Les conservateurs allemands préparent l'après-Merkel // WikiLeaks, dix ans de galère pour Julian Assange | PROGRAMME | DW | 25.11.2020
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PROGRAMME

Les conservateurs allemands préparent l'après-Merkel // WikiLeaks, dix ans de galère pour Julian Assange

Au pouvoir depuis 15 ans, Angela Merkel a l'intention de prendre sa retraite à l’issue de son quatrième mandat, la lutte pour sa succession bat son plein. // Il y a dix ans, la publication de câbles diplomatiques par WikiLeaks créait le scandale. Depuis, son fondateur Julian Assange est poursuivi par les États-Unis.

Pour écouter l'émission, cliquez sur la photo ci-dessus!

Le 22 novembre, la chancelière allemande a passé le cap symbolique de 15 ans au pouvoir... À la fin de son quatrième et dernier mandat, en septembre 2021, elle aura égalé le record de longévité de 16 ans détenu jusqu’ici par Helmut Kohl à la tête de l’Allemagne. 

En 2019, des crises de tremblement répétées ont donné lieu à de nombreuses spéculations sur l'état de santé de la chancelière... et sa capacité à gouverner

En 2019, des crises de tremblement répétées ont donné lieu à de nombreuses spéculations sur l'état de santé de la chancelière... et sa capacité à gouverner

Mais qui pour prendre la suite d’Angela Merkel ? Car si l’an passé, la chancelière a donné des signes de faiblesses – on se rappelle les crises de tremblement répétées de l’été 2019 – depuis la pandémie de coronavirus, elle semble avoir repris du poil de la bête.  

Selon un récent sondage, Angela Merkel recueille même l’approbation de sept Allemands sur dix pour sa gestion de la crise sanitaire... ce qui est rare pour un dirigeant en fin de parcours. 

AKK ou la succession ratée

Pourquoi s’intéresser à la lutte de succession en cours au sein du parti chrétien-démocrate ? Parce que celui qui sera adoubé “Kanzlerkandidat  candidat à la chancellerie – par le parti conservateur a de bonnes chances de devenir le prochain chancelier à l’issue des législatives de 2021.  

Ce sont a priori troihommes qui tenteront leur chance au prochain congrès de la CDU... Angela Merkel avait bien tenté d’imposer une femme pour lui succéder, mais cela n’a pas fonctionné. 

Annegret Kramp-Karrenbauer, dite AKK, était la candidate favorite d'Angela Merkel

Annegret Kramp-Karrenbauer, dite "AKK", était la candidate favorite d'Angela Merkel

Ldécembre 2018, Annegret Kramp-Karrenbauer vient d’être élue de justesse à la présidencdu parti conservateur 

“On n’aurait pas pu faire de plus beau cadeau d’adieu à Angela Merkel”, commente une journaliste de la DW. “Avec Annegret Kramp-Karrenbauer, c’est la candidate favorite de la chancelière qui prend la tête de la CDU.”  

Traditionnellement, celui ou celle qui dirige le parti est automatiquement tête de liste pour les législatives. Mais un an plus tard, tout bascule.  

Les conservateurs ont essuyé des revers lors des élections régionales. En Thuringe, la CDU locale a envisagé une alliance avec l’extrême-droite, ce qui a provoqué une crise au sein du parti. Le 10 février 2020, Annegret Kramp-Karrenbauer jette l'éponge :  

Afin de renforcer la CDU et après mûre réflexion, j’ai informé aujourd’hui le bureau et le comité exécutif du parti de ma décision : je ne me présenterai pas comme candidate à la chancellerie, déclare la ministre de la Défense, tout en assurant vouloir conduire le processus de succession à son terme.

Friedrich Merz, aux antipodes de Merkel

Exit, donc, la candidate favorite d’Angela Merkel... Et désormais les successeurs potentiels sont au nombre de trois : Armin Laschetprésident de l’État régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Röttgen, ex-ministre de l’Environnement et actuel président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, et Friedrich Merz, avocat d'affaire et ancien député. C’est lui qui avait failli s’imposer face à Annegret Kramp-Karrenbauer lors du congrès de 2018.  

De gauche à droite: Norbert Röttgen, Friedrich Merz et Armin Laschet

De gauche à droite: Norbert Röttgen, Friedrich Merz et Armin Laschet

Angela Merkel ne le porte pas dans son cœur, comme l’explique Stefan Seidendorfdirecteur adjoint de l’Institut franco-allemand. 

“Je pense que ce qui serait un échec pour elle, ce serait que son successeur soit Friedrich Merz, qu'elle avait évincé de la tête du groupe de CDU au Parlement avant de devenir chancelière. Ce serait vraiment un revenant et c'est un personnage qui avait payé très cher son opposition à Angela Merkel. Donc, là peut-être, elle pourrait avouer, au moins en interne, que ce n'était pas son candidat préféré. Pour les deux autres, je ne crois pas que ça lui posera problème. 

