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Les chefferies traditionnelles du Niger

20 août 2010

Au Niger, la chefferie traditionnelle est encore trés développée. Si cette institution traditonnelle a perdu l'influence qu'elle avait avant la colonisation, elle demeure une force coutumière incontournable.

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L'élevage dans la région très aride de MaradiImage : AP

Nous sommes aujourd'hui vendredi. C'est un jour particulier à la cour du chef de province de Katsina Maradi. De 9h30 à 10h30, Ali Zaki reçoit les membres de son administration. Le chef entre en premier dans le palais, par la porte de derrière, escorté par sa garde. Ensuite, à tour de rôle et selon l'ordre d'importance, chacun vient le saluer, en s'agenouillant au sol, sous les louanges des griots.

Un ordre bien établi autour du chef de province

Un a un, tous les membres de la cour prennent place autour du chef de province, selon un ordre bien établi. À sa droite, sont assis les dignitaires et les princes héritiers. À sa gauche, on retrouve les guerriers. Au centre, se trouvent les imams, kadis, et oulémas. C'est le tour ensuite de la garde royale.

Karte Niger mit Hauptstadt Niamey DEUTSCH
Maradi est situé à l'Est de NiameyImage : DW

La garde royale est le corps le plus visible de la cour du chef. Les gardes sont reconnaissables par leurs boubous rouge-blanc-bleu. Ibrahim est chef de la garde du chef de province de Katsina-Maradi, depuis vingt ans déjà. Il est nostalgique de la belle époque.

"Avant, dès que le chef m'ordonnait de faire faire aux gardes une chose, je leur disais: allez dans tel quartier, ramenez-moi untel, le chef veut le voir. Le convoqué n'osait pas entrer à la cour avant le garde. Mais maintenant, c'est la modernité. Le chef t'envoie juste pour remettre la convocation. Les temps ont changé"

Un pouvoir réduit après 1991

Si l'arrivée du colon a diminué le pouvoir presque absolu des rois, c'est la démocratisation du pays en 1991, qui a réduit l'influence des chefs traditionnels dans les palais. Néanmoins, ils sont aujourd'hui encore des acteurs sociaux incontournables. Ils collaborent au recouvrement des taxes et impôts, et règlent, selon la coutume, les conflits de terres. Les chefs traditionnels légifèrent aussi en matière coutumière, civile et commerciale. Des compétences régies par le statut de la chefferie traditionnelle. L'honorable chef de province de Katsina Maradi, Ali Zaki :

"Les chefs traditionnels sont magistrats de l'ordre administratif. Ils ne font que la conciliation. Nous dressons des procès-verbaux, la conciliation, avec PV à la clef de deux antagonistes, est inattaquable."

A 10h30mn, le 23ème chef de province de Katsina-Maradi regagne ses quartiers. Demain, est un jour ordinaire. Il restera au palais toute la journée. Il recevra des visites de courtoisie et des plaignants et accusés, pour d'éventuelles réconciliations. Ali Zaki perpétue ainsi l'héritage de ses ancêtres. Ils ont fondé le royaume de Katsina, l'un des sept Etats Hausa, il y a plus de 1300 ans, dans l'actuel État de Katsina, au Nigéria.

Auteur : Ali Abdou
Edition : Carine Debrabandère