie en Afrique indique à la DW que les personnes guéries doivent continuer comme les autres à appliquer les gestes barrières. Même s’il n’est pas encore totalement guéri, Aboubacar Diallo assure limiter les contacts avec son entourage :
"Je continue d’observer les gestes barrières, je continue de porter les masques chaque fois que je dois sortir au salon où souvent se trouvent les enfants, je limite les contacts…"