Sur le plan politique, Friedrich Merz est aux antipodes de la ligne d’Angela Merkel : de tendance ultra-libérale, il avait fait campagne en 2018 contre la sortie du nucléaire et l’accueil des réfugiés.  

Depuis quelques mois, il s’illustre par des sorties populistes, ses détracteurs le comparent à Donald Trump 

Le 27 octobre 2020, la direction de la CDU annonce que le congrès du parti qui devait avoir lieu le 4 décembre est reporté au 16 janvier en raison de la pandémie. Friedrich Merz dénonce un complot visant à empêcher sa candidature. 

Un de ses derniers tweets est une attaque en règle de la politique sanitaire du gouvernement : “L’État n’a pas à dire comment je dois célébrer Noël avec ma famille” écrit Friedrich Merz en réaction à un appel de la chancelière à passer les fêtes en petit comité pour éviter de propager le coronavirus.

Cette ligne semble profiter au candidat qui peut compter sur le soutien des jeunes conservateurs. Ils représentent 10% des délégués du parti. 

Le binôme Laschet-Spahn peut réserver des surprises

En face de Friedrich MerzNorbert Röttgen marque des points par son expérience de ministre. Son programme est clair, orienté sur la politique extérieure. Mais jusqu’ici il n’a pas de majorité claire derrière lui.  

Lcandidat le plus proche d’Angela Merkel est sans doute Armin Laschet, confirme le politologue Karl-Rudolf Korte, de l’université Duisbourg Essen. 

"Celui qui représente sans doute le plus la continuité de la chancelière, dans sa manière de modérer, d’intégrer les différences et de suivre une ligne centriste progressiste sur le plan socio-politique, c’est certainement Armin LaschetLe plus éloigné de la ligne politique de Merkel, de par son style de communication, mais aussi du point de vue du contenu, c’est Friedrich Merz. Du coup, les délégués vont avoir une décision quasiment bipolaire à prendre sur l'orientation future de la CDU. 

Le binôme Jens Spahn (à gauche) - Armin Laschet (à droite) peut réserver des surprises

Le binôme Jens Spahn (à gauche) - Armin Laschet (à droite) peut réserver des surprises

Armin Laschet présente sa candidature en binôme avec Jens Spahn, actuel ministre de la Santé. Ce dernier avait lui aussi brigué la présidence de la CDU en 2018, mais il renoncé pour s’allier au dirigeant rhénan. Karl-Rudolf Korte n’exclut toutefois pas une surprise d’ici le congrès de la CDU : 

Il faut se demander à quel point des changements peuvent encore arriver d’ici janvier. Si aucune majorité ne se dessine parmi les délégués pour Laschet, voire s'il perd considérablement des voix, il est possible qu’il y ait une redéfinition des rôles au sein du binôme Laschet-Spahn. Finalement, c’est le virus qui va déterminer qui sera le président du parti et aussi sans doute le chancelier. Il est donc justifié de spéculer sur une candidature de Jens Spahn.” 

Le flou est encore total sur celui qui remportera la mise en janvier. D’autant qu’il y a encore un autre conservateur potentiellement en embuscade pour la course à la chancellerie : le ministre-président de Bavière, Markus Söder 

La dernière fois que la CSU bavaroise a impo son candidat au camp conservateurc’était en 2002. Edmund Stoiber avait été battu par Gerhard Schröder... Trois ans plus tard, celui-ci cédait la place à Angela Merkel. 

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WikiLeaks, dix ans de rebondissements politico-judiciaires 

Le journalisme n'est pas un crime - un des arguments mis en avant pour protester contre l'extradition de Julian Assange

Le journalisme n'est pas un crime - un des arguments mis en avant pour protester contre l'extradition de Julian Assange

En 2010, le site lanceur d’alerte WikiLeaks s’attirait les foudres de Washington en publiant des documents confidentiels de la diplomatie américaine, et notamment des câbles diplomatiques à partir du 28 novembre 2010.  

Depuis, les ennuis se sont enchaînés pour Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. La dernière phase de son procès s’est terminée début octobre en Angleterre. Ce procès était réclamé par les États-Unis pour des accusations d’espionnage, et pourrait conduire à l'extradition vers ce pays du citoyen australien. La justice britannique se prononcera en janvier sur cette éventuelle extradition.  

En jeu : la légalité des activités des agences d'informations, des lanceurs d'alertes mais aussi des journalistes en général, pour qui leurs informations sont devenues indispensables. 

Retour sur plus de dix ans de bras de fer diplomatique et judiciaire. 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30 TU, et disponible aussi en podcast. Ont contribué à ce numéro: Johannes Senk (interviews de Stefan Seidendorf et Karl-Rudolf Korte) et Melissa Chemam (enquête sur WikiLeaks).

Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.