Les affrontements perdurent en Libye
6 mars 2011Difficile de se faire une idée exacte de la situation en Libye, où les deux camps donnent des informations contradictoires sur leur avancées respectives. Les insurgés détiennent plusieurs villes, notamment dans l'est du pays. Des localités contre lesquelles les forces fidèles à Moummar Kadhafi ont lancé des contre-attaques. Alors que les insurgés affirment gagner du terrain et progresser vers la capitale, Tripoli, le gouvernement a annoncé avoir repris le contrôle de plusieurs villes aux mains des rebelles.
Quelle que soit réellement la situation sur le terrain, les autorités libyennes font en tout cas preuve de triomphalisme. Dimanche la télévision nationale a annoncé la suppression des droits de douanes à l'importation de produits de première nécessité et la suppression des taxes à la consommation et à la production. Une mesure prise par le gouvernement « à l'occasion des grandes victoires libyennes sur les bandes terroristes » selon la télévision.
De leur côté, les insurgés se disent prêts à une longue lutte pour faire chuter le dirigeant libyen. Saad al Ferdjani, un responsable du Conseil national libyen formé à Benghazi par les rebelles, a fait savoir à la chaîne de télévision Al Arabia que les opposants dans l'Est de la Libye disposaient de réserves de nourriture, de médicaments et de carburant suffisantes pour trois ou quatre mois.
Westerwelle exige de nouvelles sanctions
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a fait part de sa « grande inquiétude » face à la situation en Libye. Le chef du parti libéral a réclamé de nouvelles sanctions plus ciblées contre le régime de Mouammar Kadhafi, ainsi qu'une réunion du conseil de sécurité des Nations Unies. « Les sanctions prises jusqu'à présent sont insuffisantes », a-t-il déclaré au journal « Welt am Sonntag ».
La marine allemande a commencé l'évacuation de réfugiés égyptiens qui ont fui la Libye pour la Tunisie. Dans la nuit de samedi à dimanche, deux frégates et un navire de ravitaillement allemands ont quitté le port de Gabes en Tunisie, en direction de la ville d'Alexandrie en Egypte, avec à leur bord environ 400 travailleurs égyptiens.
Le HCR s'inquiète pour les travailleurs africains
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), craint de son côté que de nombreux étrangers qui cherchent à fuir les violences en Libye soient à présent empêchés de gagner la frontière tunisienne. Le flux de réfugiés arrivant en Tunisie a en effet brusquement diminué à la fin de la semaine, signale Antonio Guterres, chef du HCR :
« Alors qu'il était complètement désorganisé il y a quelques jours, le côté libyen de la frontière est devenu très organisé avec une présence massive de la police et de l'armée. Nous ne savons pas exactement ce qui se passe en Libye, si les on empêche les réfugiés de traverser la frontière ou si on les retient quelque part. »
Antonio Guterres a déclaré s'inquiéter particulièrement pour les travailleurs africains encore dans le pays. Selon lui, la population libyenne fait preuve de méfiance face aux personnes d'origine subsaharienne, car le colonel Mouammar Kadhafi fait appel à des mercenaires africains. Le HCR signale avoir reçu des appels de personnes désespérées qui n'osent plus sortir de chez elles. L'organe onusien estime que des milliers de vies sont en danger.
Dans les pays voisins, tel que le Tchad, où le Guide de la révolution libyenne a fortement investi, on reste vigilant. Les points de vue sur le dictateur divergent. Comment les Tchadiens suivent-ils la situation? Ecoutez ci-dessous le reportage à N'Djamena de notre correspondant Louis Deubalbet.
Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Moulay Abdel Aziz