Le Traité de Lisbonne est-il anticonstitutionnel?
11 février 2009
L'Allemagne veut-t-elle continuer à marcher en tête de l'Union européenne ou préfère-t-elle, après 50 ans d'intégration, revenir vers un Etat national, s'interroge le Handelsblatt, alors que la Cour constitutionnelle allemande examine en ce moment la conformité du Traité de Lisbonne avec la Loi fondamentale du pays. Les juges ne peuvent pas se permettent de se réfugier dans une tour d'ivoire juridique, estime le quotidien. Ils doivent mesurer les conséquences politiques de leur décision. Si la plus haute Cour allemande décidait vraiment d'opposer un véto au traité qui doit réformer les institutions européennes, elle signerait l'arrêt de mort de ce dernier.
La Süddeutsche Zeitung se demande comment l'Union européenne peut arriver à dessiner son avenir sur la base d'un traité aussi illisible. Les juges de Karlsruhe auraient souhaité que le texte soit plus compréhensible. Mais si le traité échoue, ce ne sera pas à cause de cela. Les juges pointeront d'abord et avant tout le fait que l'accroissement des compétences de l'Union ne rime pas avec un accroissement de la démocratie. C'est de carence démocratique dont souffre l'Europe, conclut le journal.
Pour Die Tageszeitung, l'histoire de l'intégration européenne est en effet l'histoire de la régression de la démocratie. Si les juges allemands décident de faire échouer le traité de Lisbonne, des pays comme la République tchèque et la Pologne, pour qui l'intégration va beaucoup trop vite, pourront respirer un coup. Mais de nombreux gouvernements européens savent bien qu'en temps de crise climatique, financière et énergétique, ils ne peuvent se permettre d'avoir une Union européenne qui réagit lentement et mollement. La question d'une refonte de l'Europe se posera donc tôt ou tard. Il faut alors espérer que les 27 iront dans la bonne direction dès le début et qu'ils créeront des structures démocratiques auxquelles la Cour constitutionnelle allemande ne trouvera rien à redire.
Alors que Die Welt mettait sous presse, les résultats définitifs des élections législatives en Israël n'étaient pas encore connus mais le quotidien note que quels qu'ils soient, il faut que le territoire historique offre une place aux Israéliens et aux Palestiniens pour que ces deux peuples puissent vivre, l'un à côté de l'autre, en paix. Si cela a pour le moment échoué c'est surtout à cause des radicaux palestiniens, mais les majorités dans les deux camps souhaitent avant tout la paix. C'est pourquoi, selon le journal, il faut absolument que les politiques américaine et européenne au Proche-Orient continuent de faire pression sur tous les partis en présence pour cette solution à deux Etats. Toute autre alternative présenterait un énorme danger.