Les agriculteurs protestent contre la réforme agraire // Le Black History Month s'achève en Angleterre | PROGRAMME | DW | 30.10.2019
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PROGRAMME

Les agriculteurs protestent contre la réforme agraire // Le Black History Month s'achève en Angleterre

Des manifestations géantes de tracteurs dans les villes... En Allemagne, les agriculteurs protestent contre une réforme du gouvernement qui vise à protéger la biodiversité! // Dans la deuxième partie de ce magazine, retour sur le "Black History Month" qui s'achève en Angleterre. Un mois qui vise à briser les stéréotypes sur les noirs.

Une file interminable de tracteurs défile dans les rues de Bonn ce 22 octobre, bloquant les principaux axes de l'ancienne capitale fédérale. Des engins qu'on rencontre habituellement sur les routes de campagne et non en centre-ville.

Mais aujourd'hui, ils sont venus en masse manifester leur mécontentement, à Bonn où se trouve le ministère de l'Agriculture, mais aussi dans d'autres villes comme Munich, Hannovre ou Berlin.

Protéger la biodiversité

Pas de fermiers, pas de nourriture, pas d'avenir

Pas de fermiers, pas de nourriture, pas d'avenir

Avec des slogans comme "Farmers for future" ou encore "Qui nourrira l'Allemagne quand nous en aurons assez?", les agriculteurs allemands protestent contre la réforme agraire proposée par la ministre Julia Klöckner. Une réforme à travers laquelle l'Allemagne veut honorer ses engagements écologiques. 

Le gouvernement allemand a ainsi validé en septembre l'interdiction de l'herbicide glyphosate d'ici la fin 2023. L'objectif est de protéger les insectes - dont les études indiquent que le nombre a considérablement diminué au cours des dernières décennies. La réforme prévoit aussi la mise en place d’un label "bien-être animal".

D'autres restrictions, sur le lisier et les engrais, visent à limiter les fuites de nitrates vers les nappes phréatiques. La Commission européenne a en effet menacé l'Allemagne de poursuites judiciaires, y compris d'amendes massives, pour ne pas avoir traité le problème de manière adéquate.

Une réforme "imposée"

Dans l'Est de l'Allemagne, les immenses exploitations héritées de la RDA, dans le Nord-Ouest, l'élevage massif, principalement porcin

Dans l'Est de l'Allemagne, les immenses exploitations héritées de la RDA, dans le Nord-Ouest, l'élevage massif, principalement porcin

Mais la réforme suscite l'incompréhension des agriculteurs comme Bernard Kalies, qui participe à la manifestation de Berlin. Il est producteur de fruits et légumes à la frontière polonaise, dans une région qui compte d'immenses exploitations pratiquant une agriculture intensive. 

"Nous sommes ici aujourd’hui à cause du projet de réforme prévu par la ministre de l’Agriculture et le gouvernement parce que nous le rejetons. Ce que ce plan prévoit, pour protéger les insectes par exemple… On n’aura plus le droit d’utiliser des herbicides, ni des insecticides, au nom de la protection de la biodiversité. Pour nous, cela veut dire qu’on ne pourra plus cultiver notre terre…"

Tom Hallstein, un autre fermier âgé seulement de 19 ans, pose à côté d'une potence à laquelle est pendu un épouvantail affublé d'une combinaison de paysan. Le message est sans équivoque: les agriculteurs craignent de voir disparaître leur raison de vivre.

"Nous sommes venus à Berlin pour montrer que nous aussi on peut agir, et pas seulement les autres. Là haut, dans la politique, ils ne connaissent rien de ce qui se passe dans nos fermes et ils veulent nous imposer leur réforme. Nous voulons être consultés, nous voulons donner notre opinion et c’est ce qu’on fait aujourd’hui…"

La filière lait craint pour son avenir

Les producteurs laitiers se sentent menacés par la concurrence néo-zélandaise

Les producteurs laitiers se sentent menacés par la concurrence néo-zélandaise

Avec son mari et son fils, Renate Berg a parcouru 55 kilomètres en tracteur pour rejoindre la manifestation à Bonn. Pendant des années, son mari était producteur laitier et propriétaire d'une centaine de vaches. Il a tourné la page et gagne maintenant sa vie en élevant de jeunes animaux. 

"Nous avons arrêté les vaches il y a deux ans parce que ça ne valait simplement plus la peine. Parce qu’on s’est dit que traire les vaches, ce n’est pas intéressant si les coûts ne sont plus couverts, alors on a dû changer d’orientation."

Le nombre d'exploitations agricoles a diminué de plus de 16% entre 2007 et 2017 en Allemagne. Le pays en compte aujourd'hui moins de 270.000, selon l'Association des Agriculteurs allemands. C'est une tendance générale en Europe occidentale.

Renate Berg le confirme. Dans sa région de Zülpich, dans l'ouest de l'Allemagne, une ferme sur quatre seulement compte encore des vaches laitières. La faute à la concurrence issue de pays où les normes et les coûts de production sont moins élevés.

"Le lait qui vient de Nouvelle-Zélande est produit tout à fait différemment. Ils ont les moyens de produire à moindre coût. Ils n’ont pas besoin d’étables chères comme les nôtres. Ils ont des unités mobiles et peuvent produire du lait pour trois fois rien. Et ensuite il est apporté en Europe, en Allemagne, et on ne peut pas faire face. Mais les supermarchés achètent évidemment le lait le moins cher."

L'Union européenne négocie actuellement un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande qui est l'un des plus grands producteurs de lait au monde. Les producteurs allemands y voient une menace directe pour l'avenir de leur filière.

Les discounters dans le viseur

Anna Müller a participé à la contestation à Bonn

Anna Müller a participé à la contestation à Bonn

Mais les agriculteurs critiquent aussi la pression des distributeurs, et particulièrement des discounters qui les forcent à vendre leurs produits au rabais. Anna Müller, "Reine de la Pomme de terre" de la région Rhénanie :

"On remarque que les commerçants en alimentation se livrent à une guerre des prix. Ce sont les agriculteurs qui souffrent le plus de cette guerre parce que c’est nous qui touchons le moins dans cette chaîne de valeur."

La jeune femme de 21 ans, originaire de Titz, à 80km de Bonn, a l'intention de reprendre la ferme familiale avec sa soeur jumelle. Et pourtant, elle fait aussi partie des clients de supermarchés discount... Comment explique-t-elle ce paradoxe ?

"Tout simplement parce que c’est confortable. Les gens ne réfléchissent pas. Ils vont dans un magasin et achètent sans trop réfléchir. C’est ce qu’on fait tous mais le roi dans cette ’histoire, c’est le discounter."

Du côté du gouvernement, la stratégie est inscrite dans le contrat de coalition. L'objectif est de développer l'agriculture biologique d'ici à 2030 pour consacrer 20% de la surface agricole à l'agriculture biologique. Plus de 10% des exploitations sont déjà passées au bio. Les représentants de cette branche n'étaient pas présents aux manifestations de tracteurs le 22 octobre.

Les sons de la manifestation de Bonn ont été recueillis par Nancy Isenson.

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Le Black Histoy Month, un mois pour briser les stéréotypes sur les noirs

La diversité doit être visible ailleurs que dans le football, explique le Dr Emmanuel Adukwu dans le reportage de Melissa Chemam

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Le Royaume-Uni a célébré tout le mois d'octobre le "Black History Month". Comme aux États-Unis, il propose depuis 1987 toute une série d’événements, de performances et de rencontres, pour mettre en lumière l’histoire des Africains et des Caribéens dans le pays.

Une histoire qui remonte à bien avant le Moyen Âge et qui reste souvent méconnue... Mélissa Chemam a suivi quelques un de ces événements en Angleterre.

Retrouvez tous les numéros de ce magazine dans la médiathèque.
 

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