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L'engagement militaire du Tchad critiqué

Blaise Dariustone
26 novembre 2019

Une partie de la population tchadienne s'interroge sur le coût humain et financier de l'engagement militaire tchadien dans le Sahel.

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Tschadische Soldaten bei Rückkehr aus Mali 13.05.2013 mit Präsident Idriss Deby Itno
Image : STR/AFP/Getty Images

C’est pour espérer reprendre la main sur la zone dite des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger) où les groupes djihadistes pullulent, que Paris a sollicité une nouvelle fois l’aide de l’armée tchadienne. Le président tchadien, Idriss Déby Itno a donné son accord pour mettre le paquet sur le fuseau centre, accompagné des militaires de l’opération Barkhane.

Pour le moment, le Tchad a déployé 1.450 soldats au Mali sous le pavillon de la Mission de l’ONU (Minusma), 5.000 autres soldats font partie de la Force conjointe du G5 Sahel, active sur la frontière nigéro-tchadienne.

Solidarité

Cette décision du chef de l’État tchadien est saluée par la majorité au pouvoir. Selon Abderamane Djasnabaye, le coordonnateur des partis alliés à la majorité présidentielle "le Président Déby a pris une bonne décision. C’est un panafricaniste confirmé".

Le président Idriss Déby Itno est un allié de la France et de l'Europe dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel
Le président Idriss Déby Itno est un allié de la France et de l'Europe dans la lutte contre le terrorisme dans le SahelImage : Getty Images/AFP/L. Marin

C’est pourquoi, "nous devons réagir en solidarité et faire en sorte que ce fléau qui gangrène l’Afrique (l'extrémisme islamiste) soit combattu et complètement éliminé sur le terrain", poursuit-il.

"Nous ne pouvons pas développer l’Afrique avec des problèmes d’insécurité. Ensemble, nous allons faire en sorte que cette question soit enrayée dans notre zone pour nous permettre de nous développer et vivre en paix.", conclut Abderamane Djasnabaye.

Sacrifices inutiles

Un blindé de l'armée tchadienne  de retour à N'Djaména après une première intervention au Mali en 2013
Un blindé de l'armée tchadienne de retour à N'Djaména après une première intervention au Mali en 2013Image : STR/AFP/Getty Images

Cependant, une partie de la population n’approuve pas l’engagement des militaires tchadiens sur des théâtres d’opération à l’étranger. "On a perdu beaucoup de nos jeunes, de nos enfants pour des choses inutiles. L’armée est faite pour la défense de la patrie. Même si c’est une mission onusienne, il faut des garanties pour qu’en cas de décès, les enfants de la victime soient dédommagés. Chaque jour, les radios annoncent qu'un tel a été tué, qu'un tel autre a été égorgé mais on est incapable d’assurer la sécurité chez nous. Est-ce que la sécurité des autres vaut plus que la sécurité des Tchadiens ?", s’interroge Rassou Gagué qui a perdu deux de ses frères, des militaires tués en opérations contre les djihadistes au Mali.

Fonds de commerce

Succès Masra, leader du parti  "Les Transformateurs", un parti d’opposition, soupçonne le président Deby de faire de la lutte contre le terrorisme un moyen pour s’éterniser au pouvoir.

"Que notre pays contribue à la lutte contre le terrorisme en soit n’est pas une mauvaise chose, mais ça ne doit pas se faire en sacrifiant nos enfants qui sont pour certains très jeunes", insiste-t-il.

 "Ce serait indécent de se faire une renommée politique sur la mort de ces enfants. Utiliser la question sécuritaire comme un argument pour rester éternellement au pouvoir c’est non seulement indécent mais c’est un piège dans lequel il est en train de plonger notre pays", soutient le jeune opposant.

Dr Succès Masra, le président du parti "Les Transformateurs"
Dr Succès Masra, le président du parti "Les Transformateurs"Image : DW/B. Dariustone

Le Tchad est engagé dans la lutte contre le terrorisme en Afrique depuis 2013. Un engagement militaire qui aurait coûté au trésor public tchadien plus 300 milliards de francs CFA.