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Le vent se lève en Tunisie

Konstanze von Kotze
12 janvier 2018

Sept ans après la chute du régime de Ben Ali, la mobilisation sociale des Tunisiens est particulièrement explosive. Dans la presse allemande cette semaine, il est également question de la situation inquiétante du Mali.

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Tunesien Proteste
Image : Getty Images/AFP/S. Hamdaoui

Si l'on demande où en est la Tunisie, sept ans après la chute du régime Ben Ali, on obtient des réponses des plus variées, note le commentateur de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Certains louent les progrès du pays sur la voie de la démocratie. D'autres descendent à nouveau dans la rue pour exprimer leur colère.

Cette semaine, cette colère a de nouveau dégénéré : pillages et affrontements avec la police ont eu lieu dans tout le pays. En cause, explique le quotidien : la hausse des prix et des impôts, entrée en vigueur début janvier alors que les autorités promettent depuis des années que les choses vont aller en s'améliorant. Mais pour de nombreux Tunisiens, en particulier les jeunes, la situation ne fait, au contraire, que s'empirer depuis la fin de la dictature.

Pendant ce temps là, à Bamako ...

Mali Bamako - Brückenbau
Trois ponts traversent Bamako mais ils ne suffisent pas à absorber les bouchonsImage : picture-alliance/Photoshot

Si vous avez déjà eu l'occasion de circuler à Bamako, vous vous êtes sans-doute retrouvé coincé dans les bouchons, comme la journaliste de die Tageszeitung.

En 2011, un troisième pont a été inauguré dans la capitale malienne pour tenter de désengorger le trafic mais rien n'y fait : la circulation, la poussière et la saleté sont devenus insoutenables aux heures de pointe.

Bamako continue pourtant de s'étendre, poursuit le journal. Non seulement parce que la population augmente de 3% par an. Mais aussi parce qu'en raison de la crise dans le nord et le centre du pays, les Maliens qui affluent vers ce qui reste une région sûre, sont toujours plus nombreux.

Insécurité et terrorisme restent d'actualité alors que le Mali est le théâtre de la plus importante mission de la Bundeswehr et que l'Union européenne emploie énormément d'énergie pour former les soldats locaux.

Ausbilder der Bundewehr in Mali
Début 2017, l'armée allemande a renforcé sa présence au Mali, avec l'arrivée de huit hélicoptères et de plusieurs centaines d'hommesImage : picture-alliance/dpa/Gambarini

Comment expliquer par ailleurs que la pauvreté et le chômage augmentent malgré les fonds gigantesques débloqués par la communauté internationale,? Il faut dire que jusqu'ici, la plupart des Maliens n'en voient pas la couleur. De là, à penser que les Européens, encore une fois, blablatent mais ne s'intéressent pas réellement à leur sort, il n'y a qu'un pas.

Alors, selon die Tageszeitung, l'UE aura beau former et encore former, tant que l'armée malienne manquera de matériel et d'argent, tant que ses soldats commettront des violations des droits de l'homme, le pays ne viendra jamais à bout des terroristes. Les fonds internationaux et les missions militaires peuvent accompagner les changements. Mais ces derniers ne peuvent venir que de l'intérieur, conclut le journal.

2018, année de tous les dangers 

Notamment pour la République démocratique du Congo estime le journal Neues Deutschland. La pression internationale exercée sur le président Joseph Kabila pour qu'il quitte le pouvoir devrait être ici décisive. Or, du côté des Etats-Unis, il ne faut pas s'attendre à grand chose.

Quant à la politique africaine de l'Europe, elle se résume aux efforts déployés pour stopper l'arrivée de nouveaux réfugiés. Nulle trace, en revanche, d'une politique de développement cohérente, regrette le journal qui cite également les crises au Soudan du Sud, au Nigeria, en RCA ou encore au Cameroun.

Dirk Messner, Leiter des Deutschen Instituts für Entwicklungspolitik
Dirk Messner, directeur de l'Institut allemand pour la politique de développement (DIE)Image : DIE

Être lucide en matière de développement

La Süddeutsche Zeitung donne cette semaine la parole à Dirk Messner, directeur de l'Institut pour la politique de développement, basé à Bonn. Que penser de la politique européenne en Afrique qui consiste à ne jurer actuellement que par les investissements ? Dirk Messner n'a rien contre, dit-il. Mais une fois de plus, il s'agit d'une nouvelle mode, affirme-t-il.

Dans les années 80, il fallait libéraliser les économies africaines et c'est le secteur social qui avait été délaissé. Quinze ans plus tard, on ne parlait plus que des objectifs du millénaire et c'est le développement des économies qui en a pâtit. Et voici donc venu le temps des investissements.

Pourquoi pas, dit Dirk Messner. Mais ils ne porteront leurs fruits que s'ils sont combinés de manière intelligente et pragmatique avec des progrès dans d'autres domaines essentiels au bon fonctionnement d'une société comme la santé.

Dommage, ajoute le directeur de l'Institut que les dirigeants des pays occidentaux aient encore l'impression que pour convaincre leurs citoyens d'adhérer à leur politique de développement, il faut des solutions simples pour des problèmes compliqués. Cela ne marche pas ! Ne pas vouloir régler tous les problèmes et surtout inclure les acteurs locaux dans les processus de décision, voilà ce vers quoi il faut aller, dit l'expert interrogé par la Süddeutsche.

Le site de l'Institut allemand pour la politique de développement

Südafrika ANC Parteitag Ramaphosa
L'ANC a préféré Cyril Ramaphosa à sa rivale, Nkosazana Dlamini-ZumaImage : Getty Images/AFP/G. Khan

Cyril Ramaphosa, la bouée de l'ANC 

En choisissant, fin décembre, Cyril Ramaphosa plutôt que l'ex-épouse du président Jacob Zuma, les délégués du Congrès national africain ont rendu un grand service à leur pays et au reste du monde, écrit der Freitag. Avec cet entrepreneur et avocat de 65 ans, l'Afrique du Sud se donne la chance de reconquérir l'autorité morale qui fut la sienne, il y a environ 25 ans, lorsque le pays sortait de l'Apartheid et était dirigé par Nelson Mandela.

Même si Ramaphosa n'est ni un philosophe, ni un mentor spirituel, il permet au parti au pouvoir d'être tout d'un coup beaucoup mieux positionné pour les élections de 2019 que l'on aurait d'abord pu le croire. Son objectif, conclut le quotidien, doit être double : limiter la casse du côté de la perte de voix. Et ne pas se retrouver forcer de devoir pactiser avec l'Alliance démocratique, principal parti de l'opposition sud-africaine qui tient déjà les trois plus importantes villes du pays